Des lits de fortune, un bâtiment insalubre, des toilettes répugnantes en l’absence de nettoyage, un risque électrique… La préfecture de la Marne s’appuie sur le rapport de l’inspection du travail pour justifier la fermeture d’hébergements collectifs de vendangeurs à Nesle-le-Repons.
Lors du contrôle réalisé le 14 septembre, une soixantaine de couchages ont été découverts dans ces hébergements, occupés en grande majorité par des travailleurs venant d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal). L’inspection a aussi révélé qu’ils n’avaient pas de contrat de travail.
Si le nom du prestataire qui a logé ces saisonniers est connu, celui de la maison de Champagne qui les employaient ne l’est pas. Les ouvriers ignoraient le nom de leur patron. Une enquête a été ouverte pour traite d’êtres humains. La préfecture a aussi enjoint à la propriétaire, également employeur des travailleurs, de prendre à sa charge le relogement des salariés présents sur les sites concernés.
José Blanco, secrétaire général de l’intersyndicat CGT du champagne, a fustigé auprès de l’AFP « l’omerta » qui règne « dans le monde du champagne ». Les « gens sont exploités » mais « tout le monde ferme les yeux parce que c’est le raisin le plus cher du monde », a-t-il regretté. « Sur l’étiquette, dans la composition du champagne, il va falloir mettre le pourcentage de misère humaine », a raillé le syndicaliste.
Dans le même département de la Marne, ce sont les conditions de travail des vendangeurs qui ont suscité l’émoi il y a quelques jours. La préfecture a confirmé la mort d’au moins trois d’entre eux dans les vignes, durant l’épisode des fortes chaleurs du début du mois. Là aussi, une enquête est en cours.
Dans les années passées, il y a déjà eu des affaires d’esclavage moderne dans le vignoble champenois, parfois sanctionnées par de la prison comme en 2020.