La dirigeante allemande obtient donc nettement la majorité absolue. Lors du Covid-19, U. von der Leyen a mis en œuvre un plan de relance financé par un endettement commun. Elle est depuis 2022 une inconditionnelle de l’Ukraine et de Volodymyr Zelensky. Son « green deal » visant à décarboner l’industrie et les transports est dénoncé pour avoir alourdi de règles le secteur agricole. Il faut « une Europe forte » dans une « période de grande anxiété et d’incertitude », a déclaré dans son discours, avant de s’en prendre au Premier ministre hongrois sans avoir le courage de le nommer, jugeant que celui-ci « jouait le jeu » de Vladimir Poutine. Elle a par ailleurs plaidé pour une meilleure « compétitivité européenne » et promis un renforcement des investissements dans les industries critiques.
Dans la foulée des élections européennes du 9 juin, le Parti populaire européen (PPE, centre droit) dont elle est issue est resté le premier groupe du Parlement, obtenant 188 députés. Les sociaux-démocrates, 136 eurodéputés, et les libéraux, qui en comptent 77, arrivent ensuite. C’est en s’adressant aux écologistes (53 élus) qu’U. von der Leyen a assuré sa réélection, promettant une « adaptation climatique » et un « pacte pour l’Océan ».
Elle a aussi promis de renforcer les frontières européennes et Frontex, l’agence chargée des frontières de l’UE, afin de satisfaire la droite du PPE. Elle a été, dans la matinée, violemment prise à partie par l’élue polonaise Ewa Zajaczkowska (groupe L’Europe des nations souveraines, droite), qui a fustigé sa politique écologique et son laissez-faire migratoire. « Vous devriez être en prison ! », lui a-t-elle lancé.
Agée de 65 ans, mère de sept enfants, U. von der Leyen a été un temps considérée comme la dauphine d’Angela Merkel en Allemagne. Avant qu’elle ne s’impose à la tête de l’UE, et sa politique avec elle.
A rappeler que la Commission s’est fait taper sur les doigts par la justice européenne pour son manque de transparence dans les contrats des vaccins Covid. La Commission a eu tort de décider de ne pas donner plus d’informations et d’en cacher aussi une partie, ont décrété les juges. Les décisions de la Commission sont donc en partie annulées, ce qui n’a pas inquiété U. von der Leyen.
Dès janvier 2021, les députés européens avaient demandé à contrôler les contrats pour la fourniture de vaccins Covid. La Commission avait alors mis le premier contrat à disposition des députés, mais ils devaient s’inscrire pour pouvoir aller le consulter pendant trois quarts d’heure, armés uniquement d’un carnet et d’un stylo. Plusieurs passages avaient été noircis, lieux ou conditions de production, prix, propriété intellectuelle ou responsabilité juridique, par exemple. Selon la Commission, le respect des clauses confidentielles était une condition pour que les laboratoires continuent à accepter de signer des contrats avec l’Europe. Les contrats publiés par la suite ont aussi été expurgés, par exemple sur les questions d’indemnisation. Les juges ont estimé que la Commission a eu tort et que le public avait le droit de connaître le contenu des contrats. La Commission affirme haut et fort que les juges lui donnent en revanche raison « sur la plupart des points » : protection des intérêts commerciaux, localisation des sites de production et propriété intellectuelle par exemple.
L’affaire des SMS qu’U. von der Leyen a envoyés au PDG du laboratoire Pfizer à l’époque de la négociation des contrats semble avoir fait pschitt.