La Commission de police israélienne a reçu un fax de la police française pour s’enquérir de la manière de gérer la crise à laquelle elle est confrontée actuellement, a rapporté le journal The Israel Hayom. La demande française a été révélée par Shimon Nahmani, chef adjoint de la Division des opérations de police, lors d’une audience tenue par la Commission de sécurité nationale de la Knesset.
Selon le même journal, Kobi Shabtai, commissaire de la police israélienne, a ordonné à ses départements du renseignement et des opérations d’étudier les manifestations en France et la réaction de la police française avant, pendant et après la mort de l’adolescent.
Les autorités françaises n’ont encore émis aucun commentaire sur de telles révélations.
Dans le sillage de mort de Nahel M., 17 ans, abattu par un policier lors d’un contrôle routier dans la banlieue parisienne de Nanterre, le 27 juin dernier, la France est encore bouillonnante. Les manifestants ont attaqué les magasins et les forces de police, jetant des pierres et des cocktails Molotov, et des centaines de bâtiments et de voitures ont été incendiés lors de ces événements.
Quelque 3.200 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre françaises entre mardi et dimanche, en cinq nuits d’émeutes, dont 60% n’étaient pas connues de la police, a indiqué lundi Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, selon l’AFP. « 60% » de ces 3.200 personnes « n’ont aucun antécédent judiciaire, ne sont pas connus des services de police » et « n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle », a dit le ministre lors d’un déplacement à Reims, dans le nord-est de la France. La moyenne d’âge des personnes interpellées est de « 17 ans, avec parfois des enfants, il n’y a pas d’autre mot, de 12-13 ans, qui étaient des pyromanes ou qui ont attaqué les forces de l’ordre ou qui ont attaqué des élus », a-t-il également souligné. Il a insisté sur « la responsabilité des parents, de la famille » dans la surveillance de ces jeunes, « parce que ce n’est pas à la police nationale ou à la gendarmerie ou au maire ou même à l’Etat de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école ».
Le ministre dit avoir constaté, à l’issue d’une nuit de dimanche à lundi où aucun incident majeur n’a été signalé, que « l’ordre » était « en train d’être rétabli », « grâce à une fermeté qui a été affichée ». Mais « les policiers et les gendarmes, à la demande du président de la République, continueront à être extrêmement mobilisés dans les prochaines nuits », a-t-il ajouté.
En cinq nuits d’émeutes jusqu’à dimanche matin, le ministère a comptabilisé quelque 5.000 véhicules incendiés, 10.000 feux de poubelles, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries et plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés. Dimanche, un pompier de 24 ans est décédé à Saint-Denis, près de Paris, alors qu’il luttait contre un incendie de véhicules dans la nuit de dimanche à lundi, sixième nuit de violences urbaines en France, selon le ministre de l’Intérieur.
Lundi, des rassemblements devant les mairies de France ont été organisés après une attaque ayant visé le domicile d’un maire de la région parisienne via une voiture-bélier chargée de produits incendiaires.
À Nanterre, où Nahel a été abattu, une centaine d’habitants et d’employés se sont rassemblés devant la mairie « Depuis mardi les nuits ont été difficiles pour les habitants (…) Les violences qui se sont succédé sont inacceptables », a déclaré son maire Patrick Jarry. « Le temps est à l’apaisement », a estimé l’édile en remerciant « profondément » la grand-mère de Nahel qui a lancé un appel au calme dimanche. « Nous ne perdons pas de vue le point de départ de cette situation, cette exigence de justice qui continue d’exister », a poursuivi le maire.
« Nous continuerons d’agir au quotidien pour que dans nos villes, dans nos quartiers, les habitants puissent bénéficier des services publics dont ils ont besoin (…) Nous continuerons d’agir pour plus de justice sociale », a-t-il martelé.
A Saint-Denis (au nord de la capitale française), une trentaine d’élus et près de 200 personnes ont participé au rassemblement, a constaté une journaliste de l’AFP. Près de 300 personnes selon l’AFP se sont aussi réunies devant la mairie de Brest (Bretagne, nord-ouest), dont de nombreux élus et employés municipaux.
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort de Nahel à Nanterre le 27 juin ont choqué jusqu’au sommet de l’Etat, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.