Dans sa tentative de maintenir les finances du pays à flot, le gouvernement taliban appelle la Banque mondiale à reprendre les projets inachevés dans le pays, alors que les deux tiers de la population ont du mal à subvenir à leurs besoins les plus basiques. C’est à travers un simple communiqué que le Bureau intérimaire des affaires économiques dirigé par les talibans a appelé la Banque mondiale à « reprendre et à terminer les projets précédemment financés et restés inachevés » dans le pays.
Selon cet organe du pouvoir intérimaire à Kaboul, l’inflation est en baisse dans le pays et le cours de l’afghani, la monnaie officielle, s’est raffermi par rapport aux devises étrangères, ce qui a entraîné une baisse des prix des produits de consommation.
Mais le dernier rapport de la Banque mondiale est bien plus alarmiste, pointant une insécurité alimentaire très importante avec des prix qui restent très élevés. Depuis que le régime taliban a pris le pouvoir en août 2021, la population s’est considérablement appauvrie, des centaines de milliers d’emplois ont été perdus et le nombre d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté est estimé à 85% de la population, selon l’ONU.
Le pays est aussi durement éprouvé par les conséquences du changement climatique. L’Afghanistan traverse la pire crise de sécheresse de ces trente dernières années.
L’aide internationale, qui se poursuit partiellement, ne parvient pas à maintenir à flot l’économie du pays, d’où cet appel du gouvernement intérimaire afghan qui s’est rendu en juin dernier en Chine et en Indonésie pour resserrer les liens économiques.
Il y a des aspects positifs qui sont tout de même à souligner : la sécurité s’est améliorée, de fait, puisque les talibans qui constituaient le groupe insurrectionnel qui combattait l’ancien pouvoir en place est aujourd’hui au pouvoir. Il y a aussi la politique de taxation aux frontières qui fonctionne bien et engendre des revenus. Outre la lutte contre la culture du pavot qui permet la production d’opium. Les surfaces cultivées sur la période 2022-2023 auraient diminué de 80% depuis la prise de pouvoir par les talibans.
Mais selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement, la production économique de l’Afghanistan s’est effondrée de plus de 20% depuis août 2021 et le PIB s’est contracté de 3,6% en 2022.
Ces deux dernières années ont eu un impact de grande ampleur sur la vie des enfants et des familles en Afghanistan, où plus d’un tiers des enfants interrogés sont poussés vers le travail, relève une enquête de l’ONG Save the Children. « L’un des mécanismes de survie auxquels les familles ont eu recours a été d’envoyer leurs enfants travailler, souvent dans des conditions horribles, explique Ahmed Kodouda, directeur des campagnes de plaidoyer, de la communication et des médias pour l’ONG en Afghanistan.