Ce geste a eu lieu alors que Franck Riester, ministre français du commerce, répondait à une question sur les relations économiques de la France avec Israël. Qualifiée « d’incident », la séance a été immédiatement suspendue par la présidente Yaël Braun-Pivet et la sanction la plus haute applicable à un député a été votée contre l’élu LFI.Cette exclusion temporaire est assortie, comme le prévoit le règlement, d’une suspension de ses indemnités de mandat.
En sortant de la séance, le député LFI s’est exprimé face à la presse en assumant son geste. « Aujourd’hui en brandissant un drapeau palestinien, est-ce qu’enfin le Président de la République va-t-il se réveiller et se dire qu’il faut cesser de vendre des armes? » s’est-il interrogé plaidant pour « cesser les accords avec Israël ». Et de poursuivre: « Je me fous complètement de la sentence (…). Je pense que l’Etat français est complice aujourd’hui de ce qui se passe en Palestine » a-t-il déclaré.
De son côté, le groupe LFI a réagi dans un communiqué en félicitant « le député Sébastien Delogu pour avoir alerté sur le génocide des Palestiniens à Rafah, en brandissant dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale un drapeau de la Palestine ». « Nous avons appris avec stupéfaction que la présidente de l’Assemblée nationale a immédiatement convoqué un bureau extraordinaire pour sanctionner le député Delogu. Nous rappelons que Madame Braun-Pivet avait refusé un bureau extraordinaire après les insultes racistes tenues par le député d’extrême-droite Grégoire de Fournas en novembre 2022. Une question se pose donc : en macronie, est-il plus grave de dénoncer le massacre des Palestiniens que de tenir des propos racistes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale ? » poursuit le groupe parlementaire de gauche.
Dans son écrit, LFI réitère sa demande de cessez-le-feu immédiat et espère que la France « ainsi que le parlement se prononcent enfin sans équivoque pour le respect du droit international et prennent toutes les mesures pour stopper le gouvernement israélien ».
Certaines escarmouches se sont poursuivies à l’extérieur de la salle, notamment l’altercation verbale filmée entre David Guiraud, représentant parlementaire LFI et Meyer Habib, représentant parlementaire franco-israélien de droite, qui se vante de son amitié avec le Premier ministre israélien. Alors que le représentant de gauche menait une interview télévisée, M. Habib l’a interrompu et D. Guiraud lui a alors répliqué: « Barre toi de là, c’est toi le cochon qui est dans la boue du génocide ».
A la question de savoir s’il regrettait d’avoir utilisé l’expression « cochon » à l’adresse de M. Habib, le député LFI a répondu : « Je présente mes excuses à tous les cochons de France. Je n’en ai jamais vu un défendre un génocide ». Pour sa part, Aymeric Caron, autre député LFI, a estimé que « cette décision, encouragée par la présidente de l’Assemblée nationale, Yael Braun Pivet, constitue un soutien inconditionnel au gouvernement criminel israélien ».
A rappeler que Jean-Luc Mélenchon, député et fondateur du parti « La France insoumise » au Parlement français, a appelé le gouvernement à reconnaître dès maintenant l’État indépendant de Palestine. Farouche opposant à la politique actuelle de l’Élysée notamment dans le contexte de la guerre à Gaza, cet homme politique français a exigé lors de son discours prononcé à Besançon, lundi 27 mai, un embargo immédiat sur les armes envoyées à l’armée israélienne. J-L. Mélenchon a déclaré que des personnes sont tuées chaque minute à Gaza et affirmé que « nous exigeons la fin immédiate de l’accord de coopération entre l’Union européenne et le gouvernement [régime] d’Israël ».
Un autre député LFI, évoquant le bombardement du camp de réfugiés à Rafah lors d’une interview avec Sud Radio, a qualifié le Premier ministre israélien de « monstre anonyme ». « Nous devons arrêter le criminel de guerre Benjamin Netanyahu », a affirmé Manuel Bompard ajoutant que le président français Emmanuel Macron est coupable pour avoir permis que de telles attaques se produisent. Et de poursuivre que « si le plan d’Israël est basé sur le sa volonté de nettoyer ethniquement les Palestiniens de la bande de Gaza, nous serons confrontés à un grand défi » ; « c’est ce que nous devons rejeter et c’est pourquoi il est de notre responsabilité d’arrêter le criminel de guerre Netanyahou qui est aujourd’hui à la tête du gouvernement israélien ».
M. Bompard, élu par le passé au sein du Parlement européen, a accusé E. Macron d’être de collusion avec Netanyahu en n’utilisant pas les leviers de pression. Selon lui, la France ne peut faire la sourde oreille ni même parfois couvrir les abus de l’armée israélienne qui ne respecte pas les lois internationales. Au lieu de contraindre Israël à accepter un cessez-le-feu par les moyens dont il dispose, Macron n’a rien fait d’autre que de publier un tweet pour souhaiter que les abus de l’armée israélienne cessent, a-t-il dénoncé. « Qu’attend le président français pour proposer au niveau européen la suspension des accords entre l’UE et le régime israélien ou émettre un ordre interdisant la livraison d’armes et imposer des sanctions économiques contre Israël », a-t-il interrogé avant de soulever le doute au sujet de complicité entre Macron et Netanyahou.
Pour rappel, trois pays européens à savoir l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, ont reconnu l’État indépendant de Palestine et l’ont officiellement annoncé mardi 28 mai. La France hésite encore à franchir le pays…