Cocktails Molotov, gaz lacrymogène, poubelles brûlées, verre brisé… Après une heure et demie de manifestation, des heurts ont éclaté au cœur de la capitale grecque entre manifestants et policiers. Auparavant, les manifestants avaient lâché des centaines de ballons noirs pour rendre hommage aux victimes de la collision d’un train reliant Athènes à Thessalonique, dans le nord, et d’un convoi de marchandises.
Le délabrement du réseau de chemins de fer grec, en partie privatisé en 2017, et son manque de personnels poussent les banderoles à dénoncer « ce n’est pas une erreur humaine », comme l’avait formulé au départ le Premier ministre grec. Kyriakos Mitsotakis l’a d’ailleurs admis tôt dimanche matin en présentant des excuses publiques. « En tant que Premier ministre, je dois à tous, mais surtout aux proches des victimes, (de demander) pardon », a-t-il écrit dans une rare adresse solennelle. « Dans la Grèce de 2023, il n’est pas possible que deux trains circulent en sens inverse sur une même ligne et que personne ne le remarque ». « Nous ne pouvons pas, ne voulons pas et ne devons pas nous cacher derrière l’erreur humaine » imputée au chef de gare, a-t-il insisté.
Le manque d’expérience du chef de gare est dénoncé depuis le lendemain du drame. Selon les médias grecs, il n’avait reçu qu’une courte formation avant de se retrouver seul, au poste de chef de gare, alors que le trafic sur cette ligne était intense en raison d’un week-end prolongé. L’homme de 59 ans était entendu dimanche par la justice en vue de son éventuelle inculpation pour « homicide involontaire par négligence ». Selon une source judiciaire, l’enquête vise aussi « à engager des poursuites pénales, si nécessaires, contre des membres de la direction de l’entreprise » Hellenic Train, les chemins de fer grecs.
L’entreprise, achetée en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique, reste la cible principale de la colère des manifestants. Mais dimanche, les slogans scandés par la foule visaient également les trois principaux partis dirigeants – le Pasok, Syriza et Nouvelle Démocratie –, soit l’ensemble de la classe politique grecque, qui se retrouve ainsi sur le banc des accusés.