Le regain d’« optimisme » de S. de Mistura, émissaire onusien qui avait agité, en octobre dernier, sa démissionner lors d’une réunion des Quinze, survient dans le sillage de sa réunion du 9 avril à Washington avec un membre de l’administration Trump. Suite à cette entrevue, relèvent certaines sources, le secrétaire général de l’ONU a prolongé d’une année supplémentaire, jusqu’à fin 2026, le mandat de son envoyé spécial. Une annonce officielle est attendue dans les prochains jours.
Ce développement intervient dans le contexte de la réaffirmation par l’administration Trump de la marocanité du Sahara. Les États-Unis ont d’ailleurs exhorté les parties à négocier rapidement le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté du royaume. « Nous continuerons à soutenir les négociations politiques pour résoudre les problèmes entre le Maroc et le Polisario dans le cadre du plan d’autonomie du Maroc », a déclaré Marco Rubio dans un communiqué suite à sa réunion du 8 avril avec Nasser Bourita. La feuille de route annoncée par S. de Mistura s’inscrit dans cette dynamique.
À l’issue de la séance du 14 avril au Conseil de sécurité, le Polisario a affirmé que « la question du Sahara occidental reste, malgré la propagande marocaine, à l’ordre du jour des Nations unies ».
Quelques heures plus tôt, Omar Hilale, ambassadeur du Maroc aux Nations unies, a exprimé dans une interview accordée à Medi1 TV son souhait de célébrer le 50e anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre 2025, dans les meilleures conditions.
Jusqu’à présent, la Russie n’a pas réagi à la réaffirmation par les États-Unis de la marocanité du Sahara, le 8 avril alors qu’en 2020, sa diplomatie avait critiqué l’initiative prise par Donald Trump.
Dans le sillage de S. de Mistura, Alexander Ivanko, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, a aussi briefé les membres du Conseil de sécurité des derniers développements sur le terrain, depuis l’adoption de la résolution 2756 le 31 octobre 2024. Le diplomate russe a déclaré que « le Front POLISARIO ne semble pas en mesure de causer des dommages significatifs aux FAR (Forces armées royales), ni de modifier le statu quo par des moyens militaires. Cependant, il continue de rejeter mes appels à la cessation des hostilités. En revanche, les FAR, dotées de capacités militaires considérables, font preuve de retenue jusqu’à présent ».
A.Ivanko a révélé que le Polisario n’a pas répondu à sa proposition de trêve durant le Ramadan, tandis que les FAR ont accepté l’offre, tout en se réservant le droit de riposter aux attaques du Polisario.
Lors de son briefing, le diplomate a salué « la coopération » des FAR avec la MINURSO. « La MINURSO bénéficie d’une étroite collaboration de la part des FAR à tous les niveaux, notamment grâce aux visites régulières du commandant de la force au commandement des FAR à Agadir. Des patrouilles terrestres et des vols de reconnaissance en hélicoptère sont régulièrement effectués, respectant la liberté de mouvement de la Mission », a-t-il indiqué.
A. Ivanko a déploré que le Polisario continue de restreindre les mouvements des casques bleus. « Les patrouilles terrestres restent limitées à des couloirs de 20 kilomètres autour des bases d’opérations, et aucun vol de reconnaissance en hélicoptère n’est autorisé », a-t-il regretté. « Le commandant de la Force 3 ne peut toujours pas rencontrer en personne les dirigeants militaires du Front POLISARIO à Rabouni (camp, ndlr). Comme vous pouvez le constater, notre capacité à surveiller les activités militaires des parties reste très limitée », a-t-il ajouté.
Le chef de la MINURSO a également abordé la route que le Maroc construit pour relier Es-Smara à la Mauritanie. « Grâce à ses activités d’observation, la MINURSO a constaté la construction d’une route goudronnée de 93 kilomètres reliant Smara à la porte du mur de sable d’Amgala menant à la Mauritanie. Les patrouilles d’enquête de la MINURSO ont déterminé que cette route serait également adaptée à la circulation de véhicules et d’équipements militaires lourds, améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle des troupes des FAR déployées le long du Mur de Sable », a-t-il fait savoir. « En février, le commandant de la force de la MINURSO a été informé par les FAR que la route n’était pas liée à son mandat ni à ses opérations. Cette route fait partie des nombreuses autres prévues par le Maroc pour renforcer l’infrastructure routière sur le territoire », a-t-il précisé lors de son discours devant les membres de l’instance exécutive de l’ONU. Un passage qui risque de provoquer la colère du Polisario.
A. Ivanko a conclu son briefing en reconnaissant que la MINURSO continue de faire face à une crise financière, « en raison du paiement tardif ou partiel des cotisations des États membres. J’ai dû prendre des mesures drastiques qui limitent notre capacité à accomplir les tâches assignées par ce Conseil. À la mi-mars, je n’ai eu d’autre choix que de réduire drastiquement les patrouilles terrestres à l’est et à l’ouest du mur de sable, d’annuler toute reconnaissance par hélicoptère à l’ouest du mur et de reporter tout remplacement d’observateurs militaires sortants », a-t-il conclu.