La Coalition canarienne, formation qui préside les Iles Canaries avec l’appui du Parti Populaire (PP), exprime son inquiétude vis-à-vis de l’exercice naval mené par la Marine royale tout le long de la façade atlantique des provinces sahariennes. Cristina Valido, députée à la Chambre basse au Parlement espagnol, a alerté mercredi « sur le risque écologique des manœuvres militaires du Maroc dans les eaux au nord de Fuerteventura, une zone où vivent les cétacés », selon Canariasahora. « Nous avons besoin de savoir quelles sont les informations dont dispose le gouvernement espagnol, et en particulier le ministre des Affaires étrangères, sur ces manœuvres militaires que le Maroc a déjà annoncées », a-t-elle relevé.
C. Valido a demandé à José Manuel Albares, chef de la diplomatie espagnole, de fournir toutes les données disponibles sur les exercices de tir qui se dérouleront à partir du 1er septembre jusqu’à la fin de l’année, dans un espace maritime à environ 140 kilomètres des côtes de l’île de Fuerteventura, ajoute la même source. « Ces espaces maritimes sont considérés comme l’un des corridors océaniques les plus riches en biodiversité de la planète », a déclaré la députée lors de son intervention à la Chambre basse.
Pour rappel, le gouvernement autonome qui dirige les Iles Canaries depuis juin 2023, avait affirmé le 6 août, que « les exercices (des FAR) se déroulent loin de la ligne médiane qui sépare les Iles Canaries du Maroc ». Une annonce faite alors par Nieves Lady Barreto, Conseillère de la Présidence, des Administrations publiques, de la Justice et de la Sécurité du gouvernement de l’archipel. Elle avait informé les médias que le ministère espagnol des Affaires étrangères a déjà informé l’exécutif des Iles Canaries des manœuvres des FAR. La responsable a révélé aussi que « le Royaume du Maroc a informé le gouvernement espagnol à travers une communication officielle de l’organisation des exercices dans les eaux proches du Sahara occidental ».
Sumar et Vox avaient déjà condamné les exercices navals de la Marine royale marocaine au Sahara.
A rappeler que Margarita Robles, ministre espagnole de la Défense, a visité lundi et mardi, les ilots dépendant des Présides de Sebta et Melilla revendiqués par le Maroc. Une visite qui n’a suscité aucune réaction officielle des autorités marocaines, toujours en négociations avec la partie espagnole pour l’établissement de points de contrôle douaniers dans les villes occupées. Lesdits postes n’ont toujours pas été ouverts pour des raisons « techniques ». Des parties marocaines craignent que le Rubicon ainsi franchi ne complique davantage toute quête marocaine ultérieure pour la réintégration des Présides à la mère patrie.
Pour l’heure, ce sont les Espagnols qui donnent de la voix face à une diplomatie marocaine aphone. La preuve ? Manuel Ángel López, désigné depuis début aoûtcommandant du patrouilleur Isla Pinto, basé au port de Melilla,a adressé des mises en garde on ne peut plus claires au Maroc. « Nous devons rappeler au Maroc que l’Espagne continue d’être propriétaire des deux villes (Ceuta et Melilla) et qu’elle dispose d’eaux territoriales avec une série de droits qui doivent être respectés », a-t-il souligné lundi devant la presse. « Les bateaux marocains ne peuvent pas pêcher dans les eaux territoriales sans l’autorisation des autorités espagnoles », a-t-il ajouté.
Aux yeux de ce galonné espagnol, les deux Présides occupés et les îlots qui s’y rattachent « sont deux points stratégiques très importants pour l’Espagne et les rochers sont importants pour la défense. Dans le sens du contrôle de nos espaces de souveraineté, tant sur terre qu’en mer. La Marine sert aussi à contrôler une zone vitale comme le Détroit de Gibraltar, et pour que les patrouilleurs de la Marine marocaine sachent que nous et la Garde civile sommes vigilants.»