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Dérives inflationnistes au Maroc : La pauvreté augmente, alerte la Banque Mondiale

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La Banque mondiale a publié, cette semaine, son rapport relatif au suivi de la situation économique au Maroc. Intitulé «Le Maroc face aux chocs d'offres», il s’intéresse à plusieurs questions dont l’inflation.
La pauvreté augmente, alerte la Banque Mondiale

Le chapitre analysant l’impact de la poussée inflationniste sur l’ensemble de la répartition des revenus, le rapport montre que l’inflation est « sensiblement plus élevée pour les ménages les plus pauvres en raison du poids plus important des aliments dans leur panier de consommation ». « Les subventions existantes ont peu atténué l’impact de l’inflation sur la pauvreté et la vulnérabilité. Cependant, une part disproportionnée des ressources publiques nécessaires pour soutenir les programmes marocains de subventions des prix non ciblées profitent aux ménages les plus riches, qui, en termes absolus, consomment davantage de biens subventionnés », constate-t-il.

Le rapport souligne qu’entre 2021 et 2022, la dispersion dans l’évolution des prix des différentes composantes de l’IPC (indice des prix à la consommation, ndlr) s’est « nettement accrue au Maroc ». « L’écart type de l’augmentation des prix d’une année sur l’autre subie par les différents groupes de biens et services inclus dans l’IPC est passé de moins de 3% au premier trimestre 2021 à plus de 8% en juin 2022. Cette dispersion implique que la poussée inflationniste en cours peut avoir des impacts de plus en plus hétérogènes sur le pouvoir d’achat des ménages marocains (et donc sur leur niveau de bien-être), en fonction de leur panier de consommation », rappelle-t-on. Dans ce sens, les paniers de consommation des ménages pauvres et riches diffèrent sensiblement. « Les ménages les plus pauvres sont plus exposés à l’inflation des prix de l’alimentation, du logement et des services publics, tandis que les Marocains les plus riches sont plus touchés par la hausse des prix des transports et de la santé. L’alimentation représente près de la moitié des dépenses des ménages les plus pauvres, contre un cinquième pour les plus aisés, suggérant que les hausses récentes des prix alimentaires ont un impact plus important au bas de la distribution », ajoute-t-on.

Rappelant que « les ménages les plus pauvres ont souffert de manière disproportionnée de la récente poussée inflationniste », l’institution financière relève aussi que « le taux d’inflation officiel (IPC) ne mesure pas l’inflation dans les zones rurales, mais les impacts pourraient y être plus importants ». Plus grave, elle estime aussi que « la pauvreté aurait pu augmenter de 2,1 points de pourcentage en 2022 en raison de l’inflation » tout en assurant que « l’indice des prix à la consommation en 2022 aurait été plus élevée si le gouvernement n’avait pas maintenu son système de subventions à un coût budgétaire important ». Ainsi, ces subventions ont « joué un rôle protecteur en contenant l’augmentation de la pauvreté et des inégalités induite par l’inflation ».

Toutefois, ces subventions aux prix « tendent à profiter de manière disproportionnée aux ménages les plus riches », regrette la Banque mondiale. Un constat qui « incite le gouvernement à améliorer l’adéquation, le ciblage et l’adaptabilité du système de protection sociale afin d’atténuer l’impact des chocs économiques ». Le rapport estime également que « bien que l’inflation puisse avoir une dimension distributive importante, la politique monétaire n’est peut-être pas l’outil le plus efficace pour stabiliser les prix des produits qui dominent le panier de consommation des ménages les plus pauvres ».

L’occasion de rappeler au Maroc que « la politique monétaire peut ne pas être un outil efficace pour influencer les prix des denrées alimentaires dans les économies émergentes et en développement, car ces produits sont particulièrement sensibles aux évolutions idiosyncratiques ». « Cela implique que la réduction des pressions sur les prix qui érodent le plus le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres ne peut être réalisée par la seule politique monétaire, et doit donc être complétée par d’autres outils de politique publique », ajoute-t-elle. Les autorités sont ainsi appelées à « mettre en œuvre des politiques visant à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire l’écart entre les prix à la production et les prix de détail des denrées alimentaires ». Et d’indiquer, dans ce sens, qu’« identifier les dysfonctionnements et les goulots d’étranglement qui contribuent à expliquer cette hausse des prix est particulièrement pertinent dans le contexte inflationniste actuel ». Elle cite, parmi les problèmes qui affectent les systèmes de distribution et de commercialisation des aliments au Maroc, « la faiblesse de la réglementation, de la gouvernance et de la gestion des marchés de gros ». Le rapport pointe aussi « la prolifération non réglementée d’intermédiaires face à des petits et moyens producteurs faiblement intégrés avec un accès direct limité aux marchés », « une connaissance asymétrique des prix qui place les producteurs dans une situation désavantageuse vis-à-vis des intermédiaires » et « des pertes post-récolte relativement importantes, dues en partie à des conditions de stockage et de transport sous-optimales ».

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