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Décolonisation de Sebta et Melilla : Fermeté à Madrid et flou à Rabat…

Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol, comparaîtra devant la session plénière du Congrès, prévue mercredi 19 mai, pour évoquer l'évolution du conflit en Ukraine et les relations de l'Espagne avec le Maroc. Selon des sources parlementaires citées par l’agence Europe Press, cette séance sera inscrite à l'ordre du jour de la semaine prochaine.
Fermeté à Madrid et flou à Rabat…

Les leaders des partis politiques espagnols ont accepté, en février, deux demandes du Parti populaire appelant à une comparution du chef du gouvernement espagnol pour l’interroger sur les engagements de l’Espagne concernant la guerre en Ukraine et sur les accords conclus avec le Maroc. Le PP avait justifié sa demande par « l’opacité absolue » qui marque la politique étrangère du gouvernement, exigeant de P. Sanchez qu’il informe les députés sur les engagements pris par son cabinet lors de la dernière Réunion de haut niveau avec le Maroc, du 1er et 2 février à Rabat, sur le Sahara et l’ouverture des douanes à Sebta et Melilla.
Sur ce dossier sensible des deux côtés du Détroit, à la clarté des positions exprimées par Madrid, y compris depuis Rabat, qui rappellent l’attachement de l’Espagne aux deux Présides, ce que les observateurs marocains regrettent est le flou officiel maintenu sur la revendication marocaine. Un flou qui a été « parasité » par les déclarations d’Ennam Mayara, président de la Chambre des conseillers. Ce responsable istiqlalien a clairement revendiqué le retour des Présides occupés à leur mère-patrie, via des négociations entre Rabat et Madrid. Cette position qui a forcé l’Exécutif espagnol à réagir, via Margarita Robles, ministre de la Défense, qui a assuré que le statu quo des deux villes n’est pas négociable pour l’Espagne, n’en finit pas d’alimenter le débat au sein du landernau politique ibérique.
Le PP, droite classique et première force de l’opposition à la Chambre des représentants, estime que les propos de E. Mayara sont une preuve de plus de la « faiblesse » de l’exécutif face au Maroc « dans la défense de la souveraineté espagnole » sur les deux présides. Cuca Gamarra, porte-parole du groupe des députés du PP, a tenu à mettre les points sur les « i ». « Nous sommes très clairs. Nous défendons la souveraineté, bien sûr, de Sebta et Melilla. Le Parti Populaire a toujours été ferme sur ce sujet. C’est une question totalement hors de tout débat », a-t-elle indiqué. Affirmation dont doute Vox Cette formation d’extrême droite a saisi cette opportunité pour rappeler que le parti que préside Alberto Núñez Feijóo est « un frère de l’Istiqlal ». « L’auteur des déclarations sur Sebta et Melilla appartient à un parti nationaliste allié du PP », a souligné Iván Espinosa de los Monteros porte-parole du groupe des députés de Vox. Référence est ainsi faite à l’Internationale démocratique du Centre au sein de laquelle l’Istiqlal et le PP se côtoient comme membres. Nizar Baraka, avait conduit, en avril 2022, une forte délégation de son parti, au dernier congrès du PP. Au même titre d’ailleurs que le RNI, formation qui pilote la majorité aux affaires.
Podemos, formation de gauche connue pour ses accointances avec les séparatistes du Polisario, s’est aussi joint à la curée. Javier Sánchez Serna, porte-parole du parti, a affirmé que « l’Espagne doit avoir une position forte et défendre sa souveraineté contre un pays comme le Maroc, non seulement sur la question de Sebta et Melilla, mais aussi sur une question comme l’autodétermination du Sahara occidental ». Plus, a-t-il ajouté, face au Maroc, « nous pensons que l’Espagne doit continuer à défendre sa souveraineté mais aussi la démocratie, les droits de l’Homme et le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui », a-t-il précisé, tout en réitérant le rejet de son parti du soutien apporté par P. Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara.
Ciudadanos a fait, pour sa part, le lien entre les déclarations d’E. Mayara et le changement de position du gouvernement espagnol sur la question du Sahara. « Jamais auparavant, il n’y a eu autant d’insultes ou de déclarations de ce type de la part du Maroc contre deux villes parfaitement espagnoles et qui continueront de l’être », a estimé Inés Arrimadas, patronne de cette petite formation.
Avec cette nouvelle joute qui peut s’expliquer, côté espagnol, par les calculs politico-électoralistes, il n’en reste pas moins fondé d’attendre de la diplomatie marocaine une réaction susceptible de remettre les choses à l’endroit. Karima Benyaich, ambassadrice du Maroc en Espagne, avait assuré lors de sa convocation par le ministère espagnol des Affaire étrangères, en décembre 2020, que les deux villes sont « occupées ». Une réalité qui doit être rappelée à nos « amigos » espagnols. Peu importe la formule !

 

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