La séquence réservée à ce sujet a permis au chef du Parti populaire (PP) de se montrer plus offensif dans ses questions au chef du gouvernement. « Vous ne pouvez pas changer votre position sur le Sahara sans consulter les Espagnols. Pourquoi avez-vous changé la position stratégique sur le Sahara ? Qu’est-il arrivé avec Pegasus ? Quelles informations ont-ils sur vous ? Qu’avez-vous convenu avec le Maroc ? », autant de questions soulevées face au Président du gouvernement qui, faut-il le rappeler, a privilégié la réconciliation avec Rabat.
Face au silence observé par P. Sanchez, le leader du PP a réitéré sa proposition de « revenir à l’équilibre entre l’Algérie, le peuple sahraoui et le Maroc ». Toutefois, il n’a pas précisé comment il entend revenir à la politique que l’Espagne menait avant le soutien, en mars 2022, de P. Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara.
En Espagne, les sondages donnent le PP gagnant lors des législatives anticipées. La dernière enquête, publiée le jour même du débat télévisé entre les chefs du PSOE et du PP, a accordé au parti de droite 33% des intentions de vote, contre 27,7% au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de P. Sánchez.
Néanmoins, le retour de la droite au pouvoir dépend essentiellement des résultats de Vox aux législatives anticipées du 23 juillet. Les deux formations doivent avoir 176 sièges à la Chambre basse du Parlement pour qu’A. Feijóo puisse être investi Premier ministre.
Dans le programme électoral du PSOE, une priorité est accordée au Maroc cité après les deux passages réservés au Portugal et à la France. La formation de gauche y affirme vouloir continuer « à approfondir la nouvelle étape des relations bilatérales avec le Maroc ». Et rappelle que celle-ci est marquée par « la signature de vingt accords pour renforcer la coopération dans la lutte contre la traite des êtres humains et le terrorisme, la coopération en matière d’immigration ou la promotion des entreprises exportatrices et les entreprises espagnoles au Maroc ».
Sur la question du Sahara marocain, les socialistes réitèrent leur engagement à « soutenir l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, en vue de parvenir à une solution mutuellement acceptable dans le cadre des Nations unies ». Et promettent de maintenir « l’aide humanitaire à la population sahraouie dans les camps », l’Espagne étant « le principal donateur bilatéral ».
Le document socialiste a qualifié les habitants des camps de Tindouf en Algérie de « population » et non plus de « peuple sahraoui », comme l’exige le Front séparatiste. Comme il a également fait l’impasse sur l’organisation d’un « référendum d’autodétermination du peuple sahraoui » ou à l’élargissement du mandat de la MINURSO à la situation des droits humains au Sahara. Cette dernière exigence figurait dans un document du PSOE, publié en septembre 2019. « Nous appuierons un élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme » dans la région, avaient souligné les socialistes, dans un appel de pied à la coalition d’extrême gauche Unidas-Podemos. A ce moment-là, P. Sánchez cherchait l’appui des camarades de Pablo Iglesias pour son investiture en tant que Président du gouvernement espagnol.
Pour rappel, PP a aussi ignoré « le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui », alors que cette proposition était inscrite dans les programmes de la formation de droite classique, sous les présidences de José Maria Aznar et de Mariano Rajoy.
Le programme socialiste a non seulement tourné le dos au Polisario, mais il a aussi ignoré l’Algérie. Dans la thématique des relations avec les « voisins », l’Algérie n’est mentionnée à aucun moment. Les relations entre Alger et Madrid se sont nettement détériorées, après le soutien de P. Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara. L’Algérie a d’abord riposté à cet appui, en mars 2022, en rappelant pour consultations son ambassadeur à Madrid et puis en décrétant, en juin de la même année, des sanctions économiques contre les sociétés espagnoles exportatrices vers le marché algérien. Ces deux décisions sont toujours en vigueur.