Le 16 août, avec l’aval du Tribunal de première instance de Tunis 2, les agents de la brigade de police judiciaire de Sidi Hassine Sijoumi avaient entamé des enquêtes relatives aux plaintes déposées par plusieurs citoyens, affirmant n’avoir pas apporté leur parrainage à A. Zammel. Selon le porte-parole du tribunal compétent, certains citoyens ont affirmé avoir soutenu un autre candidat au scrutin présidentiel et ont été surpris de voir leurs noms figurer sur la liste des parrainages de A. Zammel.
Dans une déclaration accordée à l’agence TAP, la porte-parole du tribunal de première instance de La Manouba, a déclaré ce 2 septembre qu’aucune décision n’a encore été prise par le ministère public concernant le candidat. Ce dernier est toujours sous le coup d’investigations, alors que onze personnes ont déposé des plaintes, affirmant que leurs données personnelles ont été illégalement utilisées pour créer des parrainages en faveur du candidat à la présidence. Son avocat, Faouzi Jaballah, cité par TAP, a précisé que les plaignants, ainsi que le frère d’A. Zammel, ont été entendus avant son arrestation ce 2 septembre. L’arrestation de Zammel intervient à l’approche du scrutin présidentiel, prévu le 6 octobre, ajoutant une nouvelle controverse à cette campagne électorale
L’Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie (ISIE) a annoncé ce 2 septembre ne retenir que trois candidats à la présidentielle du 6 octobre, dont le chef de l’État sortant Kaïs Saïed, excluant trois autres prétendants ayant été réadmis la semaine passée par le Tribunal administratif.
« La liste annoncée le 10 août est définitive et non sujette à un quelconque recours », a annoncé lundi Farouk Bouasker, patron de l’ISIE lors d’une déclaration retransmise à la télévision nationale. Celui-ci a communiqué la liste officielle et définitive des candidats à l’élection présidentielle, précisant que les trois candidatures réintégrées par le Tribunal administratif avaient été rejetées. Pour justifier l’exclusion des trois candidats, F. Bouasker a fait savoir que « le Tribunal administratif n’a pas communiqué [à l’autorité électorale] officiellement ses décisions dans le délai prévu de 48 heures comme le prévoit la loi ». Mis à part le chef de l’État sortant, les deux autres candidats figurant sur la liste officielle sont Zouhair Maghzaoui, ancien député de la gauche panarabe, et A. Zammel, homme d’affaires, chef du parti libéral Azimoun. Ce dernier, sous le coup d’une enquête concernant des soupçons de falsification de parrainages, a été interpellé plus tôt ce 2 septembre.
Fin août, le Tribunal administratif réuni en appel avait accepté les recours de trois candidats, considérés comme de sérieux prétendants à l’investiture suprême. La justice administrative avait d’abord annoncé le 27 août dernier la réintégration du candidat Abdellatif Mekki, ex-dirigeant du Mouvement des islamistes d’Ennahdha disqualifié par l’ISIE, en acceptant son recours en appel. Deux jours plus tard, la candidature de Mondher Zenaïdi, ancien ministre sous l’ère du président déchu Ben Ali, a été également réadmise par le même tribunal. L’Assemblée générale du Tribunal administratif avait ensuite annoncé, le 30 août, avoir accepté le recours du candidat Imed Daïmi, annulant également la décision de l’ISIE de rejeter sa candidature.
Préoccupées par le non-respect du pluralisme durant l’élection présidentielle, une vingtaine d’ONG tunisiennes et internationales, ainsi que plus d’une centaine de personnalités et d’activistes, ont signé une pétition le 31 août dernier. Les organisations signataires, dont les antennes locales de Legal Agenda, Avocats sans frontières (ASF) et la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), avaient salué « l’indépendance et le triomphe des valeurs du droit » incarnés par les décisions du Tribunal administratif de réintégrer des candidats initialement disqualifiés par l’ISIE. Cependant, elles avaient exprimé leur préoccupation quant au respect du « pluralisme », ainsi que l’application des décisions de la justice administrative quant à la réadmission des candidatures initialement rejetées par l’ISIE. « Le Tribunal était seul compétent pour reconnaître les litiges relatifs aux candidatures au scrutin présidentiel » ont-ils affirmé dans la pétition.