Vladimir Medinski, négociateur en chef russe dans les pourparlers de paix avec l’Ukraine, a fait l’éloge dimanche d’une position «plus réaliste» de Kiev prêt, sous conditions, à accepter un statut neutre du pays, réclamé par Moscou.
«La partie ukrainienne a adopté une approche plus réaliste des questions liées au statut neutre et dénucléarisé de l’Ukraine» a écrit le négociateur russe sur Telegram, tout en précisant qu’un projet d’accord approprié n’était pas encore prêt à être soumis aux présidents des deux pays. En face, David Arakhamia, négociateur en chef ukrainien, avait affirmé la veille, samedi, que Moscou avait accepté «oralement» toutes les positions ukrainiennes, «sauf en ce qui concerne la question de la Crimée». «J’ai une objection à faire. En réalité […], tous ces accords obtenus à Istanbul ne sont rien d’autre que ce que la Russie réclame depuis 2014», a réagi V. Medinski, en précisant qu’il s’agissait notamment du statut neutre et dénucléarisé de l’Ukraine et du non-déploiement de bases militaires étrangères sur son territoire. Si D. Arakhamia «qualifie tout cela de position ukrainienne, laissons-le faire cela», a-t-il ajouté.
Si D. Arakhamia a laissé entendre le 2 avril que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé, V. Medinski a assuré ne «pas partager cet optimisme». «Les « experts » diplomatiques et militaires ukrainiens ont beaucoup de retard pour confirmer même les accords déjà obtenus au niveau politique», a-t-il affirmé. Moscou doit répondre à une série de propositions ukrainiennes en vue d’un accord. Kiev propose la neutralité de l’Ukraine et de renoncer à adhérer à l’OTAN, à condition que sa sécurité soit garantie par d’autres pays face à la Russie. Elle propose aussi des négociations pour résoudre le statut du Donbass ukrainien et de la Crimée. Ces propositions, qualifiées de premier progrès par V. Medinski en début de semaine, ont été faites lors de pourparlers en face-à-face à Istanbul. Les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine ont repris par visioconférence le 1er avril, un nouveau round étant prévu pour le 5 avril, selon V. Medinski.
Sur le terrain, le président tchétchène dont les forces combattent aux cotés de forces russes et du Donetsk a annoncé le lancement de l’assaut contre le bastion des forces ukrainiennes dans la ville de Marioupol au sud de l’Ukraine. «Les combattants du régiment tchéchène ont commencé l’assaut contre l’usine Azov Steel ou se sont retranchés les éléments du régiment Azov et des autres unités nazies ukrainiennes », a déclaré Ramazan Kadyrov, rapporte l’agence russe Tass.
Cette usine est le plus grand bastion des forces ukrainiennes dans la ville de Marioupol où des combats féroces se sont déroulés ces derniers jours. Selon lui, l’opération est difficile mais est réalisable.
« Les nazis n’ont aucune chance de s’échapper, ni les partisans de Bandera et les autres racailles. Le moment de la revanche des habitants du Donbass a sonné pour toutes les tourmentes qu’ils ont subies pendant de longues années », a-t-il ajouté.
Plus de 13 000 ukrainiens du Donbass ont péri depuis 2014 sous les feux de l’armée ukrainienne et des groupes ultra nationalistes, assure des sources journalistiques indépendantes.
« Personne n’en sortira sain et sauf », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir éliminé au moins 100 mercenaires extrémistes dans la frappe réalisée le jeudi 31 mars contre un quartier général ukrainien dans la ville de Kharkov à l’est de l’Ukraine.
Igor Konashenkov, porte-parole, a précisé que la frappe avait été perpétrée au moyen du système Iskander, précisant que les 100 extrémistes mercenaires sont venus des pays occidentaux. Il a également indiqué que les forces russes ont bombardé samedi 2 avril l’aéroport Mirgorod dans la province de Poltava au nord-est du pays. Elles ont détruit plusieurs hélicoptères Mi-24 et un avion militaire qui était caché dans un hangar démontable ainsi que des dépôts de carburant et de munitions de l’avion en question.
Il a ajouté qu’« à l’aide de missiles tirés depuis l’air, contre l’entourage des gares de chemin de fer de Louzvaya et Baflograd, des véhicules blindés, des munitions et des dépôts de carburant destinés aux groupuscules ukrainiens au Donbass ». Selon lui, l’armée de l’air russe a pris pour cible 28 positions militaires ukrainiennes, dont des entrepôts de missiles, des canons et des munitions et 23 sites de véhicules de combat de l’armée ukrainienne. Les forces de la république de Lougansk poursuivent leur progression vers la brigade 57 de l’armée ukrainienne et assiègent depuis l’est et le sud la localité Perovsky ou une trentaine d’extrémistes ukrainiens ont été éliminés et 5 blindés ont été détruits, a-t-il ajouté.
Le Bureau des droits de l’homme de la république populaire du Donetsk a assuré que près de 1000 personnes ont été tuées dans les bombardements ukrainiens depuis le début de la guerre le 24 février. « Nous avons perdu 972 de nos citoyens depuis le début de l’an dont 780 représentants des forces de sécurité et 192 civils », a précisé le bureau dans un communiqué.
Selon lui, 82 civils ont péri durant la semaine passée.
Le texte indique qu’il y a 4452 civils blessés parmi les civils et les représentants des autorités sécuritaires.
En outre, des responsables russes ont informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que toutes les troupes russes avaient été retirées de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, a rapporté l’agence Tass.
Et le ministère russe de la Défense a assuré dimanche que ses forces n’avaient pas tué de civils à Boutcha, une ville proche de Kiev récemment reprise par les forces ukrainiennes. « Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes », a déclaré le ministère dans un communiqué. Il a ajouté que l’armée russe avait distribué 452 tonnes d’aide humanitaire aux civils dans ce secteur.
Le ministère a ajouté que tous les habitants « avaient eu la possibilité de quitter librement » la localité « vers le nord », alors que les banlieues sud de la ville « étaient la cible de tirs des troupes ukrainiennes 24 heures sur 24 ».
Le communiqué a en outre affirmé que les images de cadavres dans les rues de la ville étaient « une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux ». Il a assuré que toutes les unités militaires russes s’étaient retirées de Boutcha le 30 mars, au lendemain de l’annonce par la Russie qu’elle allait réduire de façon significative son activité dans le nord de l’Ukraine.
A signaler aussi que deux cent cinquante parachutistes tchèques sont partis, lundi 4 avril, pour la Slovaquie, pays voisin de l’Ukraine, afin d’y constituer un groupement tactique de l’Otan, a déclaré le ministère de la Défense à Prague.
Le groupement tactique comprendra jusqu’à 2100 soldats venus d’Allemagne, des Pays-Bas, de Pologne, de Slovaquie, de Slovénie et des États-Unis. Les Tchèques assureront le commandement de ce groupement tactique. «La tâche essentielle de la mission est de déclarer que les membres de l’Otan sont prêts, résolus et unis pour protéger l’intégrité territoriale de l’alliance», a déclaré le colonel Tomas Unzeitig, qui dirigera le groupement tactique. «Il s’agit d’une opération internationale de l’Otan destinée à renforcer les capacités de défense de l’armée slovaque», a-t-il ajouté.
Cette mission s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par l’Otan pour renforcer son flanc oriental après l’intervention russe en Ukraine, qui a débuté le 24 février.
Le ministère a indiqué que les parachutistes resteront en Slovaquie jusqu’en juin et seront ensuite remplacés par une unité de véhicules blindés.
La République tchèque a rejoint l’Otan en 1999 et la Slovaquie a fait de même en 2004. Les deux pays, qui formaient la Tchécoslovaquie jusqu’à sa séparation pacifique en 1993, sont membres de l’UE.
Pour sa part, estimant que les sanctions imposées à la Russie n’ont pas eu l’effet escompté, Mateusz Morawiecki, Premier ministre polonais, a assuré lundi que c’est l’Allemagne qui est le principal obstacle à l’imposition de sanctions plus sévères à la Russie et non la Hongrie. « Les sanctions que nous avons imposées jusqu’à présent à la Russie ne fonctionnent pas », a-t-il déclaré après la victoire du Premier ministre hongrois Viktor Orban. « L’Allemagne est le principal obstacle à l’imposition de sanctions plus sévères à la Russie », a-t-il dit,
Le dirigeant hongrois avait été critiqué pour sa position sur la crise en Ukraine, car « la Hongrie a publié un décret interdisant la fourniture d’armes à l’Ukraine depuis son territoire ».
V. Orban s’était aussi démarqué des autres pays occidentaux sur les sanctions économiques imposées à la Russie, soulignant qu’il « ne voit aucune raison d’arrêter la coopération de la Hongrie avec les Russes dans le domaine énergétique ».
Commentant la victoire d’Orban, le dirigeant polonais a dit : « nous devons voir que, quelle que soit la manière dont nous traitons la Hongrie, qu’il s’agit de la quatrième victoire de ce type et nous devons respecter les élections démocratiques ».
« La Hongrie ne fait pas obstacle à ces sanctions », a-t-il souligné.
En revanche, M. Morawiecki assure que « l’Allemagne est le principal obstacle aux sanctions ». Se référant aux déclarations du chancelier allemand Olaf Scholz qui avait assuré que « le secteur énergétique russe ne sera pas couvert par les sanctions ».
Expliquant cette position, Robert Habeck, ministre allemand de l’Economie, a prévenu quant à lui qu’une interdiction d’approvisionnement énergétique en provenance de Russie mettrait fin à la prospérité de l’économie allemande. « Il n’y a pas d’infrastructure en Allemagne pour importer du gaz et du pétrole par d’autres moyens », c’est-à-dire depuis la Russie, a expliqué M. Habeck.