Cependant, une question semble planer sur la conférence de cette année : que se passe-t-il spécifiquement aux États-Unis d’Amérique ? D’après le journal US, pendant des mois, les milieux politiques, de sécurité et de renseignement en Europe surveillaient nerveusement l’importante aide américaine à l’Ukraine, jusqu’à ce que les Américains leur assurent que le projet de loi sur l’aide serait approuvé et que l’argent et l’équipement militaire seraient fournis.
Mais la lutte de longue date pour le financement, combinée à l’affirmation de l’ancien président Donald Trump selon laquelle il encouragerait la Russie à attaquer les alliés des États-Unis s’ils ne dépensaient pas pour la défense, « a ébranlé l’Europe et renouvelé la question de savoir si le vieux continent peut compter sur les États-Unis ».
Dans le même temps, un groupe de sénateurs américains sera confronté à la question de savoir pourquoi les Républicains adhèrent au message de D. Trump concernant l’abandon de l’Ukraine.
Le Washington Post a noté que Kamala Harris, vice-présidente américaine, et Anthony Blinken, secrétaire d’État US, tenteront, lors de la conférence de Munich, de convaincre les alliés européens que « l’engagement des États-Unis envers l’Ukraine et l’OTAN reste ferme, mais il semble qu’il y ait peu de promesses qu’ils peuvent tenir pour les prochains mois, sans parler des années à venir ». Le journal a indiqué également que « le secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, Alejandro Mayorkas, qui vient de sortir d’un isolement sans précédent, rejoindra également la conférence de Munich ».
Aujourd’hui, António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a affirmé dans son discours à la Conférence de Munich sur la sécurité que « toute attaque contre Rafah serait dévastatrice pour les 1,5 million de Palestiniens de la ville », ajoutant que « rien ne justifie l’action punitive israélienne contre les habitants de Gaza ».
Aujourd’hui, les activités de la Conférence de Munich sur la sécurité, dans sa soixantième édition, ont débuté dans un contexte de défis de sécurité mondiaux allant des menaces potentielles à l’intelligence artificielle aux guerres, à l’insécurité de l’eau et aux tensions au Moyen-Orient, en passant par les relations entre l’Occident et la Chine, et l’avenir de la sécurité climatique, de la sécurité nucléaire et de l’immigration.
On s’attend à ce que la participation officielle soit record, avec l’accueil de plus de 50 chefs d’État et de gouvernement, d’une soixantaine de ministres des Affaires étrangères et de plus de 25 ministres de la Défense, en plus de nombreux autres représentants politiques et militaires et de centaines d’experts et journalistes dans l’édition de cette année, qui se poursuit jusqu’au 18 février.
Au lendemain de l’ouverture de la Conférence de Munich, force est de souligner que la France a mis ses pas dans ceux de l’Allemagne pour venir en aide à l’Ukraine, « techniquement » lâchée par l’Oncle Sam. Paris et Kiev sont dorénavant liées, pour « une durée de dix ans » et « tant que l’Ukraine n’aura pas rejoint l’OTAN », par un traité de sécurité. Au moment où ses troupes ont abandonné Avdeïevka aux forces russes, le président ukrainien s’est rendu vendredi 16 février à Berlin ainsi qu’à Paris pour sceller deux traités bilatéraux. En plus de garantir un soutien civil et militaire à l’Ukraine dans la durée, la France s’engage dans ce traité à fournir en 2024 « jusqu’à trois milliards d’euros » d’aide militaire « supplémentaire » à Kiev. « Dans le cadre de cet accord, la France s’est engagée à apporter jusqu’à trois milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine en 2024 », a déclaré Emmanuel Macron, « après les 1,7 milliard d’euros en 2022 et les 2,1 milliards d’euros en 2023 ».
Plus tôt dans la journée, Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont également signé un accord de sécurité qualifié d’« historique » par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l’Ukraine contre l’agresseur russe « aussi longtemps que nécessaire ». « Deux ans après le début de cette guerre épouvantable, nous envoyons aujourd’hui un message très clair au président russe: nous ne relâcherons pas notre soutien à l’Ukraine », a déclaré le dirigeant allemand aujourd’hui contesté par plusieurs mouvements sociaux dans son pays. Le document signé à Berlin contient une aide militaire supplémentaire et immédiate à l’Ukraine d’un montant de 1,1 milliard d’euros, qui représente une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par Berlin pour 2024. Devant son homologue ukrainien, le président français a confirmé vendredi lors d’une conférence de presse qu’il se rendrait en Ukraine « avant la mi-mars ». Emmanuel Macron avait initialement prévu un déplacement en Ukraine ce mois-ci.
A rappeler que depuis la réunion de l’Otan jeudi, les Européens ont enfin acté la nécessité d’une défense commune. Elle doit pouvoir compléter les forces américaines, voire les remplacer après les menaces de D. Trump qui ne veut plus défendre certains alliés. La prise de conscience n’est pas nouvelle, mais l’idée est désormais au premier plan.
Ursula von der Leyen a déjà fait savoir que l’idée d’un portefeuille de commissaire européen à la défense avait ses faveurs et elle veut aussi des emplois de qualité en Europe dans l’industrie de la défense. Elle propose également de lancer de nouveaux programmes d’armements basés sur la réussite des programmes de munitions.
La Commission européenne présentera une proposition de stratégie industrielle de défense dans trois semaines, a-t-elle précisé. La proposition vise à augmenter les dépenses de défense, à « dépenser mieux » avec des achats et des accords conjoints afin de fournir des prévisions à l’industrie et une meilleure interopérabilité entre les forces armées européennes, selon la présidente.
La présidente de la Commission veut aussi collaborer plus étroitement avec l’Ukraine comme le fait l’Otan. « Ce que fait la Russie en ce moment, c’est noyer les forces ukrainiennes sous une masse de soldats, c’est-à-dire qu’elle sacrifie des milliers et des milliers de jeunes hommes lancés par vagues sur le champ de bataille, affirme U. von der Leyen. La Russie utilise contre l’Ukraine des armes rapides et sales produites en Corée du Nord et en Iran. Nous devons donc être plus malins que la Russie. C’est la raison pour laquelle nous allons intégrer l’Ukraine dans nos programmes de défense et ouvrir un bureau à Kiev pour l’innovation en matière de défense. »
U. von der Leyen s’exprimait à Munich aux côtés du Néerlandais Mark Rutte qui pourrait bien être le prochain secrétaire-général de l’Otan. Elle-même devrait bientôt postuler pour un nouveau mandat et la défense risque d’être un sujet majeur de la campagne des élections européennes,