La cour d’appel de Paris a confirmé la peine prononcée en première instance, le 1er mars 2021, contre l’ancien président de la République, 68 ans, qui a écouté la décision assis sur le banc des prévenus, la mâchoire serrée. Nicolas Sarkozy est le premier ancien président condamné à de la prison ferme, son ancien mentor Jacques Chirac s’étant vu infliger en 2011 deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.
Thierry Herzog, son avocat de toujours et Gilbert Azibert, ancien haut magistrat, ont aussi été jugés coupables d’avoir noué un « pacte de corruption » avec N. Sarkozy en 2014 et condamnés à la même peine. La cour d’appel a, en outre, prononcé une interdiction des droits civiques de trois ans pour N. Sarkozy, ce qui le rend inéligible, ainsi qu’une interdiction d’exercer de trois ans pour Me Herzog.
Le 13 décembre 2022, le parquet général avait réclamé trois ans d’emprisonnement avec sursis à l’encontre des trois prévenus, qui ont toujours nié toute corruption. L’ancien homme fort de la droite a contesté « avec la plus grande force » lors du procès en appel ces accusations, réaffirmant à la barre n’avoir « jamais corrompu qui que ce soit ». La condamnation de l’ex-chef de l’État n’a pas suscité beaucoup de réactions de la droite ou des oppositions. Une poignée de tweets attristés de ses anciens collègues des Républicains, quelques minutes d’antenne sur les chaînes d’info et un silence assourdissant du côté des oppositions. Le feuilleton judiciaire de N. Sarkozy ne passionne plus le milieu politique français.
Les Français ont tourné la page Sarkozy, les politiques aussi. Lui qui rêve de jouer le rôle d’aiguillon de la droite française, va devoir endurer d’autres rendez-vous judiciaires. En effet, N. Sarkozy sera rejugé en appel à l’automne dans l’affaire « Bygmalion », outre la menace d’un troisième procès retentissant : le Parquet national financier a requis jeudi son renvoi en correctionnelle dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Ce dossier judiciaire, qui met également en cause trois anciens ministres de l’ex-président, est indirectement à l’origine de l’affaire des écoutes.
Les avocats de N. Sarkozy ont rapidement annoncé se pourvoir en cassation contre la condamnation en appel de l’ancien président. « Nous irons jusqu’au bout du chemin judiciaire s’il le faut », a déclaré Jacqueline Laffont, avocate de N. Sarkozy, à la sortie du tribunal.