Le jugement a été prononcé sans un réel procès : il n’y a eu que trois audiences, toutes musclées. Les avocats de la défense – près de 200 – ont dénoncé, à chaque fois, l’absence de garanties d’un procès équitable. La plupart des détenus ont refusé de comparaître en visioconférence, comme l’avait exigé la justice pour des raisons sécuritaires. Les avocats ont dénoncé à de nombreuses reprises un dossier vide et des vices de procédure.
Ces verdicts, même s’ils étaient attendus, représentent un coup dur pour l’opposition qui compte faire appel du jugement. Au total, 40 personnalités politiques, membres de la société civile, hommes d’affaires, ainsi que d’anciens députés – tous opposants à l’actuel chef de l’Etat – ont été condamnés samedi à des peines allant de 4 à 66 ans de prison.
En fin de matinée, les avocats étaient encore en train de confirmer les peines pour chacun des accusés. Mais on sait déjà que l’homme d’affaires Kamel Eltaief a reçu la plus lourde peine : 66 ans de prison. Ensuite, l’homme politique Khayem Turki a été condamné à 48 ans ; et Nourredine Bhiri, membre du parti islamiste d’Ennahda, également ancien ministre de la Justice et député, a été condamné à 43 ans de prison.
Les peines suivantes varient entre 33, 18, 13 et 10 à 4 ans de prison pour des prévenus qui sont, pour la plupart, encore en liberté, en état de fuite ou à l’étranger. Cité dans cette affaire, Bernard-Henri Lévy, essayiste par trop contesté, écope, lui, de 33 ans de prison.