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Comeback de la Syrie dans le giron arabe : Le Maroc toujours réticent…

Le nouvel ordre qui se dessine dans la région arabe, avec le retour programmé de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe, ne fait toujours pas l’unanimité, en dépit de l’Oukase de l’Arabie Saoudite. On crédite le Maroc, pays hôte du sommet des « Amis de la Syrie », d’une certaine retenue face à un tel retour. La realpolitik finira par triompher.
Comeback de la Syrie dans le giron arabe

Riyad imprime le tempo à l’action arabe vis-à-vis des défis stratégiques desquels l’Iran, comme ses alliés arabes, ont été soustraits à la faveur du parrainage chinois d’une réconciliation saoudo-iranienne. L’épouvantail du « croissant chiite » qui a servi le clivage entre ces deux composantes de l’Islam serait dès lors en voie de mise en bière. L’Arabie aura donc finalement surpris jusqu’à son allié américain de toujours et réduit à néant les efforts, menés de concert avec Israël, pour intégrer le Royaume des Bin Salman dans le processus abrahamique qui a conduit à la normalisation des relations entre Tel-Aviv et Abou Dhabi et Manama, avant que Rabat ne se joint à « la fête »… La normalisation des relations entre l’Arabie et l’Iran avance à pas sûrs avec, comme perspective, la bénédiction d’un comeback de la Syrie sur la scène arabe. Certes, cette dernière éventualité ne semble toujours pas bénéficier d’un consensus.

L’éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes continue donc à diviser. Et le Maroc figurerait parmi les pays ayant « refusé » cette réadmission, au même titre que le Koweït, le Qatar… L’Egypte a montré aussi des réserves, malgré les nombreuses réunions tenues récemment à ce sujet, au Caire, ainsi que les déclarations publiques sur une possible « réconciliation », selon le Wall Street Journal citant de hauts responsables arabes. A un mois de la tenue du Sommet de la Ligue en Arabie saoudite, les Etats n’ont pas encore communiqué officiellement autour de leurs positions. Le même journal impute cette « division » à la crainte de la réaction de Washington qui, il faut le rappeler, dispose de bases sur le sol syrien, illégales dénonce Damas, pour épauler la rébellion kurde d’une part et pour endiguer le danger Daech de l’autre.

C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite accueillera, vendredi à Jeddah, une réunion pour discuter du retour de la Syrie dans le giron arabe. Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres du Conseil de la coopération du Golfe (CCG) y prendront part, ainsi que leurs homologues de Jordanie, d’Egypte et d’Irak.

Composé de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn, d’Oman, du Qatar et du Koweït, le CCG devrait trouver un accord entre ses différents membres, d’autant que certains sont peu favorables au retour de la Syrie à la Ligue. Un « consensus arabe » et un « changement sur le terrain » pourraient cependant faire changer le Qatar de position, selon un responsable cité mardi par l’agence de presse Reuters. Ce retour est par ailleurs activement soutenu par Riyad, qui fait face à un désaccord avec ses alliés clés, USA en tête.

Le 16 novembre 2011, une exclusion provisoire de la Syrie de la Ligue des Etats arabes est entrée en vigueur et la Ligue a appelé au retrait des ambassadeurs arabes à Damas, « aussi longtemps que le régime syrien n’appliquera pas les conditions » d’un plan de réconciliation. Alors ministre des Affaires étrangères et Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani a demandé des sanctions. L’instance panarabe a exprimé, à ce moment-là, son intention de décider des mesures économiques et politiques contre la Syrie. Plus, le même responsable qatari avait révélé que des capitales du CCG, dont Doha, avaient misé des dizaines de millions de dollars pour armer l’opposition pour faire tomber le régime. Avant que ce « rêve » ne s’évapore avec l’appui apporté à Damas par son allié iranien, suivi ultérieurement par un autre de poids : le russe en l’occurrence.

Rabat a rappelé, dans la foulée, son ambassadeur, et des manifestants pro-régime ont attaqué l’ambassade du Royaume à Damas. Le Maroc a même abrité des rencontres de représentants de haut niveau des nations du groupe des Amis de la Syrie, en décembre 2012 à Marrakech, après la formation d’une coalition d’opposition syrienne. Ladite rencontre a été immortalisée par une phrase tenue par Laurent Fabius, à l’époque chef de la diplomatie française, en signalant que « le Front Al-Nosra faisait du bon boulot » en Syrie.

La diplomatie marocaine a nuancé sa position depuis 2019 lorsque Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a prôné plutôt « une coordination arabe » concernant le retour de Damas à la Ligue. Mais il faut dire que cette formulation n’occulte en rien les reproches faits par Rabat à Damas pour son appui aux séparatistes du Polisario. Un appui que d’aucuns voient d’autant plus renforcé et dangereux par un soutien militaire apporté par le Hezbollah libanais et les Pasdarans iraniens aux combattants sécessionnistes réfugiés en territoire algérien.

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