Que diriez-vous des sinistrés du séisme d’Al-Haouz, encore sous le double choc du désastre qui a détruit leurs vies il y a plusieurs mois, désastre toujours doublé d’un mépris affiché à leur égard par les autorités missionnées en principe pour ne serait-ce que tenter d’améliorer leur sort, que seules les intempéries, ou presque, leur rend visite inopinément ? Pas plus tard que vendredi, des averses orageuses, avec grêle locale et des rafales de vent, étaient prévues par la Direction générale de la météorologie (DGM). Les plus dévots d’entre ces milliers de miséreux, dévoilés au grand jours par la magie de la tectonique des plaques, n’ont que les yeux pour pleurer la morsure du froid qui règne encore dans les zones montagneuses, s’ils ne lèvent pas les bras au ciel, priant pour la clémence d’en haut lorsque celle d’en bas s’avère toujours inopérante. Triste que de voir les enfants de l’Atlas incapable de conjurer le mauvais sort qui est le leur. Alors que ni l’Exécutif, ni l’Agence dédiée, ne semblent se soucier le moins du monde de ces « Aït Débrouille » qui ont le droit de nourrir une colère froide contre tous ceux qui leur ont fait faux bond quitte à outrepasser les directives royales. « La branche que tu négliges risque de t’aveugler » dit l’adage. En attendant que les uns et les autres assimilent le bien-fondé de ce dicton, la marmite bout.

Et si on s’amusait à descendre vers les plaines, là où la vue porte loin, il faut croire que l’assurance que se forgent les responsables quant à l’état de somnolence de la société, groggy qu’elle par les multiples coups portés au pouvoir d’achat, n’est que pur leurre. Les Marocains n’affichent pas un encéphalogramme plat. Bien vivants, ils doivent ruser pour survivre. Si l’honorable Haut-commissariat au plan (HCP), confirme dans sa récente enquête sur la situation économique des ménages que l’Indice de Confiance des Ménages a montré une légère amélioration au cours du premier trimestre de 2025, tant par rapport au trimestre précédent qu’au même trimestre de 2024, il n’en reste pas moins que l’affaire est loin d’être entendue pour les acteurs de la chose publique au charbon. Les données livrées par cette honorable vieille dame, outrageusement critiquée par les décideurs, rappellent que 80,9 % des ménages assurent endurer une détérioration de leur niveau de vie au cours des 12 derniers mois. « Ainsi, le solde de cet indicateur est resté négatif à moins 76,5 points, contre moins 76,2 points au trimestre précédent, et moins 78,1 points au même trimestre de l’année dernière », signale l’institution. Voilà qui en dit long sur la dégradation des conditions de vie de la majorité écrasante de la société. L’ascenseur social tombé en panne depuis que l’actuel Exécutif a repris les manettes pour, dit sa propagande, la mise en place du Nouveau modèle de développement (NMD)  et, chemin faisant, asseoir les bases de « L’Etat social », n’a toujours pas été réparé. Quand bien même promettrait-on, comme l’a assuré tout récemment le porte-parole du gouvernement, de revaloriser le SMIG en le portant à hauteur de 4.000 Dh par mois lorsque les syndicats exigent, eux, 6.000 Dh, en fonction de l’évolution du coût de la vie. En attendant les résultats des rounds du dialogue social déjà entamé, force est de revenir sur les constats établis par le HCP. Sur l’évolution prévue du niveau de vie au cours des 12 prochains mois, l’institution affirme que 53,0 % des ménages s’attendent à une détérioration, 40,3 % prévoient une stabilité, tandis que 6,7 % anticipent une amélioration. La preuve, en matière d’achat de biens durables, 80,1 % des ménages ont considéré les conditions défavorables pour effectuer de tels achats au cours du premier trimestre de 2025, tandis que 8,1 % pensaient le contraire. Ceci est d’autant plus inquiétant que sur la situation financière actuelle des ménages, 55,8 % ont déclaré que leurs revenus couvrent leurs dépenses, tandis que 42,0 % ont eu recours à l’épargne ou à l’emprunt, et seulement 2,2 % ont pu épargner une partie de leurs revenus. Quant à l’évolution de la situation financière au cours des 12 derniers mois, 53,3 % des ménages ont signalé une détérioration, contre 4,0 % qui ont signalé une amélioration. Mesurant les attentes concernant la situation financière au cours des 12 prochains mois, le rapport du HCP signale que 14,6 % des ménages s’attendent à une amélioration, contre 31,0 % qui s’attendent à une détérioration, et 54,4 % qui prévoient une stabilité. Faut-il s’en réjouir lorsqu’on sait que la consommation locale est aussi un moteur de croissance ?

A ceux qui barrent la galère du Royaume de répondre. En attendant, la grille de lecture des Marocains s’avère, dans la grisaille ambiante, assez perspicace et ce, en dépit des assurances gouvernementales.  Ainsi, pour les attentes en matière de chômage, 80,6 % des ménages ont indiqué qu’ils s’attendent à une augmentation du chômage au cours des 12 prochains mois, contre 7,2 % qui anticipaient une diminution, et 12,2 % qui s’attendaient à ce qu’il reste stable. 

Quand le vin est tiré, il faut le boire. Voilà à quoi les décideurs sont confrontés s’ils se soucieraient un tant soit peu de l’état de température de la société. Rien ne s’avère mielleux. Pas même le record battu par Youssef El Gatou, chef pâtissier qui porte bien son nom, en réalisant le plus long fraisier au monde. S’étalant sur 121,88 mètres, le fraisier géant a été monté dans une patinoire de la ville d’Argenteuil, en région parisienne, par notre virtuose compatriote. Quand à une heure vol de Rabat, à Douar Al Arab, onze élèves, ont été admis aux urgences de Chtouka Aït Baha, à cause de violentes douleurs abdominales. Les pauvres bambins qui cherchaient à « sucrer » leur vie de misère ignoraient que la solution liquide bon marché que leur proposa un épicier du coin, comme rapporté, allait les conduire dans des ambulances aux soins intensifs. Ni Abdellatif Ouahbi, ni Aziz Akhannouch n’ont réagi. Eux qui ne manqueraient certainement pas de demander les coordonnées du chef pâtisser dont le nom a été sacré dans le Guinness pour se faire servir en toutes circonstances !

N.B :

Le PJD a été privé par l’Intérieur de disposer des fonds publics pour organiser son congrès national. Une décision qui indisposerait certainement tous ceux qui assurent qu’en matière de démocratie, le pays avance à pas de géants. En tout cas, même sans les deniers publics, la formation islamiste a pu tenir en date et en heure son congrès après l’appel à la collecte de fonds lancé par Abdelilah Benkirane. Ce dernier qui a succédé à lui-même, en devançant de plusieurs têtes Idriss Azami Al-Idrissi, aura montré qu’il restait une superstar de ce parti qui sort de l’état comateux dans lequel il a été acculé après sa cuisante défaite électorale de 2021. Valeur refuge ? L’Intérieur aura, par devers lui, donné du poil de la bête à ce « dinosaure » qui meuble la faune politique du pays. Le chef du PJD l’a rappelé : « nous avons encore les dents pour mordre ! » ; D’ores et déjà, l’Intérieur sera poursuivi en justice pour avoir privé la formation islamistes des subsides demandées.

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