Mohamed El Ghalloussi a affranchi les médias vis-à-vis des courriers adressés par l’association qu’il préside à l’ensemble des partis politiques, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition, ainsi qu’aux institutions de gouvernance. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action militant que l’Association entend intensifier dans les jours à venir. Il a insisté sur la nécessité de faire front commun contre ces atteintes, qui remettent en cause les acquis démocratiques garantis par la Constitution de 2011, fondée sur la transparence et la bonne gouvernance.
Dans ce contexte, il a appelé à une grande manifestation de protestation devant le Parlement marocain, prévue samedi à 16 heures, sous le slogan : « Non à la répression des lanceurs d’alerte dans les affaires de protection des deniers publics, non à l’atteinte à l’indépendance du ministère public ». Il a dénoncé ce qu’il a qualifié de « déformation grave du débat » autour du projet de loi, pointant certaines déclarations de parlementaires et de responsables gouvernementaux, qui, selon lui, détournent le débat législatif de ses enjeux réels pour le transformer en « surenchères creuses ». M. El Ghalloussi a cité une déclaration du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, au Parlement, dans laquelle il avait affirmé : « Beaucoup d’entre eux n’avaient même pas de sandales, et les voilà aujourd’hui possédant de grandes fortunes ». En réaction, le président de l’Association a lancé un défi direct au ministre, déclarant : « Que celui qui détient des éléments à mon encontre, ou à l’encontre de l’Association, ou de l’un de ses membres, les transmette à la justice afin d’en finir avec cette manipulation méthodique du débat ». Il a par ailleurs souligné que le véritable enjeu actuel concerne les « reculs graves qui restreignent le rôle des acteurs engagés dans la lutte contre la corruption, des associations aux citoyens, en passant par le ministère public ». Il a mis en garde contre les conséquences d’un affaiblissement du parquet dans les enquêtes et investigations relatives aux affaires de corruption, estimant que cela ouvrirait un large champ à des « pratiques délictueuses que le Maroc s’efforce depuis des années d’éradiquer».
M. El Ghalloussi a également accusé la majorité gouvernementale de raisonner selon une logique de « protection de ses figures politiques les plus en vue, bénéficiaires de la rente sous toutes ses formes », et ce, dans un contexte où plusieurs responsables politiques font l’objet de poursuites judiciaires, grâce à « la dynamique de la société civile et au rôle prépondérant joué par les réseaux sociaux ».
Enfin, le militant associatif a exhorté le gouvernement à « réfléchir, à réagir et à dévoiler les véritables raisons de son entêtement à faire adopter les articles 3 et 7 du projet de Code de procédure pénale », en dépit des critiques formulées par de nombreux acteurs du monde judiciaire et juridique au sein du Royaume.