Sous pression de la droite et de l’extrême gauche, P. Sánchez a ainsi tenté d’atténuer les critiques en niant tout changement dans la position de l’Espagne sur cette question. « De Zapatero à Mariano Rajoy, et moi aujourd’hui, la position du gouvernement sur le Maroc et le Sahara occidental n’a pas changé », a-t-il soutenu.
« Si vous regardez la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, elle est la même que la France, les Pays-Bas, et de nombreux pays de l’Union européenne, mais aussi les Etats-Unis », a-t-il souligné, ajoutant par ailleurs que « la relation avec le Maroc est fondamentale ».
Le contexte de la campagne des législatives anticipées impose au Premier ministre d’adopter une rhétorique qui tranche avec les propos exprimés par le même P. Sánchez, notamment le 8 juin 2022. Auditionné ce jour-là devant la Chambre basse du Parlement espagnole, en réponse à une demande présentée alors par les députés du Parti populaire, il a souligné que l’Espagne avait « un intérêt particulier » à résoudre le différend, insistant sur le fait que « 47 ans de conflit devraient suffire pour comprendre qu’il faut faire bouger nos positions (…) Après plusieurs décennies, de nombreux pays ont compris quelle est la solution la plus réaliste », a-t-il soutenu. Par la même occasion, le leader du PSOE a qualifié la reprise des relations avec le Maroc suite à son appui à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, de « question d’Etat ».
La semaine dernière, P. Sánchez a indiqué dans une interview donnée à la chaîne La Sexta que l’Espagne devrait être « dans cette attitude constructive », d’autant que « la communauté internationale, les Etats-Unis et les principaux pays européens disent qu’il faut trouver d’autres moyens de résoudre ce conflit au sein de l’ONU, et toujours en partant du principe qu’il doit s’agir d’une solution convenue par les parties du conflit ».
Cette ligne de défense n’est pas sans rappeler celle que Mike Pompeo, ex-chef de la diplomatie US, défendait pour justifier la reconnaissance par le président Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara. « Durant des décennies, les administrations américaines n’ont pas réussi à résoudre le conflit entre le Maroc et le Sahara occidental, car elles ne voulaient pas prendre de risques. Nous l’avons fait, dans l’intérêt de la paix », avait-il indiqué. P. Sánchez a par ailleurs rejeté, mardi, tout lien entre son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara et l’espionnage supposé de son téléphone par le logiciel israélien Pegasus.
Hier, une société privée a déployé une grande banderole à Madrid, sur laquelle apparaît une image du Président du gouvernement avec le message suivant : « Casse-toi au Maroc », « Desokupa à la Moncloa ! ». Autant dire que la pression sur P. Sánchez n’émane pas uniquement de la droite et de l’extrême gauche.