Depuis la France, Donald Trump qui s’est déplacé pour l’inauguration de Notre Dame de Paris a signalé que « le monde semble devenir un peu fou en ce moment . » Il ne croyait pas si bien dire, lui, qui affirme que les Etats-Unis ne doivent pas « se mêler » de la situation en Syrie. Une situation qui s’est complexifiée avec la dotation des jihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) et des divers groupes qui lui sont inféodés d’armes de l’OTAN. Une réalité qui confirme, sans le moindre doute, l’appétit bien aiguisé de la Turquie à vouloir ne faire de la Syrie qu’une bouchée. Mais c’est oublier les leçons de l’histoire… Place nette donc à la désinformation. Le directeur de l’aviation civile a démenti les informations selon lesquelles les vols ont été suspendus dans l’aéroport international de Damas et assure qu’il fonctionne normalement. Le ministre syrien de l’Intérieur a fait état d’un cordon de sécurité « très solide » autour de Damas. Et le bureau de la présidence syrienne a démenti les informations véhiculées par certains médias selon lesquels le président syrien Bachar al-Assad a quitté Damas, assurant qu’il assume toujours ses fonctions nationales et constitutionnelles. Un autre information publiée par le quotidien allemand Bild qui a fait état que sa famille a fui en Russie a été démentie par le membre de la Sécurité nationale iranienne dans le Parlement iranien Yaaqoub Reza Zadeh qui a assuré que le conseiller du guide Ali Larijani se trouvait à Damas la veille et l’avait rencontré.
Une source militaire syrienne a déclaré que « les terroristes lorsqu’ils entrent dans les villes et villages, demandent à certains habitants de leur permettre de prendre des photos avec eux pour quelques minutes, les postent sur les réseaux sociaux puis quittent les lieux et déclarent les avoir conquis, pour affecter le moral du peuple et de l’armée ».
D’autres rumeurs qui ont fait état que l’Iran a évacué le personnel de son ambassade à Damas ont aussi été démenties.
Selon le correspondant de la chaine libanaise d’information al-Mayadeen, « la campagne médiatique a tellement été énorme ces derniers jours que les militants qui avaient conclu des accords de réconciliation se sont désistés ». Il a rapporté que le front de Homs n’a été le théâtre d’aucune attaque et la situation y est calme à l’exception de quelques tirs d’obus. Selon lui, les autres fronts non plus n’ont pas changé depuis trois jours si ce n’est le mouvement observé par des miliciens qui avaient conclu des réconciliations avec le pouvoir syrien.
Au sud de la Syrie, l’armée syrienne a déclaré avoir « effectué un redéploiement et un repositionnement de ses forces dans les deux gouvernorats de Deraa et Souweida, après des attaques d’éléments terroristes contre des check-points et des positions éloignées les uns de autres ». Dans un communiqué, elle a assuré que ses forces armées ont repris l’initiative dans les deux gouvernorats de Hama et de Homs. Une source militaire syrienne a nié les informations diffusées par certains médias selon lesquels ses forces syriennes se sont retirées de la région al-Qaryatayn au sud-est de Homs.
En parallèle, l’aviation russo-syrienne a effectué des raids ciblés sur des attroupements de groupes terroristes dans la province nord-est de Homs, tuant et blessant des dizaines d’entre eux, ont rapporté des médias syriens. Selon la télévision syrienne publique, 2500 miliciens ont été tués depuis le lancement de leur offensive le 27 novembre. Vendredi, l’armée syrienne a exécuté une opération spéciale en direction d’al-Dar al-Kabira-Talbisseh-Rasten dans la province Nord de Homs.
Le Conseil militaire de la ville de Manbij, conduit par la milice kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) a déclaré que ses combattants affrontent des attaques militaires turques au Sud et à l’ouest de cette ville située au nord-est de la ville d’Alep. Dans un communiqué publié par son centre médiatique, le conseil a précisé que l’attaque a été lancée par « l’occupation turque et ses mercenaires » depuis deux jours. Le texte indique « qu’un drone de l’armée d’occupation turque a bombardé la région des dizaines de fois pendant que ses mercenaires ont pilonné avec des dizaines d’obus d’artillerie et de missiles pour couvrir des attaques terrestres conjointes effectuées par ses mercenaires et des éléments de Hayat Tahrir al-Cham en direction des villages du Sud et de l’Ouest de Manbij ».
Le porte-parole du gouvernement irakien a révélé que 2000 soldats de l’armée syrienne sont entrés en Irak avec tout leur arsenal, assurant qu’ils sont les invités des forces irakiennes. Pour sa part, le ministère irakien de la Défense a assuré avoir déployé ses forces tout au long de la frontière de l’Irak avec la Syrie entre le casa Rabi’a jusqu’à Sinjar.
D’Astana à Doha :
Les événements en Syrie, où les forces gouvernementales sont confrontées à une offensive de groupes terroristes, sont inacceptables, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, lors de la session du Forum de Doha, plateforme mondiale dédiée au dialogue et à l’échange des idées concernant les questions internationales majeures. Sergueï Lavrov a ajouté qu’il ne fallait pas permettre aux terroristes de prendre possession des territoires de la République syrienne. « Il est inadmissible de laisser un groupe terroriste contrôler des territoires en violation des accords existants, en commençant par la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui affirme résolument la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie », a nuancé S. Lavrov. Cependant, selon lui, le principal défi à relever en Syrie est de faire cesser ces combats. Le responsable russe a également indiqué que les terroristes étaient utilisés par certaines forces dans leur propre intérêt, ce qui est inadmissible : « Nous sommes absolument convaincus qu’il est totalement inacceptable d’utiliser des terroristes pour atteindre des objectifs géopolitiques, comme cela se fait actuellement [en Syrie]. » D’après S. Lavrov, l’offensive des terroristes en Syrie a été minutieusement et longuement planifiée et elle représente une tentative de changer la distribution des forces en Syrie. Il a indiqué que la Russie ferait face à ces tentatives du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham de modifier la situation dans ce pays. « Sur le plan militaire, la Russie soutient l’armée syrienne grâce à ses forces aériennes basées à Hmeimim, aidant ainsi à repousser les attaques terroristes », a-t-il ajouté tout en affirmant que toutes les mesures possibles seraient prises pour soutenir les autorités syriennes légitimes. Parallèlement, il a insisté sur la nécessité de reprendre le dialogue avec les membres de l’opposition, qu’il est important de distinguer des terroristes.
S Lavrov et les ministres des Affaires étrangères iranien et turc, Abbas Araghchi et Hakan Fidan, dont les pays sont garants du format d’Astana, ont tenu une rencontre imprévue sur la Syrie. Elle a été organisée « en marge » du Forum de Doha qui se déroule au Qatar les 7 et 8 décembre. Tous les participants du format d’Astana ont réaffirmé leur engagement envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie et ont appelé au dialogue entre le gouvernement et l’opposition légale.
Le format d’Astana a été lancé en 2017. Il représente un mécanisme tripartite de contrôle du respect de l’accord de cessez-le-feu en Syrie. Les garants du processus (la Russie, la Turquie et l’Iran, la «troïka d’Astana»), ainsi que des représentants du gouvernement syrien et de l’opposition de ce pays, des observateurs des Nations unies, de la Jordanie, du Liban et de l’Irak participent également aux négociations dans le cadre de ce format. Le ministre russe des Affaires étrangères a indiqué que Geir Pedersen, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie, avait également été invité à la réunion des pays du format d’Astana. Selon S. Lavrov, il partage les préoccupations des autres participants et « considère qu’il est important de prendre certaines mesures, en impliquant des acteurs extérieurs influents qui peuvent influencer la situation sur le terrain pour mettre fin aux hostilités actuelles et reprendre les négociations entre les parties syriennes, entre le gouvernement et l’opposition » .
Blanchir le chef de HTC
A l’occasion de cette offensive terroriste, Abou Mohammad al-Jolani, chef de Hayat Tahrir al-Cham et ancien émir de de Daech en Irak, puis fondateur du Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaida, semble jouir d’une couverture positive de certains cercles dans la presse occidentale et du Golfe – malgré les atrocités que son ancienne organisation a commises en Irak et en Syrie, notamment contre les chrétiens, les yézidis et les musulmans chiites, mais aussi contre ses compatriotes sunnites, constate le site Spirit Of Free Speech.
Vendredi, la chaine américaine CNN lui a consacré une « interview exclusive » dans un lieu tenu secret en Syrie. Le chef extrémiste a déclaré que son objectif est de renverser le président Assad et le gouvernement syrien, objectif de longue date des États-Unis et d’Israël. Al-Jolani a affirmé que sa stratégie consiste à créer un gouvernement basé sur des institutions et un « conseil désigné par le peuple ».
Aaron Y. Zelin, chercheur spécialiste du terrorisme qui travaille pour le think tank The Washington Institute For Near East Policy financé par Israël, fait partie de ces cercles qui tentent de blanchir l’image d’al-Jolani. Il a publié le 3 décembre un article dans le Telegraph britannique décrivant le HTC comme un groupe de « djihadistes favorables à la diversité » désireux de garantir les droits des minorités de Syrie.
Parmi les groupuscules terroristes qui ont proliféré pendant la guerre contre la Syrie, le front al-Nosra est la milice qui a commis les massacres les plus horribles en Syrie, semant menant les premières attaques suicides aux voitures piégées dans les quartiers résidentiels des grandes villes, surtout dans la capitale syrienne, et dans les bâtiments publics. Des attaques aux agents chimiques lui sont aussi attribuées.
Classé en 2014 par l’ONU dans la liste des organisations terroristes proches d’al-Qaida, Jolani a déclaré en 2016 avoir coupé ses liens avec al-Qaïda. Mais il avait auparavant pris le consentement de son chef Ayman al-Zawahiri qui le lui a accordé.
Plusieurs experts avertissent que le groupe n’a pas fondamentalement rompu avec son passé jihadiste. Quoiqu’il a changé de look, renonçant à son turban et portant des tenues Il a rebaptisé dans un premier moment le Front al-Nosra en Front Fatah al-Cham. Puis, l’année suivante, il lui a changé de nom pour Hayat Tahrir al-Cham, après une fusion avec quatre groupes takfiristes.
Dans un enregistrement diffusé par la chaîne qatarie al-Jazeera, il avait affirmé que la décision « d’arrêter d’opérer sous le nom de Front al-Nosra et de recréer un nouveau groupe » s’est faite pour « protéger la révolution syrienne » et pour « faire ôter les prétextes avancés par la communauté internationale » pour viser le groupe classé « terroriste » par les États-Unis.
Jeudi, Al-Jolani a signé un message pour la première fois de son vrai nom, commandant Ahmed al-Chareh. Selon l’AFP, il avait confirmé dans une interview en 2021 avec la chaîne publique américaine PBS, que son vrai nom était Ahmed al-Chareh et a expliqué que son nom de guerre était une référence à ses origines familiales dans les hauteurs du Golan syrien occupé d’où d’après lui son grand-père avait été déplacé avec son occupation par les troupes israéliennes. Pendant la guerre en Syrie, ses miliciens blessés avaient été hospitalisés dans les hôpitaux israéliens dans le Golan syrien occupé. Certains d’entre eux avaient même reçu la visite du le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Kiev de la partie
La diplomatie iranienne a appelé l’Ukraine à cesser de soutenir le terrorisme dans la région de l’Asie occidentale, en particulier en Syrie, exigeant la fin des activités hostiles considérées comme une violation du droit international. En réponse aux informations faisant état de l’implication de responsables ukrainiens dans le commerce illégal d’armes fournies par les États-Unis et dans le soutien à des groupes terroristes en Syrie, Moujtaba Demircilu, secrétaire d’État adjoint et directeur du département Eurasie, a déclaré que « cette action constitue une violation flagrante des obligations internationales des pays en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme, et nous appelons les responsables ukrainiens à mettre immédiatement fin à ces activités ». Il a souligné que « les groupes terroristes en Syrie, classés sur la liste terroriste internationale, exploitent le soutien extérieur pour déstabiliser la sécurité de la région ».
Le communiqué a estimé que « l’exploitation de ces groupes pour déstabiliser la région de l’Asie occidentale est une politique immorale et viole tous les principes et normes internationales », avertissant que « l’alliance avec le terrorisme ne fait que conduire à davantage de violence et d’insécurité, avec des effets négatifs sur ses partisans ».
Dans un autre contexte, M. Demircilu a dénoncé les « allégations répétées et injustifiées formulées par des responsables ukrainiens concernant le rôle de l’Iran dans le conflit ukrainien », estimant qu’elles visent à « s’identifier aux Etats-Unis et à l’entité sioniste et à solliciter le soutien financier et militaire de l’Occident ». Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé la position de Téhéran rejetant la guerre depuis le début, appelant les parties belligérantes à adopter le dialogue comme moyen de parvenir à une solution diplomatique au conflit. De multiples sources ont révélé une participation directe de l’Ukraine aux côtés de HTC dans les combats contre l’armée syrienne sur les fronts d’Alep, Hama et Idlib. Des informations préliminaires indiquent que les groupes ukrainiens présents en Syrie sont affiliés à l’unité Les Loups Blancs.
Un employé d’une entreprise militaire a rapporté plus tôt que les groupes armés en Syrie étaient entraînés par des formateurs ukrainiens et qu’ils adoptaient leurs tactiques, soulignant que « les militants ont commencé à utiliser des drones suicides la nuit, ce qui signifie qu’ils sont équipés de drones et de caméras de nuit ou des appareils d’imagerie thermique, et cette tactique est typique du personnel militaire ukrainien ».