« Le PP entretient des contacts directs avec les sphères du pouvoir au Maroc. Il y a une relation fluide avec le Parti de l’Istiqlal, la formation nationaliste historique, sur laquelle il faut toujours compter. Des sources proches des contacts entre le PP et l’Istiqlal soulignent que le parti conservateur espagnol a donné à Rabat des garanties que rien de substantiel ne changerait. Il a demandé à ses interlocuteurs de comprendre le ton et le contenu de leurs attaques contre Sánchez par rapport au Maghreb », rapporte « Penínsulas ».
« Laissez-nous faire la guerre contre les socialistes, mais vous pouvez être sûrs que rien de substantiel ne changera si nous gouvernons. Tel serait le message transmis à Rabat », ajoute la même source. Le PP a, en effet, voté toutes les résolutions dans les deux Chambres du Parlement condamnant le soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.
« Néanmoins, cette stratégie théâtrale pourrait présenter un point faible : l’Algérie. Si le gouvernement algérien a été amené à croire qu’il y aurait des changements notables, sa colère pourrait être monumentale, si le revirement ne se produisait pas », alerte « Penínsulas ». Un ancien-ministre algérien de l’Industrie a, d’ailleurs, mis en garde le PP contre un alignement sur la position de P. Sánchez sur le dossier Sahara, annonçant que les sanctions économiques, imposées depuis une année par son pays contre les exportateurs espagnols, ne seront pas levées.
Alberto Núñez Feijóo, leader du PP, s’était réuni, le 31 mars 2022 à Rotterdam en marge du congrès du Parti populaire européen, avec Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, président du Rassemblement national des indépendants (RNI). Des sources au PP ont confié à la Radio Cope qu’A. N. Feijóo avait rassuré son interlocuteur marocain de « son engagement à maintenir une relation de bon voisinage et de loyauté avec le Maroc et sa volonté de mener une politique étrangère fiable ».
Le chef du PP a promis, le 10 juillet lors du débat télévisé avec P. Sánchez, de « revenir à l’équilibre entre l’Algérie, le peuple sahraoui et le Maroc ». Des déclarations saluées par les médias algériens. « Le chef du Parti Populaire, Alberto Nuñez Feijóo, candidat en puissance au poste de Premier ministre a promis un retour à la position antérieure de son pays dans le dossier sahraoui, basée notamment sur la «transparence» », s’est félicité le quotidien L’Expression.
Mariano Rajoy, dernier patron du PP à avoir gouverné l’Espagne, de novembre 2011 à juin 2018, avait eu en 2004 alors dans les rangs de l’opposition, une lune de miel avec le Polisario. Cependant, une fois à la Moncloa, les intérêts économiques, politiques et sécuritaires avec le royaume ont pris le dessus, le poussant à abandonner ses anciennes promesses faites aux séparatistes par Jorge Moragas, son envoyé dans les camps de Tindouf. Sous la présidence de Rajoy, le Maroc et l’Espagne ont tenu deux réunions de la haute commission mixte en 2012 à Rabat et 2015 à Madrid.