« En réponse aux actions du régime de Kiev, soutenu par les conservateurs occidentaux, une frappe groupée avec des armes de précision à longue portée a été menée ce matin sur un poste de commandement du Service de sécurité ukrainien, le bureau d’études Luch de Kiev, qui assure la conception et la production des systèmes de missiles Neptune, des missiles de croisière à lancement terrestre du système de lance-roquettes multiples Olkha, ainsi que sur un système de missiles antiaériens Patriot », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur Telegram. Celui-ci avait rapporté que le 18 décembre, six missiles ATACMS et quatre missiles Storm Shadow avaient été tirés par les forces ukrainiennes contre l’entreprise Kamensky Combine dans la région de Rostov. La défense aérienne aurait abattu « tous les ATACMS et trois des quatre Storm Shadow ». L’un des missile franco-britannique « a été détourné » de sa cible, avait précisé le ministère, ajoutant qu’« à la suite de sa chute, une structure technique située sur le territoire de l’usine a été endommagé. » Suite à cette attaque, le ministère de la Défense avait promis qu’elle ne resterait «pas sans réponse ».
Par ailleurs, cette frappe russe survient trois jours après l’assassinat d’Igor Kirillov, commandant des forces de défense du NBC, et de son adjoint à Moscou. Un attentat à la bombe dont l’Ukraine est responsable, avait déclaré, sous couvert d’anonymat, un responsable du SBU au quotidien américain New York Times. Du côté ukrainien, citant l’administration militaire de la capitale, la presse fait état d’un mort, évoquant l’emploi de missiles Kinzhal et Iskander-M. Le maire de la ville a rapporté que 9 personnes auraient été blessées, dont quatre hospitalisées.
Implication de l’OTAN
Il y a lieu de relever que les pays européens, alliés de l’Ukraine, « envisagent sérieusement l’idée » d’envoyer des troupes en Ukraine si un accord de cessez-le-feu était signé, a rapporté le Washington Post jeudi 19 décembre, citant des sources proches des négociations. Selon le quotidien américain, les discussions sur cet éventuel déploiement en Ukraine ont eu lieu le 18 décembre à Bruxelles, où Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, a tenu une réunion avec les dirigeants européens et Volodymyr Zelensky. Ces Européens « considèrent qu’il s’agit d’une option consistant à fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine alors que l’adhésion à l’OTAN reste hors de portée », indique le Washington Post, ainsi qu’« un moyen de revendiquer leur place à la table des négociations visant à mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine ». Donald Trump aurait également « montré de l’intérêt pour l’idée » lors de sa rencontre à Paris avec Emmanuel Macron et V. Zelensky, mais la publication note qu’« il n’est pas clair si la nouvelle administration américaine soutiendra un tel arrangement » dans la mesure où celle-ci n’a pas encore pris ses fonctions.
Cette idée, « poussée par Macron », lui qui déjà en février n’avait pas exclu un envoi de troupes occidentales en Ukraine, aurait « suscité l’intérêt » du Royaume-Uni, des États baltes et des pays d’Europe du Nord a souligné le Washington Post. Toutefois, « il n’est pas encore clair quels pays s’engageraient à envoyer des troupes et combien, ou quel serait leur mandat » a précisé la publication. Parmi les « questions clés », figurent également « ce qui se passerait si la Russie attaquait la force déployée » a rapporté au quotidien un responsable participant aux négociations. « Il y a beaucoup de points de vue mais pas encore de décisions », a concédé cette même source.
Le 18 décembre, The Times qui a accompagné John Healey, secrétaire britannique à la Défense à Kiev où il a rencontré son homologue ukrainien, Roustem Oumerov, rapportait qu’Healey aurait « suggéré » d’envoyer des soldats britanniques en Ukraine dans le cadre d’une mission de formation afin de « mieux répondre aux besoins des Ukrainiens ». Plus tôt, le 13 décembre, évoquant cette rencontre entre D. Trump, E. Macron et V. Zelensky à Paris, le Wall Street Journal avait rapporté, citant des responsables, que le président élu américain avait soutenu l’idée de déployer des troupes européennes en Ukraine après la fin du conflit estimant que c’étaient aux Européens de «jouer le rôle principal dans la défense et le soutien de l’Ukraine». Le même jour, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, avait appelé à « ne pas s’emballer » en discutant de telles initiatives. Il a déclaré que ces questions devraient être examinées dans le cadre de négociations.
Londres en pointe
En attendant, Londres va envoyer plusieurs centaines de millions de livres sterling d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, a annoncé jeudi le ministère britannique de la Défense. Cette annonce intervient au lendemain de la visite à Kiev de J. Healey au cours de laquelle il a rencontré R. Oumerov. Selon le communiqué de presse, publié sur le site officiel du ministère britannique de la Défense, cette aide militaire chiffrée à 225 millions de livres sterling (271 millions d’euros) doit notamment se composer de matériel destiné à « renforcer la marine ukrainienne » via la fourniture de « petits bateaux » et de divers drones, des équipement de défense antiaérienne (radars, des systèmes de guerre électronique anti-drones) ou encore des « charges explosives » pour des obus utilisés par les canons automoteurs AS-90 déjà fournis à Kiev par Londres.
« Notre soutien à l’Ukraine est inébranlable et lors de mes rencontres à Kiev aujourd’hui, j’ai clairement indiqué que le soutien du Royaume-Uni se poursuivrait aussi longtemps qu’il le faudrait, quelle que soit la situation en Ukraine, et que nous resterions toujours côte à côte pour garantir que Poutine ne puisse pas gagner », a déclaré J. Healey, cité par le communiqué.
Au cours de ce voyage à Kiev, le responsable « a suggéré » au Times que des soldats britanniques pourraient être envoyés en Ukraine dans le cadre d’une mission de formation. Des soldats ukrainiens sont formés sur le territoire britannique dans le cadre du programme Interflex, avec le soutien de 12 autres pays.
Dans son communiqué de presse, le ministère de la Défense indique que depuis l’été 2022, « plus de 51 000 recrues » ont été formées dans le cadre de ce programme. « Depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement cet été, des centaines de milliers de munitions, des centaines de missiles d’attaque au sol et de défense aérienne, ainsi que des centaines de drones et de véhicules, ont été fournis par le Royaume-Uni », peut-on également lire dans ce document.