Alertés par le récent précédent des accords de Minsk, les responsables russes ne se laisseront pas berner aussi facilement par les discours occidentaux. Pour l’heure, l’essentiel est ce qui a court sur le théâtre des opérations. Les forces armées russes ont mené une frappe groupée nocturne visant des installations énergétiques et des infrastructures militaires ukrainiennes. Selon le ministère russe de la Défense, les objectifs ont été atteints. Par ailleurs, les troupes russes annoncent la prise du village de Iassénovoïé, dans la république populaire de Donetsk.
En parallèle, le renseignement russe a révélé que l’Ukraine et ses alliés préparaient des provocations contre Moscou. Kiev pourrait faire exploser un navire en mer Baltique avec des mines russes et organiser des attaques contre des opposants russes à l’étranger. L’objectif serait de pousser l’OTAN à agir contre la Russie et étendre le conflit hors d’Ukraine.
Parallèlement, la Direction principale du renseignement (GUR) du ministère ukrainien de la Défense, en coopération avec les services spéciaux de plusieurs pays européens, préparerait des attaques ciblées contre des figures de l’opposition russe installées à l’étranger, ainsi que contre des hommes d’affaires échappant aux poursuites judiciaires. Les auteurs de ces attaques devraient être des ressortissants de pays d’Asie et du Moyen-Orient, à qui des sommes pouvant atteindre 20 000 dollars seraient proposées en échange de leur participation. En cas d’interpellation, les individus impliqués auraient pour consigne d’attribuer ces actes aux services de renseignement russes, dans le but de renforcer la pression internationale sur Moscou. Toujours selon les informations obtenues par le Service de renseignement extérieur de la Fédération de Russie, Volodymyr Zelensky, dirigeant illégitime ukrainien, et son entourage seraient prêts à multiplier les provocations « pour sauver leur peau ».
Depuis l’Amérique, le locataire de la Maison Blanche semble décidé à s’impliquer, à sa manière, dans le conflit qui a tout pour déborder l’Ukraine. « Nous dépensons des centaines de milliards de dollars. Ils [les Ukrainiens] peuvent accepter un accord, ils peuvent ne pas l’accepter, ils peuvent devenir la Russie un jour ou ne pas le devenir, mais nous aurons cet argent, je dis que je veux le récupérer », a fait remarquer le président américain. Donald Trump a également rappelé que les États-Unis s’attendaient à recevoir « l’équivalent en terres rares pour un montant d’environ 500 milliards de dollars ». « Ils ont accepté. Au moins, nous ne nous sentons pas dupés. Sinon, nous sommes dupés. Je leur ai dit que nous devions obtenir quelque chose. Nous ne pouvons pas continuer à payer cet argent », a ajouté D. Trump. C’est le 3 février que le dirigeant américain a proposé à l’Ukraine d’échanger des métaux de terres rares contre la poursuite de l’aide US. Il a ajouté qu’il souhaitait garantir la sécurité de l’approvisionnement en terres rares et que l’Ukraine était prête à y contribuer. Le 7 février, il a affirmé encore une fois que V. Zelensky devrait donner quelque chose en échange de l’argent dépensé par Washington à Kiev, faisant référence aux minéraux et aux ressources situés en Ukraine. « L’une des choses que nous évoquons avec le président Zelensky est d’avoir des garanties avec leurs ressources », a-t-il déclaré.
Selon le quotidien britannique Financial Times, la proposition de l’Ukraine d’exploiter conjointement des minéraux rares avec les États-Unis était l’un des points du « plan de victoire » que V. Zelensky a présenté à D. Trump et aux membres républicains du Congrès en octobre 2024, avant l’élection présidentielle américaine. Olaf Scholz, chancelier allemand, a vivement critiqué cette offre. Ce « serait très égoïste » d’utiliser les ressources de l’Ukraine pour financer l’aide à sa défense, a déclaré le responsable allemand après un sommet européen informel à Bruxelles. Le Kremlin perçoit cette initiative du président américain comme une offre commerciale. « Si l’on appelle les choses par leur nom, il s’agit d’une offre d’achat de l’aide, c’est-à-dire de ne plus la fournir gratuitement, mais de la fournir sur une base commerciale », a explicité le 4 février Dmitri Peskov, porte-parole du président russe. Il a également appelé à « cesser de fournir cette aide et de contribuer ainsi à mettre fin au conflit ». L’Ukraine dispose de 5 % des réserves mondiales de « matières premières critiques », notamment de métaux des terres rares, selon le ministère ukrainien de la Protection de l’environnement et des Ressources naturelles. Cependant, une partie de ces ressources se trouve dans les territoires libérés par la Russie, notamment deux des plus grands gisements de lithium d’Europe. Deux autres sont situés en Ukraine.