Une nouvelle passe d’armes entre le Mali et l’Algérie marque l’année qui vient de démarrer. Le gouvernement de transition au pouvoir à Bamako a laissé exploser sa colère contre la dernière déclaration, du 30 décembre, du ministre algérien des Affaires étrangères concernant la situation dans ce pays sahélien. « La solution militaire est impossible au Sahel et au Sahara, notamment au Mali, car elle a été tentée à trois reprises par le passé et a échoué », a estimé Ahmed Attaf. Il s’est également fait l’avocat des mouvements d’opposition, refusant de les qualifier de « bandes terroristes », arguant qu’ils avaient signé, en 2015, les accords d’Alger.
Ces propos ont été fermement dénoncés par le ministère malien des Affaires étrangères. « Visiblement, les succès indéniables des forces armées et de sécurité du Mali ainsi que la pression exercée sur des groupes terroristes soutenus par l’Algérie ont du mal à passer chez certains responsables algériens nostalgiques d’un passé révolu », a indiqué un communiqué du département dirigé par Abdoulaye Diop. Le Mali « condamne avec la dernière vigueur cette nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures maliennes (…) et rappelle que les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes, soutenus par ailleurs par des sponsors étatiques étrangers, relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali », lit-on encore. En outre, le communiqué précise que « le Mali n’est ni demandeur ni preneur de leçons de la part de l’Algérie, qui a conduit, dans un passé récent, en toute souveraineté sa lutte contre le terrorisme ». Il invite l’Algérie à « recentrer son énergie sur la résolution de ses propres crises et contradictions internes, y compris la question kabyle, et de cesser de faire du Mali un levier de son positionnement international ».
Depuis que Bamako a choisi de tourner le dos aux accords d’Alger, annoncé le 25 janvier 2024, les passes d’armes entre les deux pays voisins sont fréquentes. La dernière en date s’est produite en septembre à la tribune de la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Le ministre d’État malien, le colonel Abdoulaye Maïga, avait accusé Alger d’offrir « gîte et couvert à des terroristes et des renégats en débandade ». Au Conseil de sécurité, le Maroc avait soutenu les accusations maliennes.
L’Algérie est allé encore plus loin en faisant preuve de malséance en Mauritanie. En vue de museler les médias mauritaniens ne partageant pas sa version sur la question du Sahara occidental, l’ambassadeur algérien accrédité à Nouakchott a demandé, le 30 décembre, au gouvernement mauritanien qu’il prenne des sanctions contre le site Anbaa.info, qu’il a qualifié de pro-marocain. Le ministre de la Communication mauritanien a tenté, avec diplomatie, de calmer la colère de l’ambassadeur, assurant que son gouvernement ne peut pas fermer le journal en question. Et de proposer à l’Algérie de porter l’affaire devant la justice mauritanienne. Irrité, l’ambassadeur a menacé d’« agir » contre Anbaa.info. Scabreuse affaire qui ne s’est pas limitée à ce seul seuil. En effet, la diplomatie mauritanienne s’est plainte des agissements de l’ambassadeur algérien.
Pour rappel, le même diplomate algérien avait taxé publiquement des médias mauritaniens, en novembre 2023, d’être à la « solde d’un État ennemi » de son pays. « L’enrôlement de ces sites se fait par des visas, des voyages de loisirs, la publicité, la corruption et des sommes d’argent (…) destinés aux mercenaires de la plume, qui n’ont ni crédibilité, ni influence sur l’opinion publique », avait-il souligné dans un communiqué.
En septembre 2011, l’ambassadeur algérien avait demandé à la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA) de sévir contre certains médias mauritaniens. La même HAPA avait d’ailleurs sanctionné en mars dernier deux médias en ligne pour « atteinte à l’Algérie ». Avec une ligne éditoriale critique envers l’Algérie, le site Anbaa.info est privé en Mauritanie de toute subvention et/ou publicités publiques.