Lors d’une déclaration officielle publiée le 23 décembre 2024, le Collège des Chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), composé d’Ibrahim Traoré (Burkina Faso), Assimi Goïta (Mali) et Abdourahamane Tiani (Niger), a dénoncé des « manœuvres de déstabilisation » orchestrées par la France et certains dirigeants de la CEDEAO.
Selon l’AES, ces actions viseraient à freiner ce qu’elle qualifie de « dynamique émancipatrice » dans la région. Les dirigeants de l’AES ont rejeté la récente décision de la CEDEAO de prolonger de six mois le processus de retrait des trois pays membres, dénonçant une tentative de maintenir ces États sous influence. Dans un communiqué rapporté par AES Info, l’AES accuse une « poignée de chefs d’État » d’agir selon des « agendas étrangers » au détriment des peuples sahéliens.
L’alliance a également mis en garde contre une réorganisation des groupes terroristes dans des zones sensibles comme le bassin du Lac Tchad et les frontières entre le Niger, le Nigeria, le Bénin et le Burkina Faso. « Ces regroupements bénéficient d’appuis financiers et logistiques étrangers », affirme l’AES.
Face à ces menaces, l’AES a annoncé des mesures exceptionnelles pour garantir la sécurité et la souveraineté de ses membres. Les forces armées des trois pays ont été placées en état d’alerte maximale, avec un renforcement des patrouilles et de la surveillance dans les zones frontalières. L’AES a également décidé de créer un espace d’opérations militaires confédéral, complémentaire aux espaces nationaux existants. Cette structure vise à coordonner les efforts militaires et à répondre efficacement aux menaces transfrontalières. Les dirigeants ont également lancé un appel à la vigilance des populations, les incitant à signaler toute activité suspecte aux autorités et à rejeter les propositions d’enrôlement dans des groupes terroristes.
L’AES accuse la France de simuler la fermeture de bases militaires tout en maintenant une présence sous une forme moins visible, poursuivant ainsi ce qu’elle qualifie de « velléité néocoloniale » . Selon le communiqué, ces manœuvres visent à affaiblir l’indépendance des États sahéliens. Concernant la CEDEAO, les chefs d’État de l’AES dénoncent une organisation devenue, selon eux, un outil de pression au service des puissances étrangères. « Nous regrettons les déstabilisations régulières initiées par certains dirigeants qui imposent leur volonté au détriment des peuples », déclare l’AES, comme rapporté par AES Info. Au-delà des enjeux militaires, l’AES se présente comme une alliance axée sur la souveraineté et le développement régional. Les dirigeants Traoré, Goïta et Tiani ont réitéré leur vision d’une future fédération sahélienne capable de relever les défis sécuritaires et économiques sans dépendre de l’aide extérieure. Cette alliance trouve un écho positif auprès des populations locales, qui voient en elle un symbole de résistance face aux ingérences étrangères.
A rappeler, enfin, que quatre soldats nigériens ont été tués dans une attaque au cours de laquelle l’armée a réussi à neutraliser « au moins 29 terroristes », ont rapporté les Forces armées nigériennes (FAN), dans un bulletin diffusé le 21 décembre au soir à la télévision publique. Selon cette source, alors qu’une unité opérait dans la localité de Kossey Gossou, celle-ci « a été violemment attaquée par un groupe ennemi à motos ».
L’attaque a eu lieu le 20 décembre dans la région de Tillabéri. Située dans le sud-ouest du Niger, jouxtant le Mali et le Burkina Faso, cette région comprise dans la zone dite « des trois frontières », a été le théâtre d’attaques attribuées au groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS).
À Kurmey, des membre de l’EIGS ont pris le 5 décembre, pour cible des habitants revenant du marché hebdomadaire, faisant 21 victimes. Non loin, à Téra, un affrontement violent entre l’armée nigérienne et les djihadistes a coûté la vie à 43 soldats. Dans la foulée, l’armée nigérienne a annoncé avoir neutralisé 14 membres de ce groupe. Selon le Journal du Niger, les groupes terroristes exploitent la porosité des frontières et le terrain accidenté pour mener leurs opérations. Les civils, pris en étau, sont les premières victimes de cette violence, a regretté le média.