Pour la première fois depuis 2020, un convoi d’aide de l’ONU composé de onze camions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est entré mardi dans les zones rebelles du nord de la Syrie par le poste-frontière de Bab al-Salam avec la Turquie. Ce poste transfrontalier fait partie des deux passage ouverts lundi à l’aide internationale sur ordre du président syrien Bachar el-Assad pour une période initiale de trois mois.
Cette aide s’inscrit dans le cadre de la réponse d’urgence après le séisme du 6 février dont l’épicentre était en Turquie et qui a fait plus de 35 000 morts, dont plus de 3 600 en Syrie. Les camions transportent notamment des tentes, des matelas, des couvertures et des tapis, a déclaré Paul Dillon, porte-parole de l’OIM à l’AFP. Jusqu’à présent, l’aide entrait uniquement par le poste-frontière de Bab al-Hawa reliant la Turquie à la région d’Idleb (nord-est), tenue par des jihadistes et où vivent plus de trois millions de personnes. Ce passage avait été fermé à l’aide humanitaire de l’ONU en 2020 sous la pression de la Russie, alliée de Damas. En tout cas, la communauté internationale, l’Occident en tête, qui tremble pour cette zone qui échappe au contrôle syrien, n’aura pas manqué de remarquer comment l’accueil a été réservé par les djihadistes à cette aide : avec des guerres entre factions. L’essentiel pour le Front Al-Nosra, celui-là même qui a empêché le Croissant rouge syrien de secourir les habitants d’Idlib, est de faire main basse sur l’aide internationale pour en faire une monnaie d’échange auprès de la population désarmée.
Une responsable des affaires humanitaires de l’ONU a reconnu mardi lors d’une conférence de presse dans une localité d’Idleb contrôlée par les rebelles, que l’aide apportée aux sinistrés du séisme « n’est pas suffisante ». La lenteur de l’acheminement de l’aide est due à des problèmes logistiques et à la méfiance entre les belligérants du conflit syrien.
La mission de l’ONU a pour objectif d’évaluer la situation dans les zones qui échappent au contrôle de Damas à Idleb et au nord d’Alep, car le temps presse dans ces régions laissées à elles-mêmes. Plus de trois millions de personnes vivent dans ces zones, qui figurent parmi les plus touchées par le séisme. L’Observatoire syrien des droits de l’homme rapporte que des centaines de personnes sont encore ensevelies sous les décombres de nombreuses localités détruites par les secousses et estime que le bilan pourrait grimper à 7 000 morts.
Le secrétaire général de l’ONU a lancé le jour même un appel d’urgence aux dons de près de 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme en Syrie pendant trois mois. « Aujourd’hui, j’annonce que l’ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois », a déclaré Antonio Guterres à la presse, précisant qu’un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.
A rappeler que la Syrie a critiqué la décision « trompeuse » des États-Unis d’accorder une exemption de sanctions de six mois pour l’aide humanitaire destinée aux sinistrés du séisme. « La décision prise par l’administration américaine d’assouplir temporairement certaines des sanctions cruelles et unilatérales à l’encontre de la nation syrienne relève de la tromperie et de l’hypocrisie. Elle n’est pas différente des précédentes actions destinées à donner une fausse impression humanitaire aux États-Unis. Alors que la levée des sanctions est proclamée pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, les réalités sur le terrain disent le contraire », a fait savoir vendredi un communiqué de la diplomatie syrienne. Ajoutant que « les mesures politiques coercitives des États-Unis ont privé les Syriens de leurs richesses naturelles qui sont pillées. Elles empêchent les institutions de l’État d’améliorer les conditions de vie, de mettre en œuvre des projets de développement et de fournir des services de base. »
Le ministère syrien des Affaires étrangères a ensuite appelé Washington à lever immédiatement et sans condition toutes les sanctions anti-syriennes et à mettre fin à ses violations du droit international et de la Charte des Nations unies.
Pour sa part, le Centre russe de réconciliation pour la Syrie affirme que les organisations internationales compétentes n’aident pas les Syriens touchés par le tremblement de terre dévastateur. « Nous devons attirer l’attention de la Communauté internationale sur le fait que ces institutions se dérobent à leurs responsabilités et ne prêtent pas assistance aux victimes syriennes », a déclaré le chef du centre, le général de division Oleg Yegorov.
De son côté, la Chine a de nouveau appelé les États-Unis à lever complètement et immédiatement toutes les sanctions unilatérales imposées au peuple syrien et à ne pas provoquer délibérément des crises humanitaires. Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a indiqué lors d’une conférence de presse que le gouvernement US doit immédiatement lever les sanctions unilatérales visant la Syrie au lieu de faire une offre politique temporaire, rapporte Xinhua.
Le diplomate a souligné, lundi, que les sanctions unilatérales imposées par la partie américaine avaient directement entravé les efforts déployés pour secourir les victimes du tremblement de terre qui avait frappé la Syrie, ce qui a aggravé la catastrophe.