Dans la foulée de son investiture du 20 janvier, depuis le bureau ovale, D. Trump a donné des précisions sur sa politique étrangère au Moyen-Orient. Le nouveau chef d’État américain, interrogé par des journalistes sur la normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, s’est voulu clair. « Je pense que Riyad finira par faire partie des Accords d’Abraham », a-t-il lâché. « Je n’ai pas besoin de faire pression sur eux. Je pense que cela arrivera. Peut-être pas tout de suite […] Bientôt, pas dans très longtemps ».
Sous l’égide de l’administration Trump, les Accords d’Abraham avaient permis aux Émirats arabes unis, au Bahreïn, au Soudan et au Maroc de normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël. Washington entend donc poursuivre ce processus avec l’intégration de Riyad. Peu de temps avant le 7 octobre et la guerre destructrice dans la bande de Gaza, l’Arabie saoudite s’apprêtait à signer un accord avec l’État hébreu. Depuis, le projet a été mis entre parenthèses. Pourtant, Mohammed ben Salmane, aurait déclaré au secrétaire d’État américain Antony Blinken qu’il ne se souciait pas personnellement de ce qu’il a appelé la « question palestinienne », selon une enquête du mensuel The Atlantic, publié le 25 septembre. Selon cet article fleuve, le prince héritier saoudien aurait également précisé que « la plupart d’entre eux [les Saoudiens, ndlr.] n’avaient jamais vraiment eu connaissance de la question palestinienne. C’est la première fois qu’ils y sont confrontés à travers ce conflit. C’est un énorme problème. Est-ce que je me soucie personnellement de la question palestinienne ? Moi non, mais mon peuple oui, donc je dois m’assurer que cela a du sens » En public, MBS a déclaré que l’Arabie saoudite ne normaliserait pas ses relations avec Israël sans la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. « Le Royaume ne cessera pas ses efforts diligents pour établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale », a-t-il déclaré lors d’un récent discours annuel devant le Conseil de la Choura à Riyad, nous apprend un article de Middle East Eye.
La CPI dans la peur
Les responsables de la Cour pénale internationale (CPI) craignent d’éventuelles sanctions économiques « rapides et sévères » que le nouveau président américain pourrait imposer, a rapporté le 20 janvier The Guardian, citant plusieurs sources. Selon le quotidien britannique, l’administration Trump pourrait rapidement agir et imposer des « sanctions financières draconiennes » à la Cour et son personnel supérieur, y compris le procureur général et les juges. En réponse à l’émission par la Cour de mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Galant, la Chambre des représentants (la chambre basse du Congrès des États-Unis) a approuvé le 9 janvier un projet de loi visant à imposer des sanctions à la CPI.
Baptisé « Illegitimate Court Counteraction Act», ce texte devrait bientôt être soumis au vote du Sénat. Toutefois, selon The Guardian, le nouveau locataire de la Maison Blanche pourrait décider de ne pas attendre l’adoption du texte par le Congrès et « créer la base juridique pour plusieurs séries de sanctions » via un décret.
Toujours selon le quotidien britannique, citant ses sources, la CPI se préparerait au « pire scénario ». « On craint que les sanctions ne soient utilisées afin de fermer la Cour, de la détruire, et pas seulement pour lui lier les mains », a déclaré au Guardian un responsable de la CPI. Plusieurs de ces sources ont indiqué que le cloud Microsoft Azure, propriété de la société américaine Microsoft qui aide à moderniser les systèmes informatiques de la CPI, était essentielle au fonctionnement de la Cour. La suspension de l’accès à cette plateforme paralyserait toutes les enquêtes menées par la Cour. « Nous stockons essentiellement toutes nos preuves dans le nuage », a déclaré une des sources du quotidien.
Le 21 novembre 2024, la CPI a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien et de l’ancien ministre israélien de la Défense, pour crimes de guerre en Palestine, notamment dans la bande de Gaza. Le même mois, Michael Walz, conseiller à la sécurité nationale de D. Trump, a promis une « réponse forte au parti pris antisémite de la CPI et de l’ONU ». N’ayant pas ratifié le statut de Rome, texte fondateur de la CPI, les États-Unis ne reconnaissent pas la compétence de cette cour. En outre, la loi sur la protection des militaires américains (ASPA), en vigueur depuis 2002 et surnommée « The Hague Invasion Act », autorise le président à utiliser « tous les moyens nécessaires et appropriés », y compris la force armée, pour libérer un militaire américain et toute « personne alliée couverte » qui viendrait à être détenue par la Cour.