Le président français a annoncé en mai que Paris pourrait prochainement reconnaître un État palestinien, à certaines conditions. Plus tard, depuis Singapour, Emmanuel Macron a aussi assuré qu’une telle reconnaissance n’est « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique ». Déclarations qui lui ont valu de très vives critiques de la part de responsables israéliens, mais aussi américains. Une source au ministère israélien des Affaires étrangères l’a accusé de « mener une croisade féroce contre Israël » alors que Mike Huckabee, ambassadeur américain en Israël, lui suggérait de créer l’État palestinien « en Côte d’Azur. »
Les médias israéliens ont rapporté que les États-Unis avaient mis en garde la France et la Grande-Bretagne contre la reconnaissance de la création d’un État palestinien lors de cette conférence.
Mais selon le Jerusalem Post, un haut responsable français a déclaré que « la conférence de juin ne se concentrera pas sur la reconnaissance de l’État palestinien ». Ajoutant que « l’objectif principal du document attendu de la conférence de juin est de formuler une vision internationale largement partagée pour le désarmement du Hamas, d’obtenir la libération de tous les otages israéliens, de réformer l’Autorité palestinienne et de planifier la jour à venir, y compris à travers la perspective d’une solution à deux États ».
Selon le quotidien israélien, malgré ces assurances, les dirigeants israéliens soupçonnent toujours que les déclarations françaises ne visent à apaiser les craintes tout en faisant discrètement avancer la cause de la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien dans les coulisses.
Au moment où le gouvernement israélien intensifie sa guerre génocidaire à Gaza dont il occupe désormais 75% de la surface et ne cache ses velléités d’en expulser ses habitants, et étend la colonisation juive en Cisjordanie occupée, l’établissement d’un Etat palestinien est plus compromis que jamais.
A Londres, Jeremy Corbyn, ex-chef de l’opposition britannique, appelle à la fin de la guerre contre Gaza et présente un projet de loi visant à enquêter sur la complicité et le rôle militaire de la Grande-Bretagne dans le soutien aux crimes d’Israël à Gaza. Dans des déclarations à la presse, publiées sur sa page X, J. Corbyn a demandé : « Quelles armes le Royaume-Uni a-t-il fournies à Israël ? Lesquelles de ces armes ont été utilisées pour tuer des Palestiniens ? Quel est le but de l’utilisation de la base aérienne britannique d’Akrotiri (une base aérienne britannique située dans le sud de Chypre) ? »
Il y a quelques jours, des documents du gouvernement britannique examinés par The Gray Zone ont révélé que les procureurs britanniques avaient collaboré avec les autorités d’occupation israéliennes pour classer les manifestants anti-génocide de la bande de Gaza comme des « terroristes » et les emprisonner pour des raisons hautement politisées. Des documents montrent aussi que Londres coordonne avec les responsables israéliens pour poursuivre les manifestants liés au groupe d’activistes Palestine Action, pour avoir perturbé les opérations d’Elbit Systems, fabricant d’armes mortelles utilisées lors du génocide à Gaza.
A l’appel d’une large coalition d’organisations anti-génocide, une manifestation massive a été organisée mercredi 4 juin devant le Parlement à Londres pour faire pression sur le gouvernement britannique afin qu’il mette fin à son soutien militaire à Israël et lui impose des sanctions pour ses crimes de guerre en cours dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié mercredi la situation à Gaza d’« horrible », soulignant que les actions d’Israël sont « intolérables », a rapporté le site web de la chaine qatarie al-Jazeera. K. Starmer a réitéré l’opposition de son gouvernement à « l’opération militaire » israélienne en cours à Gaza, ainsi qu’à la violence des colons en Cisjordanie, appelant à un retour au cessez-le-feu et à la libération des prisonniers.
Le même jour, le gouvernement britannique a demandé une enquête indépendante sur les tirs israéliens qui ont fait plusieurs dizaines de morts dimanche et mardi près d’un centre de distribution d’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza. « Les civils désespérés qui ont enduré 20 mois de guerre ne devraient jamais risquer d’être tués ou blessés pour simplement se nourrir et nourrir leur famille », a déclaré au Parlement Hamish Falconer, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, en demandant une enquête « immédiate et indépendante ». « Les nouvelles mesures prises par Israël pour l’acheminement de l’aide humanitaire sont inhumaines », a-t-il également déclaré.