Mustapha Baitas fait preuve d’optimisme à la veille du 1er mai. Et pourquoi en serait-il autrement lorsque les exigences de la fonction le forcent à ne point se démonter, quand bien même la réalité prouve le contraire. Et ce qu’a déclaré le porte-parole du gouvernement est symptomatique de cette réalité-là. A ses yeux, le dialogue social engagé avec les syndicats « se déroule dans une atmosphère très constructive », a assuré, jeudi à Rabat, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement. Mais à part ces promesses cousues de fil blanc quant à la température dudit dialogue, lequel s’exprime souvent dans la rue, comme le rappellent notamment et les coordinations des enseignants dits « contractuels », et les médecins et infirmiers, rien. Nada. Un « oualou aérien », comme le disait un Fellag en colère.
La preuve ? Ledit responsable qui, en principe, ne doit donner de la voix que quand il a quelque chose à dire, a préféré jouer la partition de la casuistique. Ce n’est qu’une fois disponibles que les données se rapportant aux résultats du dialogue social seront divulguées, a-t-il souligné. Faut-il blâmer ce ministre qui s’est empressé de sacrifier au rituel en organisant, au pied levé, un point de presse à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement tenu jeudi, c’est-à-dire à quelques jours près de la fête du travail, sans rien dire de « consistant » ? L’affaire mérite réflexion. Et en matière de conjectures, on peut avancer cette idée qui résume tout : soit l’Exécutif ne promet rien de consistant à la classe laborieuse durement touchée et par la pandémie et ses répercussions et par les dégâts collatéraux de la confrontation russo-occidentale, auquel cas il serait illusoire de pouvoir « gouverner » sans paix sociale.
Soit l’accord souhaité scellant l’aboutissement du dialogue tripartite (gouvernement, syndicats et patronat) s’avère inachevé, voire biaisé. Nul besoin de souligner ici que les centrales syndicales qui comptent encore de vrais battants ont une mémoire vive qui les renseigne quant à la fatuité du discours officiel. Dans ce qu’on promet en général aux travailleurs, ce qui est donné par une main et vite repris par l’autre !
Les premiers rounds du dialogue social datent, rappelle-t-on. Ils ont eu lieu les 24 et 25 février. Fallait-il à l’Exécutif autant de temps pour ficeler son offre alors que la marmite sociale bout dangereusement ? La question mérite, en tout cas, d’être soulevée. Surtout lorsqu’on sait que nombre de ministres, une fois assurés de leurs maroquins, ont fait la nouba auprès du syndicat du Patronat. Ce n’est certainement pas pour porter le SMIG et le SMAG à hauteur des 3.000 Dh promis par des leaders de la majorité mensuellement aux Marocains. Attendons pour voir.