N. Thami s’est référée au mémorandum du 16 juin 2025 du HCP, qui révèle que plus de 101 000 enfants âgés de 7 à 17 ans travaillaient en 2024, principalement dans les zones rurales. Près de 90 % d’entre eux ont définitivement quitté l’école.
La députée a exprimé une vive inquiétude face au fait que plus de 62 000 enfants, soit 6 sur 10 de ceux qui travaillent, sont engagés dans des activités considérées comme dangereuses, selon le même rapport. Et rappelé également les données précédentes du Conseil économique, social et environnemental sur les jeunes «NEET» (ni en éducation, ni en emploi, ni en formation) et le phénomène de décrochage scolaire qui touche chaque année entre 280 000 et 300 000 enfants. Elle a souligné l’ampleur de l’économie informelle, qui compte plus de deux millions d’unités de production hors cadre légal.
Face à cette situation, l’élue a demandé au ministre de préciser les mesures que son département, en collaboration avec d’autres secteurs et institutions concernés, entend prendre pour réduire le travail des enfants, surtout dans les activités dangereuses. Elle a insisté sur la nécessité de respecter les dispositions du Code du travail et les engagements internationaux du Maroc en matière de protection de l’enfance et de lutte contre l’exploitation économique des mineurs.
Elle a conclu en exhortant le gouvernement à appliquer les lois criminalisant le travail des enfants, soulignant que la persistance de ce phénomène menace l’avenir des jeunes générations et les bases du développement durable que le pays ambitionne de construire.
Lors de la Journée mondiale contre le travail des enfants commémorée chaque 12 juin, le HCP a levé le voile sur la situation dans le Royaume. En affirmant qu’en 2024, près de 101 000 enfants âgés de 7 à 17 ans ont été concernés par le travail ou l’aide dans des emplois au Maroc. Ce chiffre représente une baisse de 8,2% par rapport à 2023 et une diminution de 59,1% par rapport à 2017, d’après les données de l’enquête nationale sur l’emploi de l’année dernière.
Les données notent que les enfants au travail représentent 1,3% de tous les mineurs de ce groupe d’âge. La majorité vit dans des zones rurales, où 2,5 (environ 78 000) travaillent, contre seulement 0,5% (environ 23 000) dans les zones urbaines.
Le travail des enfants est non seulement plus courant dans les zones rurales, mais aussi significativement plus élevé chez les garçons. En 2024, 84,6% des enfants travailleurs sont des garçons, 89% étant âgés entre 15 et 17 ans. Par ailleurs, 77,5% sont dans le milieu rural.
De plus, 10,7% des enfants travailleurs sont encore scolarisés, 87,7% ont quitté l’école et 1,6% n’y ont jamais été inscrits, ce qui souligne le lien fort entre le travail des enfants et le décrochage scolaire.
Dans le Maroc rural, la majorité sont employés dans des activités du secteur primaire. Le HCP rapporte que 70,3% des enfants travailleurs ruraux sont engagés dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche. En revanche, ceux dans les villes sont principalement employés dans les services (58,8%) et l’industrie (26,1%).
Une autre constatation concerne la nature de l’emploi. Près de six enfants travailleurs sur dix en milieu rural (57,4%) sont des aides, tandis que 29,5% sont des employés. En milieu urbain, 51,7% des enfants travailleurs sont des employés, 28,3% des apprentis et 14,6% des aides.
Des conditions dangereuses
Le HCP met également en lumière une réalité alarmante : environ 62,7% des enfants travailleurs (environ 62 000) effectuent un travail dangereux. Parmi ceux impliqués dans des activités dangereuses, 73,1% vivent en milieu rural, 89,8% sont des garçons, et 84,4% ont entre 15 et 17 ans.
Le travail dangereux est particulièrement répandu dans les secteurs de la construction et de l’industrie. Selon le HCP, 74,4% des enfants travaillant dans la construction sont confrontés à des conditions dangereuses, contre 88,6% dans l’industrie, 71,1% dans les services et 51,7% dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche.
En ce qui concerne les circonstances familiales, le travail des enfants affecte 73 000 ménages marocains, représentant 1% de l’ensemble à l’échelle nationale. Ils sont majoritairement situés en milieu rural (51 000) par rapport à 22 000 en milieu urbain. Près de 7,6% de ceux concernés sont dirigés par des femmes.
La taille des ménages joue également un rôle. La proportion de ceux avec au moins un enfant travailleur est de 0,3% parmi ceux comptant trois membres, mais augmente progressivement à 2,7% parmi les ménages de six personnes ou plus.
Le statut socio-économique du chef de ménage est un autre facteur important. Le travail des enfants se retrouve dans 1,2% de ceux où le chef n’a pas d’éducation formelle, 0,9% où le chef n’a qu’une éducation primaire, et est presque inexistant dans les ménages où le chef de famille a un niveau éducatif supérieur.
Par ailleurs, 38% des enfants travailleurs viennent de ménages dirigés par des ouvriers agricoles, 24% de ceux tenus par des cadres moyens, des employés, des commerçants, des opérateurs de machines ou des artisans, 22,9% d’ouvriers et 15% de ceux dirigés par des personnes inactives. Le phénomène est quasiment absent parmi les familles dont les chefs sont des cadres supérieurs.