D’après ce document intitulé « Evaluation annuelle des menaces » (Annual Threat Assessment), la « pression » de la Chine sur Taïwan – dont elle revendique le territoire – et « les vastes opérations cyber contre des cibles américaines » sont autant d’indicateurs des menaces pesant sur la sécurité des Etats-Unis.
Non classifié, le rapport, dénoncé par Pékin, fournit un aperçu des « perspectives collectives » des principales agences US du renseignement quant aux dangers posés par des pays étrangers et des organisations criminelles.
« La Chine présente la menace militaire la plus complète et la plus forte pour la sécurité nationale » américaine, indique le document publié par les services de Tulsi Gabbard, directrice du renseignement US. Et d’ajouter que Pékin est « l’acteur le plus à même de menacer les intérêts des Etats-Unis au niveau mondial ». Même si, prévient la même source, la Chine est plus « prudente » que d’autres pays examinés dans le rapport, comme la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, l’Etat-parti se gardant d’apparaître « trop agressif ».
Mardi, lors d’une audition au Sénat, T. Gabbard, a déclaré que « la Chine (était) notre concurrent stratégique le plus fort », selon les informations dont disposent les Etats-Unis. « L’armée chinoise déploie des moyens avancés tels que des missiles hypersoniques, des aéronefs furtifs, des sous-marins avancés, du matériel de guerre informatique et un arsenal plus important d’armes nucléaires », a-t-elle encore rappelé. Selon le rapport du milieu des renseignements, « Pékin va continuer de développer ses activités d’influence néfastes, coercitives et subversives » pour affaiblir les Etats-Unis sur les scènes intérieure comme internationale. Les agences préviennent aussi que Pékin va chercher à s’opposer à ce qu’il considère comme « une campagne conduite par (Washington) pour ternir les relations internationales de la Chine et renverser » le Parti communiste chinois.
T. Gabbard, a également estimé que l’Iran ne cherchait pas activement à se doter de l’arme nucléaire pour le moment, mais que les discussions sur la nucléarisation s’étaient intensifiées au sein du régime de Téhéran.
« La Commission du renseignement continue d’estimer que l’Iran ne fabrique pas d’arme nucléaire et que le Guide suprême Khamenei n’a pas autorisé le programme d’armement nucléaire qu’il a suspendu en 2003 », a-t-elle déclaré lors de l’audition de la Commission sénatoriale du renseignement. Elle a toutefois ajouté qu’au cours des dernières années, on a constaté une « érosion d’un tabou vieux de plusieurs décennies en Iran concernant les discussions publiques sur les armes nucléaires, ce qui a probablement encouragé les partisans de l’arme nucléaire au sein de l’appareil décisionnel iranien ».
« Le stock d’uranium enrichi de l’Iran atteint son plus haut niveau, un niveau sans précédent pour un État dépourvu d’armes nucléaires », a-t-elle ajouté. La directrice du renseignements américain a ajouté que l’impact total des sanctions renouvelées sur l’Iran n’est pas encore effectif, mais que le « message » a été « certainement entendu » par Téhéran.
De par son arsenal nucléaire et sa résilience économique, la Russie est un concurrent redoutable pour les États-Unis, soutient le même rapport US présenté au Sénat. L’utilisation par Moscou de son potentiel nucléaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour les États-Unis, souligne un rapport des services de renseignement américains présenté devant une commission sénatoriale. « Le potentiel nucléaire et les capacités conventionnelles de la Russie, associés à sa résilience économique et militaire démontrée, en font un concurrent redoutable », indique ce rapport.
L’expérience de lutte contre les armes occidentales que la Russie a obtenue en Ukraine et peut partager avec d’autres pays représente aussi un défi pour les États-Unis, selon le monde du renseignement US. Le document évoque en outre l’approfondissement des liens entre Moscou, Pékin, Téhéran et Pyongyang:
« Depuis 2022, la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord se sont rapprochées. L’élimination du facteur aggravant du conflit en Ukraine ne permettra probablement pas de ramener ces relations bilatérales à leur niveau d’avant-guerre, soit 2022 », soutient encore le renseignement américain.