L’armée russe cherche à repousser les soldats ukrainiens de la zone depuis leur offensive transfrontalière l’été 2024, et a déjà repris plus des deux tiers des territoires initialement conquis par Kiev, écrit l’AFP. Ces opérations se déroulent alors que les frappes russes qui se démultiplient ont fait au moins douze morts dans l’est de l’Ukraine dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars, selon les secours et les autorités locales, au lendemain d’une attaque massive de drones et de missiles sur les infrastructures énergétiques du pays.
Dans la soirée du vendredi 7 mars, « les Russes ont frappé le centre de Dobropillia », ville de la région de Donetsk. « Au moins onze personnes ont été tuées et trente autres blessées », et neuf bâtiments ont été endommagés, ont indiqué les secours sur la messagerie Telegram. Dans la région de Kharkiv, également dans l’est, un drone a frappé une entreprise civile de la ville de Bogodoukhiv, a indiqué Oleg Sinogoubov, chef de l’administration militaire régionale. Malheureusement, lors de cette attaque, « une personne a été tuée, son corps carbonisé a été récupéré dans les décombres, l’examen médico-légal est en cours. Sept autres personnes ont été blessées », a-t-il écrit sur Telegram.
Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi dans un communiqué avoir repris à l’armée ukrainienne trois villages de la région russe de Koursk – Viktorovka, Nikolaïevka et Staraïa Sorotchina – où la position des soldats de Kiev se détériore ces dernières semaines. L’armée russe cherche à repousser les soldats ukrainiens de la zone depuis leur offensive transfrontalière l’été dernier, et a déjà repris plus des deux tiers des territoires initialement conquis par Kiev.
Selon le blog militaire DeepState, proche de l’armée ukrainienne, une « brèche » s’est produite dans les défenses ukrainiennes au sud de la petite ville de Soujda, sous occupation des forces de Kiev. « L’une de nos brigades s’est retirée de ses positions. Après cela, l’ennemi a renforcé ses forces et a systématiquement lancé des opérations d’assaut. Hier et avant-hier (6 et 5 mars), ils ont fait une percée – voilà le résultat », a indiqué DeepState, suivi par près de 800.000 abonnés sur Telegram. Selon une source dans l’armée interrogée par le journal ukrainien Ukrainska Pravda, les militaires tentent de « stabiliser la situation » mais les troupes russes peuvent être en mesure de « couper complètement les voies d’approvisionnement ».
Le ministre de la Défense russe a, de son côté, annoncé avoir intercepté 31 drones russes dans la nuit. Une attaque de drone a visé la raffinerie de Kirichi, dans la région de Leningrad, a indiqué Aleksandr Drozdenko, gouverneur de la région. « Les forces de défense aérienne ont abattu un drone en approche et en ont détruit un autre au-dessus du territoire de l’entreprise. La structure externe de l’un des réservoirs a été endommagée par la chute de débris », a-t-il indiqué sur Telegram.
La Russie a lancé, le 7 mars, une attaque massive de drones et de missiles sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, suscitant une forte réaction de Donald Trump. « Compte tenu du fait que la Russie « pilonne » actuellement l’Ukraine sur le champ de bataille, j’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social. Le même jour, Washington a néanmoins « temporairement suspendu » l’accès de l’Ukraine à son imagerie spatiale, a annoncé un porte-parole de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGI).
John Ratcliffe, directeur de la CIA, avait déjà confirmé, le 5 mars, que la transmission de renseignements à l’Ukraine avait été gelée. Pour Kiev, les renseignements US sont aussi importants que le matériel militaire dans la lutte contre l’offensive russe. D. Trump avait ordonné deux jours plus tôt une pause dans l’aide militaire des États-Unis à l’Ukraine, après sa spectaculaire altercation la semaine dernière avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le président américain a déclaré néanmoins qu’il trouvait « plus facile » de traiter avec la Russie qu’avec l’Ukraine dans le cadre des efforts pour mettre fin à la guerre, quelques jours avant des pourparlers prévus en Arabie saoudite entre négociateurs américains et ukrainiens. « Je trouve franchement qu’il est plus difficile de traiter avec l’Ukraine, qui n’a pas les cartes en main », a encore indiqué D. Trump.
De son côté, Marco Rubio, secrétaire d’État US, « a souligné que le président Trump est déterminé à mettre fin à la guerre dès que possible et a insisté sur le fait que toutes les parties doivent prendre des mesures pour garantir une paix durable », au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Andriï Sybiga, a souligné la porte-parole américaine Tammy Bruce, le 7 mars.
Malmené ces dernières semaines par son homologue américain qui a repris à son compte l’argumentaire du Kremlin, V. Zelensky a de son côté de nouveau réclamé l’instauration dans un premier temps d’une trêve des frappes aériennes, voyant dans la dernière salve une nouvelle preuve du peu de disposition de Moscou pour la paix. Pour faire face au désengagement américain sur le continent, les vingt-sept dirigeants européens ont donné jeudi leur feu vert au plan de la Commission européenne, baptisé « Réarmer l’Europe », qui vise à mobiliser 800 milliards d’euros pour augmenter les capacités de défense. Keir Starmer, Premier ministre britannique, a salué peu après les « progrès » réalisés par l’UE lors de ce sommet, estimant qu’ils constituaient un « pas en avant historique », selon une porte-parole de Downing Street.