Un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine pourrait être conclu d’ici quelques jours ou quelques semaines, a affirmé samedi 15 février l’envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine. « Il faut nous donner un peu de répit et de temps, mais quand je dis ça, je ne parle pas de six mois, je parle de jours et de semaines », a-t-il déclaré depuis un évènement en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, assurant être à « l’heure de Trump ». Le 22 janvier, le Wall Street Journal rapportait que D. Trump avait demandé à K. Kellogg de proposer un règlement du conflit ukrainien sous 100 jours. Le même jour, sur Truth Social, il avait brandi la menace de nouvelles sanctions contre la Russie si un accord pour mettre fin au conflit en Ukraine n’était pas trouvé.
Selon K. Kellogg, une approche « à deux voies » est effectuée par les États-Unis dans le cadre de cette tentative de résoudre le conflit ukrainien, en s’adressant d’une part à la partie russe et d’autre part à la partie ukrainienne et ses alliés. Si celui-ci a insisté sur le fait qu’on ne pouvait « exclure qui que ce soit » et qu’il fallait « impliquer les alliés », les Européens ont peu apprécié que K. Kellogg précise que ces derniers puissent ne pas être physiquement conviés à la table d’éventuelles négociations, bien que leurs intérêts seraient pris en compte. « Je viens de l’école du réalisme et je pense que cela ne se produira pas », a-t-il répondu, lorsqu’interrogé sur cette présence européenne. « Il n’y a aucune façon de mener des discussions ou des négociations sur l’Ukraine, sur l’avenir de l’Ukraine ou sur la structure de sécurité européenne, sans les Européens » a déclaré à la presse, également à Munich, le président finlandais Alexander Stubb.
Depuis l’annonce, le 12 février, d’un échange téléphonique entre D. Trump et Vladimir Poutine, qui pourrait déboucher sur une rencontre d’ici la fin du mois, les Européens redoutent d’être tenus à l’écart des négociations et exigent d’y prendre part. « Les principaux pays européens » doivent se réunir le 17 février à Paris « pour des discussions portant sur la sécurité européenne », a annoncé ce 16 février le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Une rencontre qui va se tenir après une Conférence de Munich sur la sécurité ayant révélé au grand jour les divergences d’approche entre Washington et ses alliés européens sur plusieurs dossiers majeurs, principalement l’Ukraine et la liberté d’expression.
Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a prévenu, lors d’une conférence de presse avec son homologue serbe Marko Djuric, que la Russie s’opposera à toute concession territoriale à l’Ukraine, afin de ne pas laisser la population sans protection compte tenu des crimes commis par le régime de Kiev.« Vous voudriez que ces manières nazies… Or les forces ukrainiennes agissent de façon bien pire que les bourreaux d’Hitler. Regardez les atrocités qu’elles commettent dans ces territoires. Et vous voudriez dans le cadre des négociations de règlement que nous envisagions même l’éventualité de céder certains de ces territoires ? Comment faudrait-il les céder ? Avec leur population, avec les Russes ? Ou bien sans personne, mais avec uniquement les terres rares ? » a-t-il interrogé.
Évoquant les avancées dans les pourparlers avec les États-Unis sur l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe a nuancé au sujet d’une prise en considération des réalités territoriales par les autorités américaines : « Les représentants américains, qui discutent en grand nombre aujourd’hui de la manière d’aborder la crise ukrainienne, et on ne sait toujours pas qui parmi eux sera chargé par le président Trump de parler au nom de l’administration de Washington sur la question ukrainienne, ils parlent aussi de compromis. Ils commencent vraiment à parler de concessions territoriales ». Le ministre a cependant précisé que la Russie accordait une grande importance à l’écoute de ses interlocuteurs, en particulier lorsque de nouvelles pistes de dialogue sont proposées. Selon lui, l’échange téléphonique récent entre V. Poutine et D. Trump a permis de souligner la nécessité de surmonter les différends qui entravaient jusqu’alors les relations bilatérales : « Quand nous allons à des négociations, proposées par nos partenaires, nous voulons avant tout les écouter. Lors de leur conversation téléphonique, les présidents Poutine et Trump sont convenus de laisser derrière nous la période absolument anormale dans les relations entre nos deux grandes puissances, lorsqu’il n’y avait pas d’échanges, sauf sur des questions techniques et humanitaires spécifiques. Les présidents ont convenu qu’il était nécessaire de reprendre le dialogue sur toutes les questions qui, d’une manière ou d’une autre, pouvaient être réglées avec la participation de la Russie et des États-Unis ».
S. Lavrov a aussi commenté l’attitude de l’Europe à l’égard de la résolution du conflit et l’inutilité de l’inviter à des pourparlers de paix, citant l’exemple de la position finlandaise: « Le président finlandais Alexander Stubb a déclaré qu’il fallait avant tout conclure un cessez-le-feu et l’utiliser pour renforcer militairement l’Ukraine. Autrement dit, les Européens n’ont pas abandonné leur philosophie, donc je ne sais pas ce qu’ils viendraient faire à la table des négociations. S’ils ont l’intention d’arracher des idées déloyales pour geler le conflit, tout en ayant en dessous, comme ils en ont l’habitude, l’intention de continuer la guerre, pourquoi faudrait-il les inviter ? ».