« Les Émirats arabes unis ciblent le Soudan et prennent des mesures préjudiciables à notre patrie, dans le but de tenir une conférence spéciale sur la situation au Soudan le 14 février 2025, en marge du sommet de l’Union africaine, avec la participation d’organisations internationales et régionales telles que les Nations Unies, l’Union africaine, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie, ainsi que d’autres pays », a affirmé lundi Malek Agar.Le vice-Président du Conseil de souveraineté a indiqué dans un communiqué que « ces démarches incluent une invitation à l’Egypte », soulignant que « cette initiative ne cherche qu’à déformer les faits et à poursuivre l’agression contre le Soudan », selon le site Sudan News.
Le responsable soudanais a fustigé Abu Dhabi. « Nous condamnons fermement la tentative des Émirats arabes unis d’imposer leur agenda politique en mettant l’accent sur la participation du Secrétaire général des Nations Unies et du Premier ministre éthiopien à cette conférence », tout en exprimant le vœu de voir « l’Éthiopie prendra une position qui prenne en compte les intérêts communs (…) Ce timing planifié et de mauvaise foi n’est rien de plus qu’une tentative de jouer sur la scène politique régionale et de créer des discussions loin de l’intérêt réel du Soudan et d’en faire un autre bazar politique qui sert les objectifs de l’agression des Émirats arabes unis contre le Soudan ».
Il a souligné que les Émirats arabes unis « tentent de blanchir leur image et de dissimuler leur implication directe dans le soutien au terrorisme en Afrique, en particulier au Soudan, en armant et en soutenant les milices des Forces de soutien rapide. Quant à leurs propos sur la fourniture d’une aide humanitaire, ils exposent la vérité qui prouve leur financement continu des opérations terroristes et la fourniture d’armes et de soutien aux milices des Forces de soutien rapide, ce qui a provoqué en premier lieu l’exacerbation de ces souffrances humaines dans notre pays ».
Le responsable n’a pas manqué de rappeler que « le Soudan n’acceptera aucune ingérence ou altération du sort de son peuple ou de la détermination de sa voie politique, et nous resterons fermes dans notre rejet de toute mesure qui sert des intérêts extérieurs au détriment de notre souveraineté ». Il a conclu que le Soudan « restera soucieux de protéger sa souveraineté et ses intérêts nationaux par tous les moyens possibles ».
Base navale russe
A Moscou, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, s’est entretenu avec Ali al-Sharif, son homologue soudanais, mercrdi. À l’issue de ces entretiens, la Russie et le Soudan se sont mis d’accord sur l’établissement d’une base navale russe au Soudan. « Nous sommes parvenus à une compréhension mutuelle sur cette question. Je n’aurais rien d’autre à dire, que nous nous sommes mis d’accord sur tout », a déclaré le chef de la diplomatie soudanaise lors d’une conférence de presse organisée à l’issue des entretiens.
Le ministre soudanais par intérim des Affaires étrangères a indiqué que l’Occident avait tenté d’interférer dans les affaires intérieures du Soudan. « Nous apprécions la position ferme que la Fédération de Russie a adoptée en novembre dernier au Conseil de Sécurité de l’ONU lorsqu’elle a opposé son veto au projet de résolution britannique. Le projet de résolution visait à légitimer une ingérence dans les affaires intérieures du Soudan. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous avons vu le recours au droit de veto contre un projet de résolution concernant notre pays », a-t-il évoqué. En outre, A. al-Sharif a noté que la situation actuelle au Soudan permettait au pays de renforcer ses positions. « Cette évolution de la situation nous permettra de clarifier pour tous ce qui se passe réellement au Soudan, y compris grâce aux contacts avec la Fédération de Russie », a-t-il précisé.
S. Lavrov a exprimé, pour sa part, la préoccupation de la Russie au sujet des événements au Soudan, et son désir de contribuer à la normalisation de la situation. « Nous avons réaffirmé notre position de principe : il faut mettre fin le plus rapidement possible aux hostilités et lancer parallèlement un dialogue national qui devrait impliquer les représentants de toutes les forces politiques, ethniques et confessionnelles et, bien sûr, viser à parvenir à une concorde nationale et à un retour rapide à une vie paisible », a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie russe a également apprécié la position constructive du Soudan et « sa démarche de principe » sur le confit en Ukraine lors des votes aux Nations Unies.
Les deux ministres des Affaires étrangères ont fait part de leurs préoccupations concernant le conflit israélo-palestinien. « Nous sommes inquiets de la manière dont les relations entre Israël et le Hamas évoluent à la suite de ce qui s’est passé le 19 janvier. Les dirigeants israéliens avec les Américains menacent de reprendre les opérations militaires. Cela est extrêmement triste et nous essayons de demeurer en contact avec nos collègues arabes », a déclaré S. Lavrov.
Le Soudan est en guerre civile depuis 2023. Le conflit a été provoqué par un coup d’État militaire en 2019, au cours duquel le président du pays, Omar al-Bashir, a été renversé. Un Conseil souverain de transition, composé de représentants de l’armée soudanaise et des Forces de soutien rapide (FSR), a pris le pouvoir. Cependant, les parties ne sont pas parvenues à un consensus et des affrontements armés ont éclaté entre elles en 2023. Actuellement, l’armée soudanaise dirige les régions du nord et de l’est du pays, tandis que les FSR contrôlent les régions du sud et de l’ouest. Des affrontements ont lieu, notamment dans la capitale Khartoum.