« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été informé par l’équipe de négociation que des accords ont été conclus pour la libération des otages », a indiqué son bureau dans un communiqué. Le bureau du Premier ministre avait accusé la veille jeudi le Hamas de revenir sur des points essentiels de l’accord pour extorquer des concessions de dernière minute, ce que la résistance palestinienne a démenti.
S’il est approuvé par le cabinet israélien, l’accord de trêve débutera dimanche et impliquera l’échange d’otages israéliens contre des détenus palestiniens. Les conditions d’une fin permanente des combats doivent être finalisées dans une étape suivante.
A l’annonce du cessez-le-feu, les médias israéliens y ont réagi en qualifiant cet accord de victoire pour le Hamas et de défaite pour les institutions politiques et militaires d’Israël. Les analyses publiées jeudi 16 janvier, dans les médias israéliens soulignent que le Hamas a réussi à atteindre ses objectifs, tandis qu’Israël n’a pas réussi à réaliser les siens. i24 News a relayé des informations indiquant que le Hamas a réussi à empêcher Israël de s’implanter durablement dans la bande de Gaza, ce qui a conduit le régime israélien à un échec dans la réalisation des objectifs militaires du cabinet de B. Netanyahu. Le rapport souligne que le Hamas a non seulement maintenu son contrôle sur la bande de Gaza, mais qu’il a renforcé aussi sa position dans l’enclave palestinienne, tandis qu’Israël n’a pas réussi à modifier la donne dans ce conflit.
Yossi Yehoshua, analyste militaire du quotidien Yedioth Ahronoth, a exprimé des doutes, quant à lui, sur la capacité de cabinet israélien à revendiquer une victoire après 15 mois de guerre. « Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a essuyé une défaite politique, tandis que l’armée israélienne, sous le commandement de Herzi Halevi a échoué, elle aussi, sur le plan militaire », a-t-il indiqué. Ajoutant qu’aucune victoire n’a été obtenue contre le Hamas, et assurant que les institutions politiques et militaires d’Israël ont connu un échec retentissant.
Au début de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023, B. Netanyahu, avait déclaré que l’anéantissement militaire et politique du Hamas, ainsi que le rapatriement des captifs israéliens, constituaient des priorités majeures de sa guerre contre la bande de Gaza. Cependant, après de longs mois de pourparlers et de tergiversations dans le but de prolonger le conflit et gagner du temps, le chef du gouvernement sioniste a été contraint de négocier un accord avec le Hamas, dont la mise en œuvre est prévue le 19 janvier 2025.
Alors que le cabinet de B. Netanyahou a donné son accord à un cessez-le-feu prévoyant la libération des otages encore présents dans la bande de Gaza, plusieurs ministres d’extrême droite ont fait part de leur vive opposition. Le parti Sionisme religieux s’est réuni le 16 janvier pour définir sa stratégie, après l’échec des négociations cette semaine entre le ministre des Finances Bezalel Smotrich et B. Netanyahou. À l’issue de la réunion, la formation a réaffirmé sa position : soit une reprise des combats dans la bande de Gaza après la première phase de l’accord sur les otages, soit un retrait du gouvernement. « Nous allons très probablement quitter le gouvernement. Pour nous, les phases suivantes de l’accord n’auront pas lieu » a déclaré un des députés du mouvement. B. Smotrich, lui, a publié un communiqué dans lequel il qualifie l’accord de « néfaste et dangereux pour la sécurité nationale », affirmant qu’il « annule de nombreux acquis de la guerre ». De son côté, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, a déclaré qu’il démissionnerait du gouvernement si celui-ci adoptait l’accord de trêve « irresponsable » avec le Hamas, sans pour autant quitter la coalition autour du Premier ministre. « Si cet accord irresponsable est approuvé et mis en œuvre, le parti Force juive ne fera plus partie du gouvernement », a déclaré I. Ben Gvir lors d’une conférence de presse, appelant également à « arrêter complétement l’aide humanitaire » à destination de Gaza afin d’obtenir « la libération des otages ». Les deux ministres ont toujours été partisans d’une solution radicale dans la bande de Gaza, allant de l’occupation complète à la colonisation en passant par le renvoi forcé des Gazaouis dans le Sinaï.
Bouclier armé
On crédite par ailleurs l’armée israélienne de l’élaboration d’une stratégie pour éviter le scénario d’un second 7 octobre et l’infiltration de son territoire depuis la bande de Gaza. Tsahal a annoncé un renforcement significatif de son dispositif de défense le long de la frontière avec Gaza, introduisant des changements majeurs dans sa stratégie de sécurité frontalière. Le plan prévoit l’installation de 14 nouveaux avant-postes militaires répartis sur les 65 kilomètres de frontière avec l’enclave palestinienne. Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans une stratégie globale visant à prévenir toute tentative d’infiltration sur le territoire israélien.
Dans le cadre de cette réorganisation, la zone tampon frontalière sera reconfigurée. Sa largeur standard passera d’un kilomètre et demi à 700 mètres, à l’exception de cinq points stratégiques où elle sera maintenue à 1,2 kilomètre. Les règles d’engagement connaîtront également une évolution majeure : l’ensemble du périmètre sera désormais considéré comme une zone d’engagement immédiat, autorisant l’usage de la force létale contre toute personne non autorisée qui s’en approcherait. En d’autres termes, les soldats israéliens pourront ouvrir le feu contre les Gazaouis se rapprochant trop près de la zone tampon. Cette directive marque un changement notable dans la doctrine opérationnelle de Tsahal et le « tout technologique » qui prévalait avant les attaques du 7 octobre, la barrière de sécurité étant considérée comme un rempart infranchissable. Avec ces nouvelles dispositions, le facteur humain redevient prépondérant. En effet, avant le 7 octobre, plusieurs unités des forces israéliennes présentes à la frontière avec la bande de Gaza avaient alors été déployées en Cisjordanie pour lutter activement contre les cellules du Hamas et du Jihad islamique présentes dans les territoires occupés. Les failles sécuritaires qui ont permis l’incursion des combattants du Hamas en Israël ont donné lieu à des démissions de plusieurs haut gradés de l’armée israélienne.
Poursuivre les génocidaires
Malgré l’annonce d’un accord fragile de cessez-le-feu à Gaza, « les crimes odieux » israéliens commis depuis le 7 octobre 2023 « ne devront pas rester impunis », a insisté jeudi la patronne de Human Rights Watch.
« Bien qu’hier (mercredi), des responsables israéliens et du Hamas se soient mis d’accord sur un cessez-le-feu en plusieurs phases, les crimes odieux commis depuis le 7 octobre 2023 ne devront pas rester impunis », a déclaré Tirana Hassan lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication du rapport annuel de l’organisation.
Dans ce document, HRW répète notamment ses accusations de crimes contre l’humanité et de « génocide » contre Israël. Cette dernière accusation concerne spécifiquement la privation d’eau des civils palestiniens de Gaza. « Si le cessez-le-feu permet de soulager un peu les millions de déplacés à Gaza, ce ne sera pas une solution en soi », a ajouté T. Hassan. « Ce qui sera nécessaire, c’est l’accès humanitaire. Et par cela, nous parlons des autorités israéliennes qui doivent autoriser l’entrée du matériel pour reconstruire les infrastructures, y compris les infrastructures liées à l’accès à l’eau et le système de santé décimé pendant le conflit, ainsi que l’aide humanitaire », a-t-elle ajouté.
Au moins 46.788 personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont tombées en martyre depuis le début de la guerre génocidaire israélienne contre la bande de Gaza, selon les données du ministère palestinien de la Santé, jugées fiables par l’ONU.