M. Rubio, sénateur de Floride, qualifié de conservateur radical, est proche idéologiquement de D. Trump, même s’ils avaient croisé le fer lors des primaires des républicains aux présidentielles de novembre 2016. Sa nomination à la tête de la diplomatie US est plutôt évaluée comme une bonne nouvelle pour le Maroc. Il était à la manœuvre pour sceller le deal proposé par Jared Kushner, gendre du milliardaire aujourd’hui écarté des circuits décisionnels, à Rabat : la reconnaissance de la marocanité du Sahara contre la normalisation avec Israël, processus très mal vu par les Marocains qui manifestent pour dénoncer le génocide en cours dans la bande de Gaza, mais pas que, depuis le 7 octobre 2023, date du lancement par le Hamas de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » pour redonner vie à la question palestinienne que les accords d’Abraham tentaient d’enterrer.
Le candidat au pilotage de la diplomatie US à la place d’Antony Blinken, partant avec l’administration Biden, figurait parmi les personnalités politiques américaines et internationales ayant réclamé, en février 2021, dans une lettre adressée au président sortant, qui venait juste de prendre officiellement ses fonctions, de maintenir la décision prise par son prédécesseur à la Maison Blanche reconnaissant la marocanité du Sahara occidental.
La proximité de M. Rubio avec le royaume n’est pas du goût de l’Algérie, et ce bien avant sa nomination au poste de chef de la diplomatie des Etats-Unis. En septembre 2022, il avait été taxé par les médias algérien d’être à la solde du lobby marocain à Washington. Ils réagissaient, alors, à l’initiative du sénateur appelant A. Blinken de prendre des sanctions contre l’Algérie pour son « financement » de l’invasion russe en Ukraine, conformément au « Countering America’s Adversaries Through Sanction Act », adoptée par les sénateurs et les députés et signé ensuite, en août 2017, par l’ancien président D. Trump. Un texte qui visait surtout à sanctionner l’Iran, la Corée du Nord et la Russie. Le courrier de M. Rubio avait bénéficié de l’appui de 26 parlementaire US. « L’Algérie figure parmi le top 4 des acheteurs d’armes russes dans le monde, avec un montant de sept milliards de dollars en 2021. Je vous encourage donc à prendre la menace que la Russie fait peser sur le monde au sérieux, et à entreprendre les mesures nécessaires à l’encontre des parties dont les achats de matériel russe permettent à la Russie ses actions de déstabilisation », avait-il dénoncé.
Quelques mois avant l’initiative de Rubio, un groupe de parlementaires américains avaient invité, en mars 2022, le président J. Biden à cesser de fournir des armes au Maroc. « Nous vous écrivons pour exprimer notre préoccupation concernant la politique actuelle des Etats-Unis à l’égard du Maroc et les revendications du Royaume sur le Sahara Occidental », avaient-ils indiqué dans leur missive.
Pour défendre ses intérêts aux États-Unis, l’Algérie n’a pas hésité à sceller en septembre un contrat avec BGR Group , cabient de lobbiying proche et des républicains et d’Israël. Depuis 2012, Washington et Alger ont un Dialogue stratégique, intégrant notamment la sécurité et les renseignements. L’armée algérienne est fréquemment invitée à prendre part aux manouvres militaires navales orchestrées par le commandement militaire US dans la zone méditerranéenne aux côtés du Maroc. Une réalité qui confirme la constance de l’approche washingtonienne aussi machiavélique que pragmatique d’élargir son focus au seul service des intérêts US.