Après l’ouverture de la nouvelle page dans l’histoire des relations franco-marocaines, comme l’a réaffirmé à plusieurs reprises le président Emmanuel Macron, la France s’active pour donner plus d’épaisseur à la réorientation de sa nouvelle politique sur le Sahara occidental. Parmi les nombreuses conventions signées entre Rabat et Paris, plusieurs portent sur des projets dans les provinces sahariennes. Plus, des mesures en faveur de la marocanité ont été aussi dévoilées par les ministres français. Trois domaines principaux sont concernés par l’action de la France en faveur de la marocanité du Sahara occidental.
Le président français s’est engagé à défendre la marocanité de la province dans les instances internationales. « Nous agirons en nous engageant diplomatiquement pour convaincre que la solution marocaine est la seule au sein de l’Union européenne, aux Nations unies », a-t-il déclaré mercredi devant la communauté française du Maroc.
Plus, Paris prévoit d’étendre sa représentation diplomatique aux provinces sahariennes. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a annoncé, mardi à Rabat, que l’ambassadeur français au Maroc « se rendra dès la semaine prochaine » au Sahara. « Nous allons y accroître notre action consulaire et culturelle en vue de la création d’une Alliance française », a-t-il révélé.
Cette extension de la couverture consulaire permettra d’accompagner l’engagement de la France dans le développement des échanges dans l’enseignement et la culture sur ce territoire. « Nous allons rendre possible la tenue des épreuves du Brevet du collège et du Baccalauréat dans nos écoles de Dakhla et à Laayoune », a annoncé mercredi 30 octobre le président français. De son côté, Rachida Dati, ministre de la Culture, a fait état d’un accord avec son homologue marocain pour la construction d’un cinéma à Dakhla. « Le cinéma est contenu dans cet accord. A Dakhla et à Laayoune, nous allons développer un fort volet culturel dans ces provinces », a-t-elle déclaré aux médias marocains.
Macron a promis de « poursuivre le développement économique et social du Sahara occidental, qui est un impératif », saluant au passage « les efforts faits par le Maroc à cet égard ». Pour l’actuel locataire de l’Elysée, les choses sont claires : « nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales », a-t-il souligné. Ainsi, l’Agence française de Développement (AFD), dont le Maroc est le premier bénéficiaire en termes de crédits (5,6 milliards € engagés depuis 1992), est appelée à accompagner ce nouvel élan. Ce soutien financier devrait donc s’accroître avec l’inclusion du Sahara occidental dans le périmètre d’action de l’agence de développement. Et le président français ayant pris note de la décision de la Cour européenne de justice (CJUE) a tenu à rassurer tous les acteurs sur la protection juridique des investissements : « L’Agence française de développement et nos entreprises continueront de le faire dans un cadre (juridique) qui a été sécurisé. »
A rappeler que le tissu entrepreneurial français présent au Maroc a déjà préparé le terrain, avec un investissement dans les trois régions de la province, à travers la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM). En effet, la CFCIM est présente dans le territoire depuis 2017, bien avant la reconnaissance, le 10 décembre 2020, par l’administration Trump de la marocanité du Sahara. Une longueur d’avance sur les groupes espagnols, allemands ou britanniques intéressés aussi par les grands projets de développement sur ce territoire.
Dans le sillage de la visite d’Etat au Maroc plusieurs entreprises françaises, dont Engie et MGH Energy, ont signé durant la visite des accords visant à la production d’énergies vertes et e-carburants depuis le Sahara occidental. Le quotidien économique français La Tribune s’est focalisé sur l’hydrogène vert. « Les énergéticiens tricolores à l’assaut de l’eldorado marocain », a écrit le quotidien économique, qui assure que via « le projet «Chbika», TotalEnergies entend développer, conjointement avec l’autrichien Eren, un gigawatt de capacités solaires et éoliennes terrestres (soit peu ou prou l’équivalent d’une tranche nucléaire) dans la région en pleine transformation de Guelmim-Oued Noun. Objectif : produire de l’hydrogène, et surtout, quelque 200.000 tonnes d’ammoniac vert par an à destination du marché européen.»
Un nouveau départ dans les relations franco-marocaines a été donc initié par E. Macron lors de sa visite d’Etat dans le Royaume. La question qui se pose dès lors serait de savoir comment traduire, dans les faits, les revendications marocaines exprimées en des termes, certes sibyllins, mais ô combien porteurs : co-développement et coprospérité. C’est à cette seule aune-là que l’on pourra parler de partenariat « gagnant-gagnant ». Autant dire que la nouvelle page dans les relations franco-marocaine devrait s’écrire avec une autre encre débarrassée des scories du passé…