Le ministère russe de la Défense a revendiqué la mise hors de combat de 965 soldats ukrainiens et précisé que les forces de Kiev auraient également perdu plusieurs armements, dont un obusier M777 de 155 mm de fabrication US. Les forces russes ont également enregistré des succès sur d’autres fronts. « Nos unités du groupement de troupes Centre ont avancé en profondeur dans les zones de Dzerjinsk et Sélidovo », a ajouté le ministère. Selon ce rapport, les forces du groupement Ouest ont quant à elles détruit un véhicule de transport de troupes M113 d’origine américaine ainsi qu’un canon M119 de 105 mm, également de facture américaine. La veille, le ministère avait également annoncé la libération de Nevskoïé et Krasny Iar, situées respectivement dans les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk.
Washington moins altruiste
Face aux avancées russes, des représentants du Pentagone ont admis qu’ils ne pouvaient pas fournir aux autorités ukrainiennes des quantités importantes de certains types d’armes en raison du déclin de la capacité de défense des États-Unis. C’est ce qu’a rapporté le New York Times dans sa livraison du 17 octobre, citant des responsables militaires.
Selon la publication, les États-Unis ne peuvent plus se permettre d’importantes livraisons d’armements à l’Ukraine, qui risqueraient de mettre en péril leurs propres capacités militaires. Il s’agit notamment des batteries anti-aériennes Patriot, demandées par Kiev afin de protéger ses infrastructures énergétiques. Mais leur fourniture à Kiev aurait « un prix » côté américain, selon le NYT qui précise, évoquant des propos de Christine Wormuth, secrétaire de l’Armée de terre des États-Unis, que « les déploiements constants menacent d’épuiser les équipages qui exploitent les systèmes et empêchent l’armée de les ramener à la maison pour des révisions périodiques afin de mettre à niveau leur technologie ». Autre armement particulièrement plébiscité par Kiev : les missiles à longue portée ATACMS et les lance-roquettes multiples HIMARS capables de les tirer. Ces livraisons pourraient mettre à mal l’état de préparation au combat des forces US. « La rareté relative des ATACMS de fabrication américaine est l’une des raisons pour lesquelles le président Biden a refusé les demandes de l’Ukraine d’utiliser cette arme pour frapper en profondeur la Russie », a rapporté le NYT. « Les responsables du Pentagone affirment qu’ils ne peuvent tout simplement pas en fournir davantage à l’Ukraine sans puiser dans les stocks réservés aux troupes américaines en cas de conflits au Moyen-Orient et en Asie », a ajouté le quotidien américain. En outre, ces responsables craignent que l’engagement des États-Unis dans les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ne détourne les ressources de la région du Pacifique, vers laquelle, selon la publication, « l’armée tente de déplacer une grande partie de son attention ».
« Si la dissuasion ne fonctionne pas, nous devrons nous battre », a déclaré Seth G. Jones, premier vice-président du Centre for Strategic and International Studies, ajoutant que les États-Unis « agissent comme s’ils étaient en temps de paix, mais ce n’est pas le cas ». Le 16 octobre, le président américain Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 425 millions de dollars à Volodymyr Zelensky. Dans un communiqué de presse, la Maison Blanche précise que cette aide comprenait « des capacités supplémentaires de défense aérienne, des munitions air-sol, des véhicules blindés et des munitions essentielles.» Cette annonce a suscité des réactions mitigées. « C’est pour cela que le peuple américain déteste tant le gouvernement », a notamment réagi sur le réseau social X Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de Géorgie. « Les Américains peuvent à peine obtenir 750 misérables dollars après l’ouragan Helene, et ce dernier mondialiste américain rédige un autre chèque à l’Ukraine pour 425 millions de dollars », a-t-elle ajouté, fustigeant un type d’annonce qui, selon elle, fait « naître chez les Américains un véritable ressentiment envers l’Ukraine ».
Plus de deux ans et demi après l’éclatement du conflit entre l’Ukraine et la Russie, Washington demeure le premier soutien militaire de Kiev. Selon le décompte du Kiel Institute, think tank allemand, le montant des engagements et des fournitures d’armements US entre le 24 janvier 2022 et le 30 juin 2024 s’élève à 51,58 milliards d’euros, soit plus que le soutien fourni par toute l’Europe.
Canberra se mobilise
Il y a lieu de signaler que le ministre australien de la Défense a confirmé le 17 octobre que son pays transférerait à Kiev 49 de ses chars M1A1 Abrams démobilisés. Alors que l’Australie a récemment reçu le premier exemplaire de ses nouveaux chars de combat M1A2 Abrams, Canberra a annoncé le « don » à l’Ukraine de 49 des vieux modèles M1A1 retirés du service. Un don « qui fera une énorme différence sur le champ de bataille », a assuré le 17 octobre Richard Marles, ministre australien de la Défense.
L’annonce de ce transfert a été faite la veille, depuis Londres, par Pat Conroy son homologue de l’Industrie de Défense et de la production de matériel militaire. « Cette annonce est évaluée à 245 millions de dollars australiens. Cela porte la valeur totale de l’aide militaire de l’Australie à l’Ukraine à 1,3 milliard de dollars et notre aide -totale à 1,5 milliard de dollars », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Il a également confirmé que les États-Unis ont donné leur feu vert à ce transfert.
En début d’année, Richard Marles, également vice-Premier ministre, avait déclaré que l’envoi de chars de combat à l’Ukraine « n’était pas à l’ordre du jour » de son gouvernement. De son côté, Kiev avait montré son intérêt pour ces chars de combat. Depuis leur livraison à l’armée ukrainienne par les États-Unis à l’automne 2023, l’armée russe a revendiqué la destruction de plusieurs chars Abrams. « Ils brûleront aussi », avait assuré, à l’annonce de l’arrivée de ces blindés sur le sol ukrainien, fin septembre 2023, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe.