Téhéran a fait savoir aux États du Golfe qu’il serait « inacceptable » qu’ils ouvrent leur espace aérien lors d’une attaque contre l’Iran, a déclaré le 8 octobre un haut responsable iranien à Reuters, alors que la République islamique se prépare à une éventuelle réponse israélienne à son attaque de missiles du 1er octobre. « L’Iran a clairement indiqué que toute action d’un pays du Golfe Persique contre Téhéran, que ce soit par l’utilisation de l’espace aérien ou de bases militaires, sera considérée par Téhéran comme une action entreprise par l’ensemble du groupe, et Téhéran réagira en conséquence », a déclaré ce haut responsable iranien à l’agence britannique.
« Le message souligne la nécessité d’une unité régionale contre Israël et l’importance de garantir la stabilité », a-t-il ajouté, avant de préciser que cela implique que « toute aide à Israël, comme l’autorisation d’utiliser l’espace aérien d’un pays de la région pour des actions contre l’Iran, est inacceptable ».
Cette déclaration iranienne intervient après une réunion du Dialogue pour la coopération asiatique organisée au Qatar et à laquelle s’était rendu le président iranien. « Toute sorte d’attaque militaire, d’acte terroriste ou de franchissement de nos lignes rouges se heurtera à une réaction déterminée de nos forces armées », avait averti Massoud Pezechkian, depuis Doha, le 3 octobre. Abbas Araghchi, le chef de la diplomatie iranienne, attendu mercredi en Arabie saoudite, devrait sensibiliser les responsables saoudiens sur la nécessité de «mettre fin au génocide et à l’agression du régime israélien et pour alléger la douleur et la souffrance de nos frères et sœurs à Gaza et au Liban », a indiqué Ismaïl Baqaei, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères dans un message publié sur la plateforme X.
A. Araqchi a été accueilli par les autorités saoudiennes à Riyad, première étape de sa tournée diplomatique, où il a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal Ben Farhan al Saoud avec qui il a discuté des questions importantes de la région. Au cours de leur entretien, les ministres ont passé en revue les relations bilatérales et les moyens de les renforcer. Les deux hommes ont discuté de l’évolution de la situation dans la région et de la nécessité de déployer des efforts pour mettre fin aux crimes israéliens dans la bande de Gaza et au Liban.
L’accent a été en particulier mis lors de cette rencontre sur le soutien à apporter aux peuples palestinien et libanais ainsi que de l’envoi immédiat d’aide humanitaire. Le chef de la diplomatie iranienne a également rencontré Mohammed ben Salmane, prince héritier saoudien, avec qui il a discuté des questions régionales. La République islamique d’Iran et l’Arabie saoudite ont une position claire quant au soutien à apporter aux peuples palestinien et libanais et condamnent l’occupation israélienne.
Avant son départ pour Riyad, A. Araqchi a annoncé que lors de son déplacement diplomatique, les entretiens qu’il aura avec les responsables qu’il rencontrera porteront sur les questions régionales et sur les efforts à déployer pour mettre fin aux crimes israéliens.
Répondant aux journalistes qui l’interrogent sur les objectifs de ces voyages, « Notre dialogue se poursuit sur l’évolution de la situation dans la région afin d’empêcher les crimes éhontés d’Israël au Liban ainsi que les barbaries qui se poursuivent à Gaza. » a-t-il déclaré aux médias tout en précisant qu’il se rendrait d’abord à Riyad puis dans d’autres capitales de la région et qu’il s’efforcerait d’obtenir un soutien collectif de la part des pays de la région pour mettre fin aux attaques brutales au Liban. Il a exprimé l’espoir que les négociations aboutiront à l’amélioration des conditions pour la Palestine et le Liban et à la paix dans la région.
L’Iran avait tiré une salve de 180 missiles sur l’État hébreu dans la nuit du 1er au 2 octobre. Une attaque présentée comme une réponse à l’élimination par Israël du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, du chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyeh et du général iranien Abbas Nilforoushan. La Jordanie a été le seul pays arabe à avoir aidé l’État hébreu à intercepter les projectiles iraniens.
Tel-Aviv intimide
Une potentielle attaque contre l’Iran « sera mortelle, précise et particulièrement surprenante », a déclaré Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, mercredi, selon un communiqué de son bureau. « Ils ne comprendront pas ce qui s’est passé, ni comment c’est arrivé, mais ils verront les résultats », a-t-il déclaré aux membres d’une division du renseignement militaire israélien, chargée de collecter des données visuelles. « Vous avez été témoins des récentes attaques des Iraniens, qui étaient agressives, mais qui avaient échoué parce qu’elles étaient imprécises. Aucun moyen de l’armée de l’air n’a été endommagé, aucun avion n’a été endommagé et aucun soldat ou civil n’a été blessé », a affirmé Y. Gallant.
Au début du mois d’octobre, Israël a rapporté que l’Iran avait tiré environ 180 missiles lors d’une attaque que Téhéran a qualifiée de « représailles » contre les assassinats d’Ismaïl Haniyeh, ancien chef du bureau politique du Hamas, et de Hassan Nasrallah, ancien secrétaire général du Hezbollah libanais, ainsi que du commandant des gardiens de la révolution iranienne, Abbas Nilforoushan. L’armée israélienne a admis le lendemain que la frappe avait causé des dommages à ses bases aériennes.
Des officiels israéliens ont affirmé plus tard que les préparatifs d’une réponse importante et énergique contre Téhéran étaient en cours, et qu’ils n’avaient pas l’intention de laisser l’attaque sans réponse.
Le Premier ministre israélien a tenu une consultation sécuritaire restreinte mardi soir avec plusieurs ministres du Cabinet et de hauts responsables de la sécurité, afin de discuter de l’opération contre l’Iran, selon les médias israéliens. Le président américain et Benyamin Netanyahu ont eu leur première conversation téléphonique mercredi depuis le mois d’août. L’appel a duré 50 minutes, durant lesquelles ils ont discuté des réponses potentielles de Tel Aviv à l’Iran, selon les médias israéliens.
« Israël a initialement minimisé les dégâts causés par l’attaque iranienne », selon le journal Telegraph, mais une semaine après l’une des attaques les « plus meurtrières de l’histoire, impliquant des missiles balistiques avancés, l’impact total de l’attaque vient de se révéler. Surtout qu’Israël a admis plus tard que nombreuses bases militaires ont été touchées ». The Telegraph a rapporté que « l’Iran a prouvé sa capacité à pénétrer le plus grand système de défense aérienne du monde. Ce qui va suivre pourrait être dévastateur, alors que le monde entier a regardé impuissant ce qui s’est passé la veille du 1er octobre au-dessus de l’entité ennemie et a pris des notes après la pénétration du système de défense antimissile israélien Dôme de fer par des missiles iraniens, malgré les avertissements émis peu de temps avant l’attaque ».
Selon The Telegraph, le système de défense antimissile israélien se compose de plusieurs dispositifs, à savoir Dôme de fer, Fronde de David et le système Arrow, sur lesquels on s’est appuyé pour repousser l’attaque iranienne, car ils sont considérés comme les premiers systèmes antibalistiques antiaérien dans le monde (missiles sol-air utilisés pour abattre les missiles balistiques).
Des experts ont exprimé au journal leur inquiétude quant à la vitesse et à la taille des missiles et se sont interrogés si « Israël est capable de se défendre contre davantage de salves de missiles si la guerre continue de s’intensifier au Moyen-Orient ». Fabian Hoffman, expert en missiles et doctorant au projet nucléaire d’Oslo, a déclaré au journal que les images montrent clairement « la vitesse extraordinaire en temps réel, environ 600/700 mètres par seconde, elle est incroyablement rapide ».
D’autres experts ont également souligné que les vidéos montrent « qu’ Israël ne dispose peut-être pas de suffisamment d’unités de défense aérienne ou de missiles d’interception pour intercepter des bombardements aussi intenses ».
D’un autre côté, les experts ont exprimé leur crainte que l’augmentation des attaques de drones en particulier n’ait révélé un défaut ou un point faible potentiel Dôme de fer. Comme ils ont mis en garde contre une attaque majeure de missiles coordonnée par l’Iran et ses alliés qui « pourrait submerger le système de défense antiaérien et causer des destructions massives dans les zones civiles ».