Le patron de l’ONU est revenu sur les tirs de projectiles par des éléments du Polisario, sur des cibles civiles dans la ville d’Es-Smara. « Une enquête de la MINURSO a établi que, le 29 octobre (2023, ndlr), des roquettes explosives en provenance de l’Est avaient touché une zone habitée par des civils à Smara. Une personne aurait été tuée et trois autres blessées », précise A. Guterres. Lequel a également noté que la mission onusienne a reçu des informations sur des frappes menées par les Forces armées royales (FAR) « à l’aide de drones aériens à l’Est du mur de Sable et a pu mener des enquêtes sur les lieux présumés en diverses occasions ». Le rapport établi par le secrétaire général a omis de faire état du tir des missiles par les sécessionistes, le 5 novembre 2023, tombés près de l’aéroport d’Es-Smara et un site d’observation des Casques bleus.
Par contre, A. Guterres a révélé que son « Représentant spécial pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO et le Commandant de la Force ont écrit, fin février, aux deux parties pour proposer une cessation des hostilités pendant le mois sacré du Ramadan. L’Armée royale marocaine a répondu le 26 février 2024 et réitéré son engagement à respecter le cessez-le-feu de 1991 tout en soulignant son droit de réagir face aux agissements du Front POLISARIO ».
Le mouvement séparatiste a estimé, lui, dans sa réponse du 13 mars 2024, que « si l’on ne s’attaquait pas aux causes profondes de la rupture du cessez-le-feu de 1991, une cessation des hostilités revenait à méconnaître la réalité actuelle sur le terrain ».
Dès lors, A. Guterres n’a pas caché son pessimisme quant à l’évolution de la situation. « Je reste vivement préoccupé par l’évolution de la situation au Sahara occidental. Celle-ci a continué de se dégrader et il faut d’urgence inverser la tendance, notamment pour éviter toute nouvelle escalade », a-t-il reconnu. « La poursuite des hostilités et l’absence de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front POLISARIO marquent un net recul dans la recherche d’une solution politique à ce différend de longue date. Il est primordial de rétablir un cessez-le-feu. Ce contexte difficile rend la négociation d’une solution politique à la question du Sahara occidental plus urgente que jamais, près de 50 ans après le début du conflit », a-t-il précisé.
Dans son rapport, le secrétaire général a rappelé les visites effectuées par Staffan de Mistura, son envoyé personnel pour le Sahara occidental, dans la région en septembre 2023 et en février et avril 2024, en vue de convaincre les parties à reprendre le processus des négociations.
La publication de ce nouveau rapport intervient alors que la France, autre membre permanent du Conseil de sécurité, a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Suivant en cela les Etats-Unis qui l’ont notifié en décembre 2020.