Les Brigades Al-Qassam ont assuré vendredi avoir ciblé les forces d’occupation positionnées dans l’axe Netzarim par des obus de mortier. Idem pour les Brigades d’Al Qods. A Tell Al Hawa, des combats d’une rare violence ont opposé les deux parties et des hélicoptères israéliens ont été vus atterrir pour assurer l’évacuation des morts et des blessés vers les hôpitaux israéliens.
Plus, des sirènes ont retenti à Kerem Shalom dans l’enveloppe de Gaza, signe qui ne trompe pas quant au ciblage de la zone par des roquettes tirées par la résistance palestinienne.
En parallèle, les massacres perpétrés par l’armée sioniste sont toujours légion. Environ 60 corps ont été retrouvés vendredi dans deux quartiers de la ville de Gaza, a indiqué la Défense civile palestinienne, affirmant que l’armée israélienne s’est retirée de ces zones dans le nord du territoire palestinien. « Les équipes de la Défense civile et des équipes médicales ont retrouvé environ 60 martyrs depuis que l’armée d’occupation israélienne s’est retirée ce matin de Tal al-Hawa et d’al-Sinaa », dans le sud-ouest de Gaza-ville, a assuré Mahmoud Basal, porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza,. « Il y a toujours des personnes disparues sous les décombres, auxquelles nos équipes ont du mal à accéder », a-t-il indiqué dans un communiqué. Les mêmes sources assurent avoir trouvé des corps complètement calcinés dans des maisons incendiées par les soldats israéliens lors de leur investissement des quartiers industriel et Tell Al-Hawa, près de Gaza-ville. Plus, 32 martyrs, dont une majorité d’enfants et de femmes, ont perdu la vie lors des massacres israéliens nocturnes contre différentes régions de l’enclave.
Si les Américains qui accueillaient le sommet de l’OTAN n’ont pas pipé mot sur le dossier palestinien, les regards restant braqués sur l’Ukraine, le danger russe et le péril chinois, force est de souligner que Pékin a réagi en appelant Tel-Aviv à cesser dans l’immédiat sa guerre contre le peuple palestinien.
Le Hamas qui a fait preuve de souplesse dans les négociations n’hésite pas à réaffirmer que toute discussion sur le jour d’après dans l’enclave palestinienne reste du seul ressort du peuple palestinien. Coupant ainsi court à tous les conciliabules qui alimentent les médias au cours de ces derniers jours. Le Hamas a proposé qu’un « gouvernement non-partisan doté de compétences nationales dirige Gaza et la Cisjordanie après la guerre », a indiqué vendredi Hossam Badran, un membre du bureau politique du mouvement de résistance palestinien. Ce gouvernement devra également « tracer la voie vers des élections générales » et ne souffrir « d’aucune ingérence extérieure », a-t-il précisé.
Cette proposition intervient alors que des négociations indirectes sont toujours en cours à Doha et au Caire entre Israël et le Hamas sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis en vue d’un arrêt des combats à Gaza et d’un échange de prisonniers. Un dirigeant du Hamas a néanmoins déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat que la proposition de ce gouvernement non-partisan avait été présentée « avec les médiateurs ».
Rappelons que le Hamas a lancé une offensive surprise et massive, samedi 7 octobre, contre les colonies de l’enveloppe de Gaza, en riposte aux agressions israéliennes continues contre le peuple palestinien en Cisjordanie occupée et à la profanation de la mosquée Al-Aqsa. L’opération Déluge d’Al-Aqsa a entrainé la mort de 1163 colons et soldats israéliens et la capture de 200 autres, en vue de les échanger avec les milliers de Palestiniens incarcérés dans les geôles de l’occupation.
Par contre, les autorités d’occupation se sont vengées des civils, en bombardant les quartiers résidentiels, les hôpitaux, les écoles, les mosquées et les églises à Gaza. Plus de 38000 Palestiniens sont tombés en martyre, dont 75% de femmes et d’enfants, selon le ministère palestinien de la Santé.
Faillite israélienne
Jeudi 11 juillet, une commission d’enquête de l’armée d’occupation israélienne a publié les résultats de son enquête sur les événements du 7 octobre dans les colonies de l’enveloppe de Gaza, révélant une série d’échecs de leadership et opérationnels, confirmant « l’échec de l’armée à protéger le kibboutz » Beeri, frontalier à la bande de Gaza. L’enquête militaire a conclu que « ce qui s’est passé au kibboutz Beeri, le 7 octobre, constituait un échec total et une négligence douloureuse et humiliante. »
Daniel Hagari, porte-parole de l’armée d’occupation israélienne, a déclaré que « l’armée n’était pas préparée et n’a pas réussi à protéger la colonie de Beeri ». Il a décrit le 7 octobre comme « l’un des jours les plus difficiles pour Israël » et que « de multiples erreurs ont été commises », soulignant qu’il fallait le reconnaître.
Les résultats de l’enquête reflètent un état de confusion parmi les commandants sur le terrain de l’armée d’occupation, qui sont arrivés avec des forces importantes à proximité du kibboutz, avant même que les Palestiniens n’en prennent le contrôle. L’enquête a relevé que les forces israéliennes (y compris les forces spéciales et les forces d’élite) se sont rassemblées à l’entrée du kibboutz dans un état d’hésitation qui a retardé les opérations de confrontation. Affirmant que « l’armée israélienne n’était pas préparée à un scénario d’infiltration à grande échelle, comme celui du 7 octobre, qui comprend plusieurs zones d’infiltration et une attaque simultanée sur des dizaines de points focaux. Etant donné que le scénario de référence [pour lequel l’armée s’était préparé] concernait les opérations d’infiltration individuelle et locale ». Dans la conclusion du rapport en 11 points, l’armée reconnaît aussi « un manque de coordination » entre ses troupes sur place.
En réaction, Yair Lapid, chef de l’opposition israélienne, a déclaré que la déclaration de Yoav Galant, ministre de la Sécurité, et les enquêtes militaires sur ce qui s’est passé à Beeri, montrent « la nécessité urgente et pressante de former une commission gouvernementale chargée d’enquêter sur les événements du 7 octobre ».
Tali Gottlieb, député, a exigé la nécessité de savoir où se trouvaient les chefs d’état-major, l’armée, le Shin Bet et le ministre israélien de la Défense, en plus de la nécessité de savoir où se trouvaient l’armée de l’air, la veille de « l’Enfer » et le matin du 7 octobre. Considérant qu’il était « dommage que les dirigeants de l’armée publient une enquête sur le comportement de nos forces, qui étaient peu nombreuses et sans informations en matière de renseignement » face à 3 000 combattants de la résistance palestinienne.
L’heure est à l’exode
Les médias israéliens ont fait état d’un grand nombre d’Israéliens ayant quitté les territoires palestiniens occupés, révélant une augmentation significative de la migration inverse des Juifs. Channel 13 a fait référence à de nouvelles données, qu’elle a qualifiées de très sévères, montrant une augmentation significative du nombre d’Israéliens partis.
Lee Yaron, rédacteur du journal israélien Haaretz et auteur du livre Le 7 octobre, a déclaré que « les données montrent que 5 000 Israéliens ont interrompu leur résidence avec Israël depuis octobre », expliquant que « ces chiffres ont augmenté de 150% par rapport à l’année précédente entre les mois d’octobre et juillet ». Et de souligner que « les personnes qui ont décidé de changer leur résidence sont jeunes et ont de jeunes enfants, et qu’elles ont confirmé leur préférence de commencer leur vie ailleurs », tout en notant que « les personnes qui ont décidé de changer leur résidence parlent de ne pas se sentir en sécurité à cause de la guerre ».
La Douzième chaîne israélienne a rapporté que « les discussions sur l’immigration parmi les Israéliens sur les réseaux sociaux ont récemment augmenté de plus de 100 % ». La chaîne a fait référence à une analyse réalisée par Scooper, société spécialisée dans l’écoute du public et l’extraction de concepts de slogans, qui montre qu’au cours des dernières semaines, les discussions sur l’immigration du pays ont été multipliées par deux. La société a indiqué que la conversation était basée sur des personnes qui parlaient de leurs camarades immigrés, ainsi que d’histoires personnelles sur le « déménagement » et de critiques acerbes à l’égard des immigrés.
La chaîne a affirmé que « depuis le début de la guerre, plus de 100 000 utilisations du terme déménagement de résidence pour immigrer depuis Israël ont été enregistrées via le réseau », soulignant « que pendant la guerre il y a eu trois périodes de pointe dans les discussions sur l’immigration , le premier peu après le 7 octobre, date à laquelle a été enregistrée une augmentation d’environ 70 % du nombre d’utilisations du terme, et le deuxième pic en mars 2024, alors que le troisième pic se produit actuellement ». La chaîne a souligné que « l’absence de données officielles entrave la possibilité de connaître le taux réel de migration israélienne pendant la guerre. Cependant, la situation générale du phénomène peut être connue en suivant l’impact des conversations sur les réseaux sociaux ».
Faillites en cascades
Maariv a révélé, lui, que 46 000 entreprises israéliennes ont fermé leurs portes depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza le 7 octobre 2023. Evoquant les répercussions de la guerre sur l’entité sioniste, le journal a déclaré que cette information a été révélée par la société d’informations commerciales Coface Bdi, qui fournit des informations commerciales pour la gestion du risque de crédit depuis 35 ans. Les prévisions indiquent que le nombre d’entreprises fermées devrait atteindre 60 000 d’ici la fin de cette année.
Yaël Amir, PDG de Coface Bdi, cité par le journal, a déclaré qu’ « il s’agit d’un chiffre très élevé qui inclut de nombreux secteurs ». Il a expliqué que les secteurs qui ont subi de graves dommages sont l’industrie du bâtiment et de la construction, ainsi que d’autres industries qui tournent autour d’elle, comme la céramique, la climatisation, l’aluminium et les matériaux de construction. Parmi les secteurs qui ont également été gravement endommagés pendant la guerre figurent « le secteur commercial, qui comprend l’industrie de la mode, des chaussures, des meubles et des appareils électroménagers, et le secteur des services, notamment les cafés, les services de divertissement ainsi que les transports », a-t-il encore ajouté. « Le tourisme, qui connaît une situation dans laquelle le tourisme étranger est quasiment inexistant, et les zones touristiques sont devenues des zones de combat », a-t-il martelé.
« Le secteur agricole a également été touché, car la plupart des terres sont situées dans les zones de combat au sud et au nord et souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre », a noté le PDG de Coface Bdi . A ses yeux, « les dégâts sont très importants dans tous les aspects pour l’économie israélienne », expliquant qu’« au final, lorsque les entreprises ferment leurs portes et n’ont pas la capacité de rembourser leurs dettes, il y a aussi des dégâts périphériques pour les clients, les fournisseurs et les entreprises qui font partie de son système de travail. » Il a souligné que les entreprises israéliennes sont confrontées à des défis très difficiles, citant la pénurie de main d’œuvre, la baisse des ventes, l’environnement du taux d’intérêt, les coûts de financement élevés, des problèmes de transport et de logistique, une pénurie en matières premières et l’incapacité d’accéder aux terres agricoles en dans les zones de combat, ainsi que le manque de clients qui participent désormais aux combats, les difficultés de flux et l’augmentation des coûts d’approvisionnement.
Les pertes économiques croissantes dans l’entité d’occupation résultent des opérations de la résistance palestinienne à Gaza et des dommages causés dans les colonies de l’enveloppe de Gaza, en plus des dommages causés aux colonies du nord par les opérations de la résistance islamique au Liban. Le blocus naval imposé par les forces armées yéménites a aussi exacerbé cette crise en interdisant aux navires israéliens et à ceux qui violent la résolution d’embargo de se rendre vers les ports israéliens de la Palestine occupée.