« Les justifications de son existence ont pris fin », estime Mohamed Chia Al-Soudani au sujet de la force multinationale présente en Irak depuis 2014 pour lutter contre le groupe Daech. Le communiqué a été publié par les services du Premier ministre irakien lors d’un hommage au général Qassem Soleimani, le chef des Gardiens de la révolution iraniens tué il y a quatre ans à Bagdad par un drone américain, en compagnie de son camarade de route Abou Mahdi Al Mohandiss.
Le ton monte, mais ce n’est pas la première fois que M. Chia Al-Soudani, dont le gouvernement est soutenu par des partis proches de l’Iran, soulève la question ces dernières semaines. Sauf qu’aujourd’hui, il est question de la mise en place d’un « dialogue » qui serait mené au travers d’un « comité bilatéral » afin de « déterminer les modalités de la fin de cette présence » des troupes étrangères, selon un communiqué de ses services.
Cette déclaration du Premier ministre intervient au lendemain d’une attaque US qui a tué un commandant et un autre membre du mouvement al-Nujaba, qui fait partie de la coalition Hachd al-Chaabi, intégrée à l’armée irakienne. Le gouvernement a dénoncé une « agression » tout en mettant en garde contre l’escalade des tensions depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. A rappeler que le Hachd Chaabi s’est mobilisé pour bouter hors des territoires irakien, mais aussi syrien, les soldats US qui y ont construit des bases sans l’assentiment de Damas. Plus d’une centaine d’attaques ont ciblé lesdites bases en solidarité avec l’héroïque combat mené par le peuple palestinien à Gaza. Pas plus tard que samedi, la Résistance islamique en Irak a revendiqué des attaques aux drones, en Syrie, contre les deux bases américaines d’Al-Tanf et d’Al-Shadadi.
Des bout-en-feu réagissent
Frank McKenzie, général quatre étoiles des Marines à la retraite qui a dirigé les forces américaines au Moyen-Orient jusqu’à sa retraite en 2022, a affirmé que la réponse indécise de l’administration Biden aux attaques en mer Rouge et contre les troupes US dans les bases en Irak et en Syrie échoue à dissuader l’Iran et ses mandataires de les perpétrer.
« Avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, les forces iraniennes lançaient [déjà] des missiles et des attaques de drones sur nos bases dans toute la région, en agissant par l’intermédiaire de mandataires qui leur permettaient de nier les faits », a-t-il écrit dans une tribune publiée jeudi dans le Wall Street Journal. « Notre réponse a toujours été hésitante, excessivement signalée et non ciblée. »
« Pour rétablir la force de dissuasion, nous devons exercer une violence que Téhéran comprend », a écrit F. McKenzie.
À la question de savoir si l’Opération « Prosperity Guardian », coalition dépêchée pour protéger les voies maritimes de la mer Rouge, pourrait viser les positions des Houthis du Yémen par des frappes pour les empêcher d’attaquer les navires, le vice-amiral Brad Cooper, qui dirige les forces navales américaines au Moyen-Orient, a répondu que la coalition de 22 pays était de nature purement défensive. « Tout ce qui se passe en dehors de l’aspect défensif de cette opération est une opération complètement différente », a-t-il affirmé.
A rappeler que Maersk, géant danois du transport maritime, a annoncé vendredi détourner sa flotte par le cap de Bonne-Espérance pour éviter la mer Rouge où il a suspendu tout passage suite aux attaques des Houthis.
Mardi, Maersk avait indiqué ne pas reprendre le passage de sa flotte par un détroit stratégique en mer Rouge, suite à sa suspension dimanche après l’attaque des rebelles Houthis contre un de ses navires.
Depuis le 18 novembre, 25 bateaux commerciaux circulant dans le sud de la mer Rouge et dans le golfe d’Aden ont été attaqués.
Mercredi, 12 pays ont exhorté les Houthis à cesser « immédiatement leurs attaques illégales » contre des navires en mer Rouge, les menaçant de « conséquences ».
Les Houthis, qui se disent solidaires du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas dans la guerre qui l’oppose à Israël dans la bande de Gaza, ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël.