À Paris, ils étaient 550 000 manifestants, selon la CGT et 112 000 selon la préfecture de police. Selon le bilan des autorités, près de 300 personnes ont été interpellées dans toute la France, dont 111 à Paris. Sur la place de la Nation à Paris, des tensions ont éclaté entre les forces de l’ordre et des manifestants. Dans la capitale, les premières tensions se sont produites dès le départ de la manifestation, place de la République. Les heurts se sont intensifiés vers 16 heures 15 à l’arrivée du pré-cortège place de la Nation. Des centaines de « black blocs » ont notamment fait usage de feux d’artifice en tir tendu sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et de grenades défensives. La dispersion des derniers manifestants parisiens s’est finie vers 21 heures, selon la préfecture de police.
Le ministre de l’Intérieur s’est par ailleurs « félicité » de l’utilisation de drones par les forces de l’ordre, permise par un décret et contestée devant plusieurs tribunaux administratifs par des organisations de défense des libertés.
Le climat était également tendu à Nantes, au niveau du quai de la Fosse. Les vitres d’un magasin Uniqlo en centre-ville ont été brisées par des pavés au premier étage. Les affrontements ont duré une bonne partie de l’après-midi. D’autres heurts ont également éclaté au niveau de la préfecture. Quatre manifestants ont été blessés – dont un grièvement à une main. Selon le procureur de la République de Nantes, « les forces de l’ordre comptent 24 blessés parmi les policiers et gendarmes déployés sur le terrain »,
Du côté de Lyon, des incendies de véhicules et d’importantes dégradations sur le parcours ont été signalés. La préfecture du Rhône a fait état de 40 interpellations. Des heurts avec les forces de l’ordre ont été particulièrement violents, avec usage de lanceurs d’eau. La préfecture a dénoncé sur Twitter les « comportements criminels » des « groupes violents ». Six manifestants et quinze forces de l’ordre ont été légérement blessés, dont un CRS.
Selon les chiffres du ministre de l’Intérieur, au moins 108 policiers et gendarmes ont été blessés lundi en France, dont « une vingtaine » à Paris. Gérald Darmanin fait état d’un policier blessé après un jet d’un cocktail Molotov, à Paris. Grièvement brûlé, ce policier a été transféré en soins intensifs. Son pronostic vital n’est pas engagé. Un tel nombre de forces de l’ordre blessées « un 1er-Mai, c’est extrêmement rare », a poursuivi le ministre de l’Intérieur, en « condamnant fermement ces violences ». Élisabeth Borne qui pilote le gouvernement a dénoncé sur Twitter les « scènes de violences en marge des cortèges » du 1er-Mai qu’elle a jugées « inacceptables », assurant de son « soutien » les forces de l’ordre.
Quelle que soit la participation retenue, la journée est de toute façon inédite. L’année dernière, selon les chiffres de l’Intérieur, 116 500 personnes avaient manifesté en France. Cela fait 15 ans que les syndicats ne s’étaient pas rassemblés sous la même bannière pour la journée internationale des travailleurs. Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière.