A. Dery, ministre de l’Intérieur et de la Santé, est un multirécidiviste. Dans les années 2000, il est condamné pour corruption. L’année dernière, il est épinglé pour fraude fiscale. Pour éviter une seconde fois la case prison, il passe un accord avec la justice : son retrait de la vie politique, contre le sursis. Sauf que les manigances avec Benyamin Netanyahu, lui aussi poursuivi en justice pour trois dossiers, l’ont remis en orbite politique. Il se présente aux élections législatives, et parvient à être réélu. Au Parlement, ses alliés tricotent à la va-vite un texte de loi sur mesure, baptisé la « loi Dery », autorisant une personne reconnue coupable, mais pas condamnée à de la prison ferme, à accéder à dees fonctions ministérielles.
Mercredi, la Cour suprême israélienne a tranché en invalidant la dite loi. Dix des onze juges de la plus haute juridiction du pays ont pris la même décision : A. Dery ne peut plus être ministre. « La Cour suprême a décidé que la nomination du député Arié Dery au poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé ne peut pas être validée », a affirmé la cour dans un communiqué. « Le Premier ministre doit le limoger », poursuit-elle.
Une affaire des plus compliquée puisque A. Dery, leader du parti Shass, formation religieuse ultraorthodoxe, est un poids lourd du gouvernement. Si B. Netanyahu le démet de ses fonctions, il perd son principal allié, et c’est son gouvernement qui risque de s’effondrer. Donnant lieu à de nouvelles élections. Mais le laisser en poste, c’est tomber dans l’illégalité.
Le pouvoir judiciaire est, en Israël, le seul en mesure de contrôler le gouvernement et de sauvegarder les droits individuels, ce qu’il a fait mercredi via la Cour suprême en tranchant sur cette nomination. « Nous ferons en sorte de réparer cette injustice par tous les moyens légaux », ont annoncé les chefs des partis de la coalition, dans un communiqué conjoint, qualifiant la décision du tribunal d’« atteinte grave à la démocratie ».
Voilà de quoi donner du grain à moudre aux contradicteurs de « Bibi » qui pilote le gouvernement israélien le plus à droite de l’histoire. Les milliers de manifestants qui ont pris l’habitude de battre le pavé chaque samedi ont de quoi exiger le changement…