Vladimir Poutine a déclaré que le conflit en Ukraine avait pris une dimension globale après que des frappes ont été menées sur le territoire russe avec des missiles à longue portée de fabrication occidentale. Le président russe a précisé que le 19 novembre six missiles américains ATACMS avaient été lancés et que le 21 novembre des missiles britanniques Storm Shadow avaient visé des sites dans les régions russes de Koursk et de Briansk. Il a également souligné qu’il est impossible d’utiliser des armes à longue portée sur le territoire russe sans la participation de spécialistes des pays où ces armes ont été fabriquées. Le maitre du Kremlin a ajouté que les objectifs fixés par l’adversaire lors des frappes avec ces missiles n’avaient pas été atteints. Selon lui, l’utilisation de ce type d’armement par l’adversaire n’affectera pas le cours de l’opération spéciale menée par la Russie.
Les systèmes de défense aérienne russes ont intercepté 2 missiles britanniques à longue portée Storm Shadow, et détruit 6 roquettes HIMARS de fabrication américaine et 67 drones de type avion lancés par les forces armées ukrainiennes, selon le rapport du ministère russe de la Défense, publié sur sa chaîne Telegram.
« Une nouvelle escalade est en cours. C’est une position très irresponsable adoptée par l’administration américaine sortante », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, en réponse à une question des journalistes sur l’utilisation des missiles à longue portée Storm Shadow contre le territoire russe jeudi 21 novembre. D’après D. Peskov, les États-Unis entravent toute dynamique positive en Ukraine qui pourrait conduire à la fin du conflit et utilisent également le pays comme un outil dans leur confrontation avec la Russie.
Le 17 novembre, le président américain Joe Biden a autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles américains à longue portée ATACMS pour frapper en profondeur sur le territoire russe. Le 19 novembre, le ministère russe de la Défense a rapporté que les forces armées ukrainiennes avaient lancé six missiles ATACMS dans la région russe de Briansk, dans le sud de la Russie, cinq d’entre eux ayant été interceptés et un autre endommagé. Le 20 novembre, l’administration des États-Unis avait également levé les restrictions sur l’utilisation des missiles de croisière franco-britanniques Storm Shadow par les forces armées ukrainiennes, dont la portée varie de 250 à 560 km selon le modèle.
Le Kremlin a déclaré que l’emploi de missiles conventionnels occidentaux à longue portée contre la Russie pourrait entraîner une riposte nucléaire. De plus, d’après le média américain Politico, qui cite Egor Tchernev, vice-président ukrainien de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement de la Verkhovna Rada (Parlement ukrainien), l’Ukraine pourrait demander à l’administration du président américain d’autoriser l’utilisation de missiles américains à longue portée (de 450 à 2500 kilomètres) « Tomahawk » pour des frappes sur le territoire russe : « […] ils pourraient commencer à faire pression sur l’administration Biden pour qu’elle autorise l’utilisation de missiles de croisière Tomahawk afin de frapper les usines de défense russes situées hors de portée de l’Ukraine ».
En septembre, le président russe avait prévenu que la levée des restrictions sur les frappes avec des armes occidentales longue portée signifierait que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens seraient en guerre contre la Russie.
Le ministère russe des Affaires étrangères a promis en novembre une réponse « adéquate et perceptible » de la part de Moscou, tout en avertissant que l’utilisation par Kiev d’armements longue portée de fabrication occidentale changerait la nature et l’essence du conflit. Sergueï Lavrov, patron de la diplomatie russe, a déclaré mardi dernier que les États-Unis « cherchent une escalade ».
Au total, depuis le début de l’opération militaire spéciale, 648 avions, 283 hélicoptères, 36 467 drones, 586 systèmes de missiles antiaériens, 19 420 chars et autres véhicules blindés de combat, 1490 lance-roquettes multiples, 18 318 pièces d’artillerie de campagne et mortiers et 28 573 véhicules militaires spéciaux ukrainiens ont été détruits par les forces armées russes.
Spectre nucléaire
Les États-Unis sont contre l’utilisation des armes nucléaires, mais si le besoin se présente, un échange de frappes nucléaires pourrait être possible « selon les termes les plus acceptables pour les États-Unis », a déclaré le contre-amiral américain Thomas Buchanan, porte-parole du Commandement Stratégique (STRATCOM). S’exprimant lors de l’événement « Project Atom 2024 » au Centre d’études stratégiques et internationales mercredi 20 novembre, T. Buchanan a noté que de telles conditions impliquaient que les États-Unis allaient « continuer à diriger le monde ». Le contre-amiral a noté qu’en cas d’échange nucléaire potentiel, les États-Unis chercheraient à maintenir une partie de leur arsenal pour continuer à pouvoir dissuader. « Nous devrions disposer d’une capacité de réserve. Vous n’utiliseriez pas toutes vos ressources pour gagner, n’est-ce pas ? Parce qu’à ce moment-là, vous n’auriez plus rien pour dissuader », a déclaré T. Buchanan. Dans le même temps, il a souligné que les États-Unis « n’aimeraient pas se trouver dans un environnement qui suivrait l’échange de frappes nucléaires ». Le contre-amiral a appelé à un dialogue constant avec la Russie, la Chine et la Corée du Nord pour prévenir un conflit nucléaire.
Le ministère chinois des Affaires étrangères, pour sa part, commentant les déclarations sur le caractère acceptable d’un échange de frappes nucléaires, a déclaré que cela reflétait la pensée obsolète des États-Unis, qui aspirent à la suprématie stratégique. « Les États-Unis doivent assumer leurs responsabilités spéciales et prioritaires en matière de désarmement nucléaire, continuer à réduire considérablement leurs armes nucléaires, créer les conditions nécessaires à la réalisation finale d’un désarmement nucléaire global et complet, et s’efforcer de réduire les risques stratégiques et de maintenir la paix et la stabilité régionales », a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un briefing jeudi.
En novembre, V. Poutine a approuvé les Fondements de la politique d’État en matière de dissuasion nucléaire. Entre autres, le document stipule que la Russie se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires en réponse à l’utilisation contre elle ou ses alliés d’armes de destruction massive. Il est également noté que toute agression contre Moscou ou ses alliés de la part d’un État non nucléaire avec le soutien d’un État nucléaire serait considérée comme une attaque conjointe. Comme l’a précédemment déclaré le président russe, les pays de l’OTAN discutent non seulement de la possibilité pour les forces armées ukrainiennes d’utiliser des armes à longue portée, mais aussi de l’implication directe de l’alliance dans le conflit en Ukraine. Selon le chef de l’État, le régime de Kiev a déjà lancé des attaques sur le territoire de la Russie avec des drones et d’autres moyens. Lorsqu’il s’agit de l’utilisation d’armes de haute précision à longue portée de fabrication occidentale, il faut comprendre que de telles opérations sont menées avec la participation des militaires de l’OTAN, car eux seuls peuvent saisir les plans de vol dans les systèmes de missiles, a expliqué le président russe.