Israël doit « arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle », a déclaré la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye. Elle a également déclaré qu’Israël doit maintenir le passage de Rafah ouvert pour une aide « sans restriction ». Il y a quelques mois, l’Afrique du Sud avait déjà saisi la plus haute juridiction de l’ONU à propos de la guerre à Gaza. Pretoria estime que l’évolution de la situation, notamment à Rafah dans le sud de la bande de Gaza, nécessite un cessez-le-feu et demande à la Justice internationale de l’ordonner.
Le tribunal ordonne également à Israël d’autoriser « l’accès sans entrave à la bande de Gaza » aux commissions d’enquête, aux missions d’établissement des faits ou à d’autres organismes d’investigation mandatés par les Nations unies pour enquêter sur les allégations de génocide. Cette décision pourrait inciter les agences des Nations unies à envoyer des délégations chargées d’ouvrir des enquêtes sur les allégations de génocide formulées par l’Afrique du Sud et d’autres pays à l’encontre d’Israël devant le tribunal.
La décision de la CIJ intervient dans le sillage de celle de la Cour pénale internationale (CPI). Lundi 20 mai, le procureur de la CPI a déclaré avoir demandé un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza. Le ministre de la Défense d’Israël, Yoav Gallant, ainsi que trois dirigeants du Hamas sont également dans le viseur de la CPI qui feint d’ignorer, en incriminant les Palestiniens, que le Hamas est un mouvement de résistance qui s’active dans un pays occupé.
Le bureau du Premier ministre sioniste a déclaré qu’il consultera les principaux ministres lors d’un appel téléphonique après l’ordonnance de la CIJ sur l’opération militaire d’Israël dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Il s’agit de Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques, Yariv Levin, ministre de la Justice, Yoav Gallant, ministre de la Défense, Gali Baharav-Miara, procureure-générale, Israël Katz, ministre des Affaires étrangères, Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale, et d’autres responsables. Benny Gantz et Gadi Eisenkot, pourtant membres du « cabinet de guerre », ont été écartés.
Le Hamas a réagi en saluant la décision de la CIJ ordonnant à Israël d’arrêter son offensive militaire à Rafah, tout en déplorant qu’elle ne concerne pas l’ensemble de la bande de Gaza. Le Hamas « salue la décision de la Cour internationale de justice », a-t-il déclaré dans un communiqué, en ajoutant toutefois qu’il s’attendait à ce que la plus haute juridiction de l’ONU « prenne une décision pour mettre fin à l’agression et au génocide contre notre peuple dans toute la bande de Gaza, et pas seulement à Rafah ».
Le Hamas demande aussi au Conseil de sécurité des Nations unies d’appliquer la décision de la CIJ, déclare-t-il, tout en se félicitant de la demande de la Cour d’autoriser des commissions d’enquête à se rendre dans la bande de Gaza pour examiner les allégations de génocide contre le peuple palestinien. Israël continue à nier avoir commis des actes de génocide dans sa guerre qui en est à son huitième mois. Le ministère de la santé de Gaza, affirme que plus de 35 000 personnes ont été tuées, outre les 80.000 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
Pretoria a salué aussi la décision « plus ferme » de la CIJ qui a ordonné à Israël d’ « arrêter immédiatement son offensive militaire » à Rafah. « Il s’agit d’un ensemble de mesures provisoires beaucoup plus fermes dans leur formulation et d’un appel très clair à l’arrêt des hostilités », a déclaré Naledi Pandor, ministre des Affaires étrangères sud-africaine sur la chaîne nationale SABC. Une position quasi identique a été aussi affichée par Le Caire.