Les données recueillies révèlent qu’une proportion significative de jeunes, âgés de 15 à 24 ans, se trouve dans une situation préoccupante : ni employés, ni en études, ni en formation, une catégorie désignée par l’acronyme « NEET » dans les cercles spécialisés. Cette tendance est particulièrement marquée dans les pays à faible revenu, notamment dans les pays arabes et en Afrique du Nord, où les taux de NEET étaient déjà parmi les plus élevés au niveau mondial.
Le rapport, intitulé « Tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2024 » (GET for Youth), souligne l’inefficacité de la reprise de l’emploi post-COVID-19, mettant en évidence des disparités importantes entre les économies avancées et celles à revenu moyen ou faible. Selon les conclusions du rapport, la reprise économique n’a pas bénéficié de manière égale à tous les jeunes, en particulier dans certaines régions d’Afrique où la situation reste préoccupante.
Les chiffres sont frappants : un jeune sur trois, soit 33 %, vit dans un pays qui n’a pas atteint son objectif de réduction du taux de NEET fixé par les Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030. Cette statistique révèle l’ampleur du défi à relever pour offrir des opportunités concrètes à cette tranche d’âge.
Au Maroc, cette réalité n’est pas sans rappeler les préoccupations déjà exprimées dans un rapport officiel publié en mai 2024 par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce rapport soulignait le potentiel considérable de la jeunesse marocaine, qui représente environ 6 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans, tout en mettant en garde contre l’ajout de nouvelles vagues de jeunes dans la catégorie des NEET.
Le CESE a recommandé la création d’un système d’information national étendu au niveau régional pour suivre et analyser cette catégorie de jeunes, en intégrant des données provenant de diverses sources telles que le registre social unifié, les dispositifs statistiques des secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi, ainsi que d’autres systèmes d’information comme les recensements généraux de la population et les administrations pertinentes.
Le rapport national a identifié cinq catégories distinctes de jeunes NEET : les femmes au foyer issues des zones rurales (plus de 50 %), les jeunes urbains frustrés (25 %), les jeunes en transition (environ 8 %), les jeunes NEET de leur propre gré (7,5 %), et les jeunes souffrant de problèmes de santé (5 %). Cette segmentation met en lumière la diversité des causes sous-jacentes à la situation NEET au Maroc.
Sur le plan régional, les chiffres du chômage des jeunes continuent de grimper, en dépit d’une diminution globale des taux de chômage des jeunes à l’échelle mondiale. Le rapport révèle que les taux de chômage des jeunes dans les pays arabes en 2023 sont plus élevés qu’en 2019, avant la pandémie. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les pays d’Afrique du Nord et les pays arabes, y compris le Maroc.
Malgré une amélioration des prévisions pour le marché du travail des jeunes au cours des quatre dernières années, avec une tendance haussière attendue pour les deux années à venir, les défis restent nombreux. En 2023, un jeune sur cinq – soit 20,4 % de la population mondiale – se trouvait dans la catégorie des NEET, avec un tiers de ces jeunes étant des femmes.
Le rapport de l’OIT met en évidence une nécessité urgente d’interventions ciblées pour adresser cette crise et offrir des perspectives d’avenir à une génération qui se retrouve de plus en plus marginalisée sur le marché du travail.