Le 2 mars, Israël a annoncé sa décision de couper l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza sur fond de désaccord avec le Hamas sur la façon de poursuivre la trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier, après plus de 15 mois d’une guerre ayant dévasté le territoire palestinien. Cette décision constitue une violation flagrante du droit international, ont indiqué dans un communiqué les experts, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme mais qui ne s’exprime pas au nom de l’organisation.
« Nous sommes alarmés par la décision d’Israël de suspendre une fois de plus l’entrée dans la bande de Gaza de tous les biens et fournitures, y compris l’aide humanitaire vitale », ont-ils écrit. « En tant que puissance occupante, Israël est toujours tenu de garantir une alimentation suffisante, des fournitures médicales et d’autres services de secours », ont ajouté les experts, parmi lesquels figure Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens.
L’aide humanitaire est devenue « la première source de revenus » du Hamas dans la bande de Gaza, a argué Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, pour justifier cette décision.
Les experts de l’ONU considèrent qu’ « en coupant délibérément les fournitures vitales, y compris celles relatives à la santé sexuelle et reproductive, et les appareils d’assistance pour les personnes handicapées, Israël arme une fois de plus l’aide ». A leurs yeux, « il s’agit là de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains, ainsi que de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome », ont-ils accusé.
La trêve qui a fait taire les armes depuis le 19 janvier est mise en péril par les désaccords entre le Hamas et Israël sur la suite du processus. Israël souhaite une extension de la première phase du cessez-le-feu, qui a expiré le 1er mars, jusqu’à la mi-avril. Il réclame la « démilitarisation totale » du territoire, le départ du Hamas de la bande de Gaza et le retour des derniers otages avant de passer à la deuxième phase. En face, le Hamas réclame la mise en œuvre de la deuxième étape de l’accord, censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, et insiste pour rester à Gaza.
Prisonniers palestiniens à la Maison Blanche ?
A signaler aussi que le Hamas a appelé, vendredi, le président américain à rencontrer les Palestiniens libérés des geôles de l’occupation israéliennes dans le cadre de l’accord de trêve avec Israël, comme il l’avait fait la veille avec les ex-captifs israéliens à Gaza. « Alors que le président américain Donald Trump parle de la +souffrance insupportable des Israéliens détenus à Gaza+ (…) nous invitons le président Trump à montrer le même niveau de respect aux prisonniers politiques palestiniens libérés et s’accorder du temps pour les rencontrer et écouter leur histoire », écrit Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement palestinien, dans une lettre ouverte datée de Gaza.
La veille jeudi, D. Trump a rencontré dans le Bureau ovale huit ex-captifs israéliens libérés dans le cadre de l’accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier.
Rappelons que les prisonniers palestiniens récemment libérés ont signalé de graves tortures qu’ils ont subies de la part des autorités pénitentiaires de l’occupation israélienne. Le Club des prisonniers palestiniens a évoqué les tortures physiques et psychologiques généralisées, la famine systématique et la négligence médicale délibérée, qui ont conduit à l’apparition de maladies, notamment la gale, parmi les prisonniers.
Le Hamas s’est décidé à lancer une offensive surprise et massive, samedi 7 octobre, contre les colonies de l’enveloppe de Gaza, en riposte aux agressions israéliennes continues contre le peuple palestinien en Cisjordanie occupée et à la profanation de la mosquée Al-Aqsa. Baptisée Déluge d’Al-Aqsa, l’opération singulière a entrainé la capture de 200 soldats et colons israéliens, en vue de les échanger avec les milliers de Palestiniens incarcérés dans les geôles de l’occupation.
Par contre, les autorités d’occupation se sont vengées des civils, en bombardant les quartiers résidentiels, les hôpitaux, les écoles, les mosquées et les églises à Gaza. Au moins 48.446 Palestiniens sont tombés en martyre, dont 75% de femmes et d’enfants, selon le ministère palestinien de la Santé, jugées fiables par l’ONU.
Les Européens favorables au cessez-le-feu
Une déclaration conjointe britanno-franco-allemande a souligné la nécessité de poursuivre le cessez-le-feu à Gaza et l’importance de libérer tous les prisonniers. La déclaration a souligné la nécessité d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, appelant les parties concernées à s’engager dans la négociation des prochaines étapes de l’accord de cessez-le-feu. Comme elle a salué les efforts de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis pour servir de médiateur et chercher à prolonger le cessez-le-feu, exprimant sa profonde inquiétude face à l’annonce du gouvernement israélien de stopper l’entrée de marchandises et de fournitures à Gaza, appelant Israël à assurer l’entrée complète, rapide, sûre et sans entrave de l’aide à la population de Gaza.
« Les équipements médicaux et les kits d’abris essentiels pour répondre aux besoins humanitaires à Gaza sont confrontés à des restrictions »,a indiqué le communiqué, avertissant que l’arrêt de l’entrée de biens et de fournitures à Gaza pourrait constituer une violation du droit international humanitaire, soulignant la nécessité que l’aide humanitaire ne soit pas conditionnée à un cessez-le-feu ou utilisée comme un outil politique. La déclaration a souligné la nécessité de permettre aux civils de Gaza de rentrer chez eux et de reconstruire leur vie.