Selon lui, 333 civils alaouites au moins ont péri depuis jeudi, dont 162 vendredi dans au moins 5 massacres. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes.« La majorité écrasante des victimes ont succombé dans des exécutions sommaires réalisées par des éléments affiliés au ministère de la Défense et de la Sécurité intérieure », a précisé l’OSDH qui a qualifié les massacres comme étant « la vengeance collective la plus importante ».

Cette ONG dont le siège se trouve au Royaume-Uni a accusé les forces de sécurité et des éléments du ministère de la Défense et des forces alliés de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme. Le Centre de la communauté alaouité en Syrie a publié les derniers chiffres encore provisoires sur les civils alaouites tombés en martyrs selon la distribution géographique suivante: 164 civils alaouites dont 10 femmes et 5 enfants dans le massacre perpétré dans la ville de Banias dans la province de Tartous, 109 civils alaouites dans la ville de Jableh et environs, 78 martyrs à al-Toweim, 52 civils alaouites dans le village al-Mokhtariya dans la région al-Haffa dans la province de Lattaquié,, 29 civils alaouites dans l’exécution collective dans le village al-Chir également dans la province de Lattaquié, 22 alaouites civils dans des attaques contre le village Qarfis dans la province de Lattaquié,19 civils à Qardaha, 19 civils à Arza et 31 civils alaouites dont 9 enfants et 4 femmes dans la province de Hama au centre.

D’autres massacres ont été perpétrés dans la province de Lattaquié, dont 7 civils dans le village Baabda, 7 autres tués à bout portant d’une balle dans la tête et la poitrine dans la localité al-Haffa et 2 civils dans la localité Yahmour. Des médecins, femmes et hommes ainsi que des pharmaciens et des pharmaciennes figurent parmi les victimes.

L’OSDH et des militants ont publié des vidéos montrant des dizaines de corps en vêtements civils empilés dans la cour d’une maison tandis que des femmes pleuraient à proximité. Dans une autre vidéo, des hommes en tenue militaire apparaissent en train d’ordonner à trois personnes de ramper l’une derrière l’autre avant de leur tirer dessus à bout portant. Une troisième séquence montre un homme armé en train de tirer à plusieurs reprises à bout portant sur un jeune homme en tenue civile à l’entrée d’un bâtiment, avant de l’abattre.

Sur les réseaux sociaux, on y voit aussi le largage de tonneaux d’explosifs sur les habitants des régions côtières depuis des hélicoptères des forces armées du pouvoir en place.

Dans le gouvernorat de Hama, un religieux, cheikh Chaabane Mansour et son fils ont été éliminés après avoir été arrêtés dans le village Salhab. Le Conseil suprême islamique de la communauté alaouite a assuré que ce religieux âgé de plus de 90 ans était incapable de parler et se déplaçait avec difficulté.

Épuration en cours

Depuis la chute du régime baasiste de Bashar al-Assad, les nouvelles autorités ont lancé des opérations visant à éradiquer les « restes du régime », ciblant en particulier les régions alaouites de l’ouest et du centre du pays. Des habitants et organisations dénoncent régulièrement des exactions – confiscation de maisons, exécutions sommaires ou enlèvements – que les autorités qualifient d’ « incidents isolés », promettant de poursuivre leurs auteurs mais les laissant faire en toute impunité.

Jeudi, la tension est montée à Beit Aana, village de la région de Jableh, lorsque des habitants ont empêché l’arrestation d’une personne suspectée de trafic d’armes, selon l’OSDH. Les forces de sécurité ont ensuite lancé une opération, émaillée d’affrontements avec des personnes armées dont l’identité reste inconnue.

Selon Sana, « des hommes armés ont tiré sur des membres et des véhicules du ministère de la Défense, près du village, faisant un mort (du côté des forces de sécurité, NDLR) et plusieurs blessés ». Les autorités ont ensuite mené des tirs d’hélicoptère sur des hommes armés dans le village de Beit Aana et les forêts environnantes, et des tirs d’artillerie sur un village voisin, selon l’OSDH. Dénonçant des raids contre des habitations civiles, des chefs religieux alaouites à appeler à des « manifestations pacifiques » vendredi.L’OSDH a recensé 213 tués parmi les hommes armés, dont 93 membres des deux ministères de la Défense et de l’Intérieur et 120 des groupes armés.

Vendredi soir, le président syrien, Ahmad al-Charaa, a appelé « les insurgés alaouites à déposer les armes avant qu’il ne soit trop tard ». « Nous continuerons à œuvrer au monopole des armes entre les mains de l’Etat », a-t-il ajouté dans un discours.

Samedi, l’ODSH a signalé un « retour au calme relatif » dans la région après 48 heures d’affrontements, tout en précisant que les forces de sécurité poursuivaient leur « ratissage dans les zones où se retranchent les hommes armés », avec l’envoi de renforts. Tôt samedi, Sana a rapporté que les forces de sécurité avaient repoussé « une attaque menée par les résidus du régime déchu » visant l’hôpital national dans la ville de Lattaquié.

Les habitants de la ville de Banias ont lancé un appel de détresse accusant des miliciens du Parti islamiste turkestan de lancer depuis le matin de samedi « une opération d’épuration ethnique communautaire ». Ils ont demandé aux forces de sécurité d’intervenir pour la faire cesser. Selon le médias libanais, des centaines de Syriens se sont réfugiés au nord du Liban, notamment dans la région de Akkar et à Jabal Mohsen.

Dans un discours ferme, le président Ahmad al-Charaa a exhorté les insurgés alaouites, que les autorités disent viser dans ces opérations sécuritaires, à déposer les armes et à se rendre « avant qu’il ne soit trop tard ». Il a également réaffirmé son engagement à lutter contre la prolifération des armes hors du contrôle de l’État. «Vous avez porté atteinte à tous les Syriens et commis une erreur impardonnable. La riposte est tombée, et vous n’avez pas pu la supporter. Déposez vos armes et rendez-vous avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il déclaré dans une allocution diffusée sur la chaîne Telegram officielle de la présidence. Il a ajouté : « Nous continuerons à œuvrer pour que seules les forces de l’État détiennent des armes. Il n’y aura plus d’armes hors de contrôle ».

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